Le Parti libéral du Canada a pris la première bonne décision depuis sa déroute électorale en décidant de se doter d’un chef intérimaire qui pourra mener la barque avec une certaine main de maître, le temps que le parti se remette du choc subit le 2 mai dernier.
Car il faut bien le dire, les choix qui s’offraient aux membres du caucus libéral étaient pour le moins restreints. Les noms d’actuels députés qui venaient naturellement à l’esprit de ceux et celles rêvant du retour d’un enfant prodigue ont rapidement été biffés de la liste des intéressés lorsque les Justin Trudeau et Dominic Leblanc se sont montrés tièdes à cette idée. Pas étonnant puisque le Parti avait indiqué que les postulants pour l’intérim devaient ne pas vouloir du poste en permanence.
Ce qui a donc mené à la sélection de Bob Rae. Un choix judicieux. Ce dernier a l’expérience du leadership pour avoir été chef du Nouveau Parti Démocratique de l’Ontario et Premier Ministre de cette province pour un mandat. Il faut dire que cette expérience ne s’est pas terminée dans l’adoration mutuelle entre lui et les électeurs de cette pro-vince. Qu’à cela ne tienne, il s’est quand même réinventé comme politicien fédéral en devenant député du Parti libéral du Canada en 2008. C’était pour lui un retour à la Chambre des communes qu’il avait fréquentée pour une première fois en 1978 comme député néo-démocrate.
Son bagage politique est en même temps un avantage et un boulet. C’est aussi l’une des raisons principales qui ont joué contre lui lorsqu’il a tenté de prendre le leadership du PLC en 2006 et encore en 2008. Les membres de cette formation ayant alors jugé que ce dernier aurait de la difficulté à assurer le succès électoral en Ontario. Encore faut-il admettre que le choix de Michael Ignatieff sur Bob Rae en 2008 n’a pas eu le succès escompté, bien au contraire.
Ceci dit, Bob Rae est quand même un excellent communicateur qui saura sans aucun doute permettre à son parti de tirer son épingle du jeu. Il performe bien devant les médias et son expérience saura le servir à la Chambre des communes.
Mais, le véritable défi pour les troupes libérales est de bien prendre le temps de faire une auto-analyse profonde. De toute évidence, l’électorat canadien lui a dit haut et fort qu’il ne se voit pas dans ce que la formation a eu à lui offrir ces dernières années. Il doit donc résister à la tentation de trouver un chef sur la simple base de l’attrait immédiat aux yeux des électeurs.
Avant même de penser à son prochain chef, il doit refaire son organisation à sa base même. C’est elle qui doit avant tout reprendre confiance dans la formation. C’est aussi ses membres qui doivent redéfinir son approche en ce 21ième siècle puisque les tentatives depuis 2006 ont fait fausse route. Il n’a cessé de perdre des appuis.
La seule solution qui s’offre aux membres du PLC est de prendre la décision de reporter d’au moins deux ans sa course au leadership.