Ce que l’on connaît de la fête de l’Action de grâce, c’est qu’il s’agit d’une célébration typiquement nord-américaine célébrée par tous les Canadiens. Un énorme festin partagé avec la famille et les amis. Au menu : dinde, tarte à la citrouille, sauce à la canneberge et purée de pommes de terre. Mais quelle signification revêt cette célébration ? D’un point de vue général, les toutes premières actions de grâce furent des fêtes de la moisson ou des occasions de remercier Dieu pour des récoltes abondantes. Pour cette raison, l’Action de grâce a toujours lieu au début de l’automne, à la fin des récoltes.
Un jour pour l’Action de grâce
Le 31 janvier 1957, le Parlement du Canada entérine de manière officielle la date de cette célébration au deuxième lundi d’octobre par une proclamation : « Une journée pour rendre grâce au Dieu tout-puissant des bienfaits dont jouit le peuple du Canada… »
Pourtant, coïncidence surprenante : la notion même de l’Action de grâce au Canada a été instaurée et perpétuée par les nouveaux arrivants eux-mêmes. Après bien des efforts pour rechercher une route commerciale au Nord pour atteindre l’Orient, Martin Frobisher, qui était un explorateur anglais, s’installa et créa une colonie en Amérique du Nord. Il organisa une cérémonie en 1578 à Terre-Neuve en rendant grâce pour avoir survécu à ce voyage long et ardu. Ce fut le début de l’Action de grâce canadienne. D’autres colons arrivés par la suite ont continué cette tradition. Les colons français venus au Canada ont également organisé des cérémonies et de grandes fêtes dans le cadre de la tradition de l’Action de grâce. Historiquement, cete fête est bien plus qu’une célébration de la moisson, elle marque également l’arrivée et l’installation d’une population immigrante de diverses origines.
A travers les cultures… et aujourd’hui
Mais quel sens aujourd’hui les nouveaux arrivants continuent-ils à donner à l’Action de grâce ?
Partout dans le monde, l’Action de grâce est fêtée de bien différentes façons. Rendre grâce à Dieu est inscrit dans toutes les religions du monde. La société contemporaine intègre un grand nombre de fêtes et de célébrations religieuses en hommage à Dieu. L’Action de grâce est l’une de ces célébrations. Issus d’une culture différente, certains immigrants ne se sentent pas concernés par cette célébration et encore moins impliqués dans cette tradition.
A la seule question de savoir quelle est la date exacte de l’Action de grâce, de nouveaux immigrants d’origines diverses répondent approximativement entre le 15 octobre et le 30 novembre. Ce qui en dit long sur leur véritable intérêt pour cette fête « Pour être honnête avec vous, je sais que l’Action de grâce arrive lorsque l’on commence à voir des dindes un peu partout dans les supermarchés », nous explique une jeune immigrante. Mais pourquoi cette fête, si chère aux yeux des Canadiens reste floue auprès de la population immigrante ? Tout simplement parce que toute immigration réussie nécessite une intégration longue et parfois difficile. Longue car une personne qui arrive dans un nouveau pays, que ce soit ou non par choix, avec sa propre culture, a besoin d’un temps d’adaptation. Difficile, car la culture d’un pays ou d’une personne se définit comme un ensemble de structures sociales, religieuses, linguistiques, intellectuelles, artistiques et autres. Toutes ces différences donnent lieu à de nombreux obstacles en plus du départ en terre inconnue. Ainsi, un immigrant arrive dans son pays d’accueil avec un passé, une histoire et des traditions qui lui sont propres. Il ne suffit pas de tout effacer et de tout recommencer en oubliant son propre héritage culturel, mais plutôt d’assimiler sa culture avec celle du pays d’accueil et cela prend du temps et demande de nombreux efforts.
Adopter une nouvelle coutume
Comment intégrer et célébrer une fête religieuse lorsqu’elle ne fait pas partie de nos croyances ou de nos coutumes ?
Le père d’une famille d’origine congolaise installée depuis plus de 5 ans au Canada nous répond ainsi : « Célébrer l’Action de grâce est l’occasion de partager un grand repas avec la famille et les amis chers. De ce fait, ce qui est le plus important est d’être en compagnie de ses proches et des gens que l’on aime. » Ce témoignage démontre que tout dépend de l’interprétation ou de l’importance que l’on veut porter à ce genre de célébration. La signification de cette coutume pour certains canadiens sera différente mais la finalité restera identique. Pour certains immigrants, il est évident que cette célébration signifie peu ou pas grand-chose. Néanmoins, de nombreux immigrants installés au Canada vont réellement fêter l’Action de grâce. Tout comme ceux d’entre nous dont les familles vivent dans ce pays depuis des générations. Les immigrants passent l’Action de grâce avec leur famille, pour évoquer ce dont ils sont reconnaissants. Ces familles immigrantes ajouteront, du fait de leur héritage culturel, une touche unique à cette célébration et contribueront ainsi à perpétuer la tradition et même à l’enrichir comme ce fut le cas pour les nouveaux arrivants d’une autre époque, il y a plus de 430 ans.
Merci de partager ce bel exposé sur la fête du don de soi!!! Doreen