Dans bon nombre de villes de par le monde, des citoyens se sont réunis sous le vocable « Occupons ». C’est le cas à Vancouver avec le campement du groupe « Occupons Vancouver » au Musée des beaux-arts. Que Vancouver soit une des villes « occupées » n’a rien de bien surprenant. En fait, le contraire aurait été étonnant. Mais, c’est le contexte dans lequel se poursuit cette « occupation » d’un tout minuscule carré de la ville qui détonne par rapport aux autres rassemblements similaires.
À Vancouver, le tout se déroule en pleine campagne électorale municipale. Tant et si bien que l’objectif ultime de cette occupation a été éclipsé. L’enjeu principal semble maintenant être de savoir comment les deux principaux protagonistes proposent de, pardonnez-moi le jeu de mots, s’occuper de l’occupation. Ainsi, la présence du campement en plein centre-ville est très rapidement venue dominer la campagne à la mairie de Vancouver qui oppose principalement le maire sortant Gregor Robertson à la candidate du NPA, Suzanne Anton.
En fait, certains prétendent, avec raison faut-il l’avouer, que les « occupants » ont eux-mêmes contribué au détournement d’attention en raison du grand nombre de causes faisant l’objet de l’occupation.
Sans grande surprise, madame Anton prend la ligne dure. Advenant son élection, promet-elle, les campeurs présents au centre-ville auront une semaine pour plier bagages. De toute évidence, elle fait le pari qu’une majorité d’électeurs demeure inconfortable avec l’idée d’une occupation permanente. Du moins, c’est ce qu’elle souhaite. Il faut quand même admettre qu’elle a sans doute trouvé dans cet enjeu le seul filon pouvant lui permettre de se démarquer de son rival et de s’attirer la sympathie des électeurs.
De son côté, Gregor Robertson se trouve dans une position de toute évidence difficile. C’est quand même lui qui a dit dans les premiers jours de l’occupation que les doléances du groupe résonnaient positivement pour bien des citoyens. C’est pourquoi il a dès le début indiqué que les manifestants pourraient rester aussi longtemps qu’ils le voulaient. Sans être dans le secret des dieux, je parie que le maire a par la suite été bombardé de messages négatifs puisque sa position a depuis changé. Il semble maintenant prêt à considérer une date butoir qui concorde avec les célébrations de la Coupe Grey qui auront lieu à Vancouver.
Nul doute que cette occupation est une patate chaude pour le maire. Il faut dire que les personnes qui font partie du mouvement ne font rien pour aider leur cause. En fait, le cœur du défi pour ces personnes est précisément le fait que ce n’est pas une cause qu’ils appuient, mais un véritable répertoire de requêtes qui pour nombre d’entre elles n’ont rien à voir avec l’objectif qui a mené à la naissance du mouvement avec « Occupons Wall Street ».
C’est dommage parce que je crois qu’une grande partie des citoyens observent ce mouvement avec, si ce n’est une certaine inspiration, à tout le moins un œil fort sympathique, devant certains excès qui ont mené aux difficultés financières aux États-Unis. Malheureusement, les personnes regroupées à Vancouver sont leurs propres ennemis avec leur manque de focus.
Si bien que le jour venu, la majorité des citoyens ne s’émouvra pas de la fin de l’ «occupation».