Il y a huit ans, deux journaux gratuits faisaient une entrée fracassante sur le marché de la presse quotidienne à Vancouver : Metro, du groupe suédois Metro International et 24 Hours, du groupe Québécor.
Le premier, lancé en Suède en 1995, s’étend comme une contagion dans les capitales du monde entier, et défraie la chronique. Tandis que le deuxième émane du groupe de presse Québécor, déjà installé dans le paysage médiatique canadien (250 journaux, magazines, portails Internet et réseaux de chaînes de télévision). Arrivé à Montréal en 2001, Metro débarque ainsi en 2005 à Vancouver, et dans cette même semaine du mois de mars, 24 Hours fait également son apparition.
Aujourd’hui, ces deux journaux sont parmi les gratuits les plus quotidiennement lus de la Colombie-Britannique. En effet Metro et 24 Hours atteignent respectivement 242 600 et 272 000 lecteurs quotidiens en 2012, devant les quotidiens payants historiques du groupe Postmedia network company, le Vancouver Sun et The Province (168 616 et 158 916 lecteurs quotidiens en 2009, selon l’Association canadienne pour la presse).
Alors que la presse payante connaît une tendance générale à la baisse au Canada et dans la plupart des pays occidentaux, la presse gratuite quotidienne est en constante progression dans le pays.
Cela s’explique notamment par une baisse de la propension des jeunes adultes entre 18 et 49 ans à s’abonner à un journal payant, mais aussi en raison du changement de leur mode de vie. Les « YAMs » comme on les nomme vulgairement (« Youthful, active, metropolitain »), constituent un public en or pour Metro (67% du lectorat) et 24 Hours. Urbains, actifs, pressés, ils sont également peu enclins à acheter le même journal que lisent leurs parents. Cette catégorie consomme fortement et constitue une cible toute trouvée pour les annonceurs, « qui doivent donc, s’ils veulent les rejoindre au moyen d’un quotidien, acheter de l’espace dans les gratuits », souligne un rapport sur la presse écrite quotidienne, du Centre d’étude sur les médias (août 2011).
Et la presse gratuite semble coller à leurs nouveaux rythmes de vie. « L’objectif de notre plateforme est de donner au lecteur toutes les actualités dont il ou elle a besoin pour la journée, dans un format facile à digérer et ce, gratuitement », explique Elena Dunn, directrice des Ventes à 24 Hours. La stratégie derrière les journaux gratuits est de viser les commuters, c’est-à-dire ceux qui effectuent des navettes quotidiennes entre leur domicile et leur lieu de travail. Les différents points de distribution (skytrain, bus, cafés) sont donc situés là où ils s’avèrent être le plus pratique pour eux. Souvent attaquée par ses détracteurs pour son format court et ses articles peu fouillés, la presse gratuite a néanmoins réussi en moins de deux décennies à s’imposer comme acteur incontournable dans le paysage de la presse quotidienne.