Les grandes défaites sont souvent l’occasion d’une introspection sérieuse. Qu’est-il arrivé ? Pourquoi ? Comment éviter un pareil scénario à l’avenir ? Ce sont des questions que se posent les bonzes et les partisans du Parti libéral du Canada depuis l’amère défaite aux élections générales de mai dernier. Pour la première fois depuis sa déconfiture électorale, la formation a réuni ses partisans pour son Congrès biennal. À en juger par les délibérations du weekend à Ottawa, la formation de Laurier a encore un bon bout de chemin à parcourir avant de pouvoir sérieusement prétendre former l’exécutif
à Ottawa.
Pour un parti relégué au troisième rang pour la première fois de son histoire, il est curieux que cette leçon n’ait pas, semble-t-il, amené la formation et ses délégués à se concentrer sur la chose qui devrait les préoccuper matin, midi et soir : l’organisation politique dans toutes les circonscriptions du pays.
En effet, en regardant les débats de ce congrès biennal, on n’a pu qu’observer un parti encore aux prises avec une crise identitaire. Cette difficulté à se définir dans le Canada du 21ième siècle est un obstacle que ses partisans et dirigeants devront absolument surmonter s’ils veulent pouvoir avoir une chance de gagner les prochaines élections.
Il faut quand même admettre que sa situation jugée dramatique, par certains, n’a quand même pas empêché les délégués de prendre certaines décisions judicieuses. Par exemple, ils ont défait l’idée de choisir le prochain chef par un système de primaires semblable au système américain. Les délégués ont eu raison de couper court à cette idée. Les seuls gagnants d’une telle approche auraient été les stratèges conservateurs. Ces derniers auraient observé des mois de guerres internes au Parti libéral et de déclarations chocs des différents candidats, ce qui aurait permis à la formation de Stephen Harper de se procurer un véritable arsenal politique prêt à être utilisé au moment propice.
Cependant, les délégués ont quand même pris une décision qui viendra un jour les hanter. Ils ont décidé de permettre à toutes les personnes se déclarant partisanes de la formation, de pouvoir voter pour le chef du PLC. Ainsi, une personne ne doit plus devenir membre pour avoir voix au chapitre. La prochaine course au leadership sera intéressante, c’est le moins que l’on puisse dire.
Selon moi, c’est une erreur. Le chef de la formation a des pouvoirs spécifiques dans la direction du parti et cette personne pourra désormais être choisie par des personnes qui, au fond, ne sont pas prêtent à en devenir membres. On peut déjà entrevoir comment des groupes aux agendas particuliers pourront tenter de venir influencer le choix du chef.
Ceci dit, le fait que le PLC ait réussi à réunir 3000 délégués par un weekend de janvier doit être vu comme un signe encourageant. Il y a encore, de toute évidence, de la vitalité dans la formation. Ses dirigeants et son caucus doivent maintenant trouver le moyen de la transformer en une force qui puisse rejoindre les électeurs canadiens. C’est à ce niveau que le défi reste encore grand. De plus, trois recomptages ont été demandés pour le poste de la présidence. Une élection serrée, qui démontre que le parti doit encore vivre avec certaines divisions.
Mais cela n’est pas grave, personne ne tient compte de celui qui préside le parti. Le poste clé est celui de chef. C’est pourquoi la prochaine étape cruciale pour le Parti Libéral du Canada reste le choix de son prochain chef. Le parti devra se choisir un chef au plus tard en juin 2013, une décision bizarre en soit, comme je l’ai déjà mentionné, mais la course informelle est déjà amorcée. Avec le chef intérimaire Bob Rae qui garde la porte ouverte à sa candidature, cette course créera des remous.