Redémarrage du musée des plantes
Depuis une semaine, le 303 West Hasting célèbre la réouverture du musée des plantes. Brièvement ouvert en 2007, il avait dû fermer ses portes, faute d’installation conforme pour recevoir le public.
Dès l’entrée de l’immeuble, le lieu affiche ses couleurs. Elles sont multiples, comme les reliques et documents accumulés : ici, pas moins de 1500 bouteilles de remèdes anciens élaborés à base de plantes. Des hallucinogènes aux aphrodisiaques en passant par le cannabis, la coca ou l’opium, une véritable encyclopédie botanique s’étale sur les murs. Derrière cette incroyable collection se cache David Malmo-Levine, passionné d’herboristerie depuis son enfance. « Je me suis intéressé aux plantes à 14 ans lorsque j’ai commencé à fumer. C’était un moyen de faire face aux bouleversements liés à la puberté, calmer mes angoisses.
Puis j’ai voulu en savoir plus. En cherchant sur Internet, je me suis rendu compte que chaque plante pouvait avoir une utilité thérapeutique pour l’humain. Saviez-vous que la tomate soigne les piqûres d’insectes, par exemple ? »
Réputé pour son activisme en faveur de la légalisation du cannabis, David Malmo-Levine veut cependant aller plus loin. « A travers le musée, mon but est de divertir, tout en informant les gens sur l’utilisation des herbes médicinales à travers l’histoire. »
Il l’affirme, chacun a la possibilité de se guérir par les plantes s’il en connaît les vertus. « Nous sommes tous un peu shaman » sourie-t-il « Je ne suis pas croyant mais si je l’étais, je dirais que Mère Nature nous a offert les plantes. On ne devrait pas les interdire quand elles nous aident à mieux vivre ».
Une galerie de la paix
Tout a commencé il y a huit ans avec un petit musée et un espace pour stocker les différentes pièces de sa collection chinées dans le monde entier. Au fil des années, la collection s’est étoffée autant que ses connaissances. Lorsqu’on lui demande pourquoi il ne s’est pas tourné vers la médecine ou l’enseignement, pas d’hésitation : « je ne voulais pas faire partie de ce monde. Les études coûtent cher et elles ne sont pas accessibles à tous. Alors pourquoi passer par ce chemin si un autre est possible ? Ce ne sont pas les Grandes Ecoles qui donnent la voie de la raison. Ce qui m’importe c’est de discerner le vrai du faux et de prôner la tolérance. »
Il imagine déjà son prochain projet : récolter assez de fonds pour lancer une culture industrielle du chanvre. Non pas pour la consommation mais pour développer son utilisation en tant que carburant. « Imaginez !
Le cannabis est une plante qui peut se cultiver n’importe où et qui ne nécessite aucun pesticide. Ce serait alors un excellent moyen d’inverser l’effet de serre en alimentant les moteurs avec de l’huile de graines de chanvre. »
Un idéal pas si loin de notre réa-lité, à l’image du lieu qu’il a créé.
D’ailleurs, dès la première porte du musée franchie, on retrouve l’histoire et la composition du café, du chocolat, ou même du thé, juste pour rappeler que les substances addictives et donc nocives sont déjà bien présentes dans le quotidien. « Pourquoi interdire certaines substances qui permettent d’atténuer la douleur, qu’elles soient physiques ou mentales et en autoriser d’autres ? Parce qu’elles sont socialement acceptables ? Ce n’est pas logique. »
Sa préoccupation est alors de savoir quelle forme prendra la légalisation, du cannabis notamment. Il en est certain, elle aura lieu car si l’Etat pense protéger ses jeunes en interdisant la consommation de stupéfiants, pour lui le vrai danger vient du marché noir.
Avant de partir, il se retourne et lance : « Vous savez ce que disait Giacomo Casanova ? ‘Dans des mains averties, le poison devient remède, tandis que dans les mains ignorantes le médicament devient poison’ ». Tout est question de mesure… et de conscience.
Herb Museum
303 West Hasting, 2e étage.
778-987-8349 ou
www.herbmuseum.ca
Ouvert tous les jours de 15 à 21h.
Les deux premières salles sont gratuites,
les deux suivantes à 5$.
Visites guidées sur demande.