Ce vendredi 20 avril, Vancouver célèbrera encore une fois la journée internationale du Cannabis. Plusieurs milliers de personnes se rassembleront en face de la Galerie d’Art pour bénéficier des effets jouissifs de cette plante si controversée.
L’origine de cette célébration remonte à 1971 en Californie. La Californie était à l’époque le berceau des mouvements protestataires pacifistes d’Amérique du Nord, tel que le flower-power, elle était aussi la terre promise de presque tous les avant-gardistes américains et sa spécialité : les voyages psychédéliques à l’aide de substances non légalisées.
“A mon arrivée a Vancouver, j’ai été surprise de voir le grand nombre de consommateurs et je suis étonnée de voir les gens fumer dans les rues sans aucune inhibition ni peur des représailles.”
C’est pourtant un groupe d’adolescents de San Rafael qui se donna pour mission de se réunir tous les jours après les cours à 4/20 en face de leur école secondaire pour fumer un joint. Ce moment étant jugé le plus propice à la consommation du cannabis, 4/20 devint alors une expression couramment utilisée pour faire référence à l’usage du cannabis. Ces réunions anodines qui n’avaient pour but que de profiter des effets de cette plante versatile furent ainsi à l’origine de mouvements contestataires pour la légalisation du Cannabis en Amérique du Nord. Le 20 avril est le jour où la consommation de Cannabis dans des lieux publics est tolérée par les autorités policières. Plusieurs organisations étudiantes aux États-Unis prennent pour symbole ce jour afin de militer et faire pression sur le gouvernement pour la légalisation de la Marijuana. International day of cannabis freedom se célèbre un peu partout, notamment en Californie, en Nouvelle-Zélande et en Australie. Au Canada, c’est à Vancouver que cette festivité rassemble le plus grand nombre de personnes. Pas étonnant, la côte ouest a toujours était plus décontractée et Vancouver ne fait pas exception à la règle du west coast spirit.
En effet, l’usage du cannabis fait partie intégrante de cette culture. L’air frais de l’océan pacifique mélangé à celui de la marijuana est une normalité vancouvéroise.
Au Canada, l’usage du cannabis à des fins médicales est légalisé depuis 2001. Par contre, si elle n’est pas accompagnée d’une prescription, une simple possession peut engendrer des sanctions allant jusqu’à un maximum de 5 ans d’emprisonnement. Ces lois ne semblent pas pour autant faire augmenter la population carcérale de la Colombie-Britannique.
Les policiers baisseraient-ils les bras face à un trop grand nombre de consommateurs ? En effet, un peu plus de 50% de la population de cette province canadienne aurait consommé au moins une fois du cannabis; ces statistiques placent la Colombie-Britannique en tête de liste pour la consommation de drogues douces au Canada. « J’ai vécu à Montréal toute ma vie et j’ai toujours pensé que les gens y étaient plutôt ouverts d’esprit notamment quand il s’agit de l’usage du cannabis.
Pourtant à mon arrivée à Vancouver, j’ai été surprise de voir le grand nombre de consommateurs et je suis encore étonnée de voir les gens fumer dans les rues sans aucune inhibition ni peur des représailles. Il me semble qu’à Vancouver tout est moralement plus acceptable », explique Laurence Vandal, jeune étudiante exilée à l’ouest depuis déjà deux ans. Pourquoi l’ouest canadien se distingue-t-il encore une fois du reste ? Peut-être du fait de sa proximité avec la Californie, là où tout a commencé, ou peut-être tout simplement pour son côté nature et décontracté. Les gens tiennent à leurs droits en Colombie-Britannique et fumer du cannabis est considéré comme l’un des droits les plus légitimes. Il ne reste plus qu’à aligner la constitution canadienne à ce courant de pensée. Marc Emery est un activiste qui milite pour la légalisation du cannabis. En 2000 il a fondé le British Columbia Marijuana Party (BCMP). Ce parti politique, qui a pour principale idéologie la légalisation totale du Cannabis, a remporté en 2001 3,22% du vote populaire.
À Vancouver, la vente de produits nécessaires à la consommation du cannabis, tels que des pipes ou du papier à rouler, est devenue une industrie assez lucrative ! L’Amsterdam café, situé sur East Hastings, est un lieu culte que tout bon fumeur se doit de connaître. Mais si c’est un café où l’on peut fumer du cannabis, il est, bien entendu, interdit d’y vendre. Alex, employé depuis 8 mois, décrit l’ambiance générale. « C’est plus qu’un café, c’est une institution. C’est aussi l’un des rares cafés de la ville où l’on peut librement fumer. Notre clientèle est de tous les âges et presque de tous les milieux sociaux. Les gens y viennent pour se détendre, être entre amis. Les rencontres se font facilement et l’on discute et partage toutes sortes d’idées ».
Difficile d’être coincé lorsque l’on fume, l’ambiance y est effectivement très amicale. Jon Mcflyn est un habitué, il y vient presque toutes les semaines, il est originaire de Coventry en Angleterre, mais cela fait 14 ans qu’il habite Vancouver. Il dit avoir choisi cette ville principalement pour son mode de vie simple et détendu.
« Même si je peux fumer chez moi, je préfère venir à l’Amsterdam café. À chaque fois je fais des rencontres intéressantes. Fumer de la marijuana n’est plus considéré comme de la délinquance juvénile, c’est une philosophie de vie ». Marijuana Day vaut incontestablement le détour, même si l’on n’est pas fumeur, c’est un jour incontournable pour qui veut comprendre ce que le mode de vie vancouvérois a à offrir.