Si vu de France, le Québec paraît être le seul refuge du Beau Parlé d’Amérique du Nord, on oublie bien souvent que les francophones sont implantés dans tous le Canada au sein de communautés très actives. C’est pour montrer cette présence et le dynamisme du français en Colombie-Britannique que l’équipe pédagogique de l’école Océane de Nanaimo et le journaliste Marc Pinelli ont organisé une série d’activités destinées à améliorer cette visibilité. Au programme, visite de Radio-Canada, liaison skype avec les élèves français du collège Guy Flavien (Paris 12ème), rédactions d’articles et même, voyage à Paris pour l’un des élèves de Nanaimo. Monsieur Ryan Pothier, l’enseignant en charge du projet répond à nos questions.
La Source : Quelle a été la réaction des élèves lors de vos visites des locaux de Radio-Canada ?
Ryan Pothier : Nos élèves furent très surpris par l’ampleur et le mouvement permanent qui constituent le quotidien d’un média. Ils ont vite appris que le monde du journalisme et des médias bougent vite et qu’il y a plusieurs possibilités d’emploi dans ce domaine. La moitié de mes élèves disent que depuis leur visite à Radio-Canada ils sont maintenant intéressés d’explorer davantage ce métier. Ils ont vu que l’on peut travailler en français et que la langue se trouve hors de la salle de classe. Certains élèves veulent même devenir journaliste et partager leur francophonie.
“Il faut offrir a nos jeunes la possibilité de vivre en français hors de l’école” Ryan Pothier, enseignant, l’école Océane de Nanaimo.
La Source : Les élèves de Nanaimo se sont ils sentis proches de leurs cousins parisiens ? Comment se sont déroulés les contacts ?
R.P. : Les élèves ne Nanaimo avaient un peu peur au début de parler avec les jeunes de France. Ils craignaient de ne pas comprendre les jeunes parisiens et avaient aussi des inquiétudes en pensant que « leur français » n’était pas assez bon. Ils ont vite appris que oui, les accents et expressions sont très différents cependant les jeunes français partagent les mêmes centres d’intérêts qu’eux.
La Source : Quelles suites vont engendrer ce projet ?
R.P. : Nous sommes dans le processus d’écrire un journal d’école que nous partagerons avec la communauté francophone de Nanaimo, ainsi qu’avec nos amis en France et autres écoles du Conseil scolaire francophone de la C.-B. Notre but est de susciter l’intérêt chez nos jeunes. Nous voulons qu’ils aient une ouverture sur le monde, qu’ils s’intéressent à leur communauté, qu’ils vivent des expériences en français hors de l’école et, bien sûr, nous voulons qu’ils se perfectionnent dans la langue. Nous souhaitons de continuer ce projet l’année prochaine quand les élèves de 7ème commenceront leurs études au secondaire à la Nanaimo District Secondary School où nous offrons aussi le programme francophone. L’école Océane veut aussi continuer l’initiation/l’introduction au journalisme pour ses élèves. Nous avons aussi discuté de faire un échange avec les élèves du club de journalisme à Paris. Les jeunes parisiens viendraient en Colombie-Britannique et par la suite notre groupe pourraient leurs rendre visite en France.
La Source : d’un point de vu strictement francophone, est ce important pour vous de disposer de médias en français, étant donné que la quasi totalité de la population de C.-B. est parfaitement bilingue ?
R.P. : C’est certain que le but ultime de ce projet est de faire vivre la francophonie chez nos jeunes. Ce n’est pas facile être francophone dans un milieu minoritaire. Je le sais, j’ai grandit dans un petit village francophone en Nouvelle-Écosse. C’est important que je puisse offrir à mes élèves des opportunités d’apprentissage où ils vont apprendre à valoriser leur langue et de voir que la francophonie n’a pas seulement une place au Québec ou en France mais partout au Canada. Il faut offrir à nos jeunes la possibilité de vivre en français hors de l’école. Ils ont vu qu’elle existe et la francophonie (et le bilinguisme) ouvrent les portes au monde et à la découverte.