Il en va des villes comme des personnes ; si l’on ne fait pas l’effort de s’y confronter et de chercher ce qu’elles ont à offrir, il est très facile de rester crispé sur une première impression mitigée et de rater une belle rencontre. Si Winnipeg était une personne, ce serait une “belle personne”, quelqu’un qui ne ment pas et qui offre sans retenue tout ce qu’elle a à offrir, sans forcément attendre qu’on l’aime en retour. Winnipeg n’a pas les paysages grandioses qui entourent Vancouver ou l’opulence de Calgary. Winnipeg ne vibre pas comme Toronto et n’a pas le charme de Montréal. Soit.
A mi-chemin entre l’est et l’ouest et à seulement deux heures de route du premier poste frontière avec les États-Unis, Winnipeg n’a jamais véritablement été considérée comme faisant partie des villes majeures du Canada. Elle a longtemps été un point sur la carte au milieu des prairies, le “mid-west” canadien. Cette exclusion du club a été renforcée par la perte de son équipe emblématique de hockey, les Jets, délocalisé à Phoenix, Arizona, en 1995. Une ville sans club de hockey ne saurait être une vraie ville canadienne… Après 15 ans d’exil, l’équipe vient de rentrer au bercail pour la prochaine saison, créant le plus grand événement que la ville ait connu depuis très longtemps. Alors, sous-estimée Winnipeg ?
Certainement. Seul centre urbain d’une province essentiellement rurale, la ville reste l’une des moins chères du Canada, et le Manitoba, l’une des provinces les plus pauvres. Ce serait pourtant oublier un peu vite que Winnipeg est en même temps l’un des centres économiques et industriels historiques du pays. Les secteurs bancaires, agro-industriels et aéronautiques notamment sont solidement implantés dans cette ville en pleine mutation et bien décidée à rattraper son retard dans tous les domaines. Elle s’appuie pour cela sur des projets d’envergure comme le musée des droits de l’Homme en construction et un futur nouvel aéroport. Ce développement se traduit déjà par un bond spectaculaire du prix de l’immobilier. Pour autant, Winnipeg reste encore très abordable comparé à d’autres villes et cultive un certain art de vivre. Ici, dire que l’hiver est rude est un doux euphémisme. Aucune ville ne souffre la comparaison en matière de température négative.
Elle n’a pas été surnommée « Winterpeg » pour rien. L’été, ce sont les records de chaleur qui sont battus, à tel point qu’il est très difficile au nouvel arrivant que je suis d’imaginer qu’il puisse y avoir un hiver à Winnipeg. Dans un autre registre, la ville détient également un record dont elle aimerait volontiers se passer. Depuis de longues années, la capitale du Manitoba est aussi celle du crime au Canada. La ville est le territoire de gangs qui s’affrontent avec plus ou moins de violence sur fond de trafic de drogue et de pauvreté. Cette délinquance occupe la police de Winnipeg à temps plein. Lorsque l’on ouvre un journal le matin qui énumère les fusillades ou les agressions de la veille, on comprend l’ampleur du problème.
Mais s’arrêter à cette description partiale serait malhonnête envers la ville et ses habitants. Ce serait nier qu’ici la culture est une valeur ancrée dans les habitudes de vie. Les événements se succèdent et les groupes locaux ou de l’extérieur animent les clubs toute l’année. La vitalité artistique de Winnipeg est certainement l’un de ses points forts. Adoptée par Neil Young au début de sa carrière, c’est certainement l’une des villes canadiennes qui compte le plus de musiciens vivant de leur art. Une ville qui attire les artistes et sait les garder ne peut pas être complètement mauvaise.
Pierre Verriere
Je suis passée à Wnnipeg,et je peux dire que c’est une ville très chaleureuse..et des gens avec le coeur sur la main..