En février dernier, fraîchement diplômé de l’université de Victoria, j’ai déménagé à Surrey pour créer mon entreprise : Class Act Painters (Peintres Grande Classe). Ça a été l’enfer, pour deux raisons. La première, parce que monter sa boîte demande beaucoup de travail et la deuxième, parce que vivre à Surrey, c’est, comment dire… vivre à Surrey quoi !
Je trouve que Surrey ressemble à Prince George où j’ai grandi, en plus grand, sauf que c’est plus facile à quitter.
En vivant à Surrey, je sentais qu’il ne se passerait pas beaucoup de temps avant que je ne me retrouve à faire de fréquentes escapades à Vancouver pour y expérimenter ce que je ne pouvais pas trouver à Surrey. Cette année, j’ai finalement pris la décision de déménager sur Commercial Drive et j’ai hâte de commencer à peindre des plateaux de cinéma au sein du syndicat du film et de la télévision de C.-B., l’IATSE 891.
Quand j’étais à l’université, je passais la plupart de mon temps à voyager, étudier ou travailler en Amérique Latine ou en Europe. Donc l’une des choses que j’apprécie le plus à Vancouver, c’est son aspect multiculturel. Ça me permet de rester en contact avec le ventricule gauche de mon cœur, dédié à tout ce qui a trait à l’Amérique latine. Que ce soit d’engager une conversation en espagnol dans le Skytrain ou bien de me rendre à des évènements organisés par la communauté hispanophone, c’est assez pour me satisfaire et m’empêcher de fuir la réalité quotidienne en m’envolant à Spanish-Land.
Lorsque je compare le Canada aux différents endroits où j’ai habité ou que j’ai visités, deux grandes différences me viennent à l’esprit.
Tout est rationalisé
En tant que Canadien, on trouve normal que les magasins restent ouverts tard et qu’on ait à disposition toutes sortes de produits et services. Les transports en commun sont fiables – oui, même Translink – et les épiceries sont ouvertes tous les jours, du matin au soir. Nous ne sommes soumis ni aux coupures de courant et de connections Internet lentes du Tiers-monde, ni à des grèves importantes comme peut en connaître par exemple la France. L’exception à tout cela étant bien sûr l’alcool et le tabac. L’alcool qu’on ne peut se procurer qu’à certains endroits et à certaines heures et qu’on ne peut pas consommer dans la rue ; à l’inverse de la consommation de tabac qui ne peut se faire que dans la rue, qui revient cher et est bien moins cool qu’en France ou à Cuba. Peut-être que tout ça est pour le mieux mais j’avoue qu’il m’est bien difficile de faire une croix sur ma liberté individuelle pour le bien de la société. Mais ça n’engage que moi.
Vivre pour travailler et non travailler pour vivre
A mon avis, les Canadiens vivent pour travailler plutôt que l’inverse, tout du moins quand on compare notre mode de vie à d’autres cultures. Cela a ses avantages et ses inconvénients. Surtout au regard de la répartition du gâteau économique. On ne l’admet peut-être pas volontiers, mais le matérialisme est très présent ici. Quand j’évoque des sujets comme le mouvement des indignés, ça me pose un problème de conscience en tant que Vancouvérois. Il est évident que les élites s’en sont mis pleins les poches, mais en même temps, ce n’est pas pour rien que tout le monde vient solliciter un visa chez nous. On vit peut-être dans l’un des meilleurs endroits au monde actuellement, pour ce qui est du travail, donc quand il s’agit de fermer des ports, faisons-le là où le message doit être transmis à qui de droit, c’est-à-dire les Etats-Unis.
D’un autre côté, je m’inquiète de l’image que les indignés de Vancouver a laissée dans les esprits. J’espère que la plupart des gens envisageront sérieusement le mouvement dans son ensemble, plutôt que de le dénigrer comme n’étant que l’apanage d’une bande de hippies et de sans-abris.
Peut-être que ce qui fait notre plus grande spécificité, c’est notre ressemblance au reste du monde – la chance que l’on a de coexister dans cette mosaïque culturelle d’une ville encadrée par l’immensité de l’océan et les montagnes enneigées. Profitons-en.
Comme le disait Christopher McCandles : « le noyau de l’esprit de l’homme vient des nouvelles expériences. »