Oui, il existe des Canadiens qui parlent français et même qui écrivent des livres, en dehors du Québec. Il existe d’ailleurs toute une littérature francophone qui ne demande qu’à sortir de la marge, dans laquelle sa position minoritaire dans un environnement anglophone la maintient.
La création du Prix des lecteurs Radio Canada est né de ce constat et depuis douze ans rend hommage à la littérature franco-canadienne et récompense les écrivains à travers qui, elle continue d’exister.
Pour la douzième édition du prix, Radio Canada a décidé d’effectuer le lancement du concours depuis ses studios de Vancouver le 10 mars dernier.
Entouré de ses invités, l’animateur Patrick Masbourian a ainsi présenté les six livres finalistes, la composition du jury national et le concours grand public.
C’est la première fois que le concours était lancé depuis l’Ouest du Canada. « Nous essayons de changer de place chaque année, c’est important d’être présent un peu partout, »explique Angelica Ramirez, responsable de la communication du projet à Radio-Canada.
« Notre optique est de faire connaître la littérature franco-canadienne qui est d’ailleurs de plus en plus lue au Québec ». Créer pour mettre en valeur les œuvres provenant de l’Ouest et des Territoires, de l’Ontario et de l’Atlantique, le concours réunit cette année six finalistes venant du Manitoba, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick.
Lise Gaboury-Diallo est l’une des finalistes. C’est même la deuxième fois en deux ans qu’elle se place dans le dernier carré. Seule auteure à représenter « l’Ouest » cette année, elle défend son deuxième recueil de nouvelles, intitulé Les enfants de Tantale.
Docteur en littérature de l’Université de Saint-Boniface à Winnipeg, poétesse et auteure de nouvelles bien connues au Manitoba, elle avoue que les frontières de la province restent difficiles à franchir. « Je suis ravie de faire partie pour la deuxième fois des finalistes, c’est une consécration de la littérature de l’Ouest, » explique l’écrivaine.
« Je suis d’autant plus heureuse qu’il ne s’agit pas d’un prix pan-canadien mais bien d’un prix qui récompense la littérature francophone en dehors du Québec. Cela montre qu’il y a une littérature de qualité en dehors du Québec. Ce prix a valeur de validation pour une littérature souvent considérée comme en marge ».
C’est désormais aux membres du jury des lecteurs qui ont chacun reçu et lu les œuvres en lice de trancher et d’apprécier cette littérature, qui joue malgré tout un grand rôle dans le rayonnement de la francophonie au Canada.
Ils sont huit au total à avoir été sélectionnés pour choisir le lauréat du prix des lecteurs Radio-Canada 2012, sous la direction de l’écrivaine Marie Laberge, présidente d’honneur de cette édition.
« Le prix Radio-Canada est le seul prix littéraire où le jury est composé de lecteurs, c’est-à-dire de monsieur et madame Toutlemonde », précise Angelica Ramirez.
Quant aux œuvres en lice, elles ont dû passer par un processus de pré-sélection avant d’atteindre la finale. « D’une année sur l’autre nous recevons entre 20 et 25 livres, mais cette édition est notre meilleure cuvée car nous avons totalisé 35 œuvres », se félicite la responsable de la communication du projet.
Reste à savoir si un tel prix aura des incidences sur les ventes dans un monde où le livre est de plus en plus menacé.
Pour Pierrette Blais, gérante de la librairie La Boutique du Livre à Saint-Boniface – le quartier francophone de Winnipeg – les prix n’ont que la valeur que l’on veut leur donner.
« Ce n’est pas parce qu’un auteur obtient un prix qu’on va se l’arracher chez moi, d’autant que les gens lisent très peu de livres en français », estime la libraire.
« D’ailleurs c’est moi qui fait la promotion des auteurs dans le magasin et si un des livres m’a plu alors oui je le conseillerai aux clients ».
Le nom du gagnant de la 12ème édition du prix des lecteurs Radio Canada sera dévoilé lors d’un volet spécial de l’émission Pénélope McQuade le mardi 17 avril à Montréal.