Tout le monde est d’accord. En choisissant de confier les rênes du pouvoir à François Hollande plutôt qu’au président sortant Nicolas Sarkozy, les Français, le 6 mai dernier, se sont prononcés pour dire « non » au programme d’austérité et dire « oui » au changement. Le changement ! Un symbole de renouveau, de renaissance. Un mot porteur d’espoir et sans doute, pourquoi pas, de rêves. Le changement donne le droit de rêver à des jours meilleurs. Le droit de se bercer d’illusions. Et, qui sait, peut-être qu’effectivement les choses iront mieux.
Le changement s’avérait nécessaire. À trop vouloir pencher à droite, Sarkozy, le président déchu et certainement déçu, est tombé de haut. Il a été renversé de son piédestal comme la statue de Saddam Hussein en Irak. Les Français maintenant peuvent respirer. Ils ont le droit à une bouffée d’air. Ce changement, ils l’ont bien mérité. Le chemin qu’ils ont choisi est certainement semé d’embûches. Ils ont de nombreux obstacles à surmonter et des étapes difficiles à franchir. L’Europe, la dette, l’euro et que sais-je encore. Mais, se sont dit les Français, un Hollande vaut mieux que deux (mandats de) Sarkozy tu l’auras. Somme toute, et sans quiproquo, ils ont refusé le statu quo. Cocorico.
Comme vous pouvez le constater, tout compte fait et sans ambivalence je prône le changement. Mais, pas n’importe lequel. Je parle du vrai changement, comme Sarkozy parlait du vrai travail. Pas d’un faux changement comme en Russie où l’on joue à la présidence musicale. Poutine remplace Medvedev qui lui remplace Poutine. On tourne en rond et on ne cherche même pas à sauver les apparences. À Moscou, le ridicule ne tue pas. Les dirigeants russes se livrent à un jeu que je qualifierais d’enfantin si l’enjeu n’était pas si important. La démocratie est bafouée ! Tant pis.
L’important est de conserver le pouvoir tout en méprisant l’opposition et le peuple. L’arrogance est à son zénith. Le programme c’est l’alternance ? Disons que c’est un échange de bons procédés. On passe du pareil au même. Plus ça change plus c’est pareil en Russie. Les pauvres. Où est Gorbatchev quand on a besoin de lui ? L’histoire retiendra au moins qu’il a été à l’origine d’un grand changement, pour ne pas dire d’une révolution. Ses successeurs ne peuvent en dire autant. Et que dire des changements du Moyen-Orient et dans les pays du printemps arabe? Ils ne sont pas tous heureux. Loin s’en faut. Mais il fallait qu’ils aient lieu. La population les demandait. Les peuples les exigeaient.
Et c’est tant mieux. Quand le peuple veut, le pouvoir peut peu. En Syrie, ce n’est plus qu’une question de temps. Les massacres commis par l’armée syrienne ne peuvent demeurer impunis. Un jour ou l’autre, Bashar al-Assad devra rendre des comptes.Le changement s’en vient. Il ne peut en être autrement. Oui mais quand ? That is the question. Ce n’est malheureusement pas pour demain.
Changeons d’esprit mais pas de sujet. Jusqu’à présent je ne vous ai parlé que de grands changements. Maintenant, moins sérieusement, mais avec autant de vigueur, j’aimerais aborder la question des petits changements. Ceux qui affectent notre vie quotidienne.
Ils peuvent parfois paraître anodins, insignifiants, mais ils nous touchent continuellement. Autant y faire attention. Par exemple, le congé de la Reine Victoria que nous avons fêté le week-end dernier. Ne pensez-vous pas qu’il est temps de renommer ce jour férié ? La Reine Victoria n’a jamais foutu les pieds en Colombie-Britannique. Elle nous laisse complètement indifférents. Je dis nous car je ne pense pas être le seul à penser ainsi. Ne peut-on trouver quelqu’un de plus inspirant ? Et pourquoi toujours célébrer un individu à titre posthume ? Pourquoi pas un bon vivant ? Un personnage moins puritain que cette ancienne Majesté.
Que veut-on faire de cette journée ? Une journée d’abstinence ? Dieu, ou un autre qui peut jouer son rôle, nous en garde. En somme, n’importe qui sauf la reine Victoria. Mais, si l’on doit rester dans la royauté, que pensez-vous de Pipa Day ? Pas mal hein? Plus sexy en tout cas. Alors changez-moi ça rapidement et qu’on n’en parle plus.
Vive le changement. Tous les changements. Quels qu’ils soient : le changement d’opinion, le changement d’huile, le changement de vitesse, le changement de couche, le changement d’orientation sexuelle ou professionnelle, le changement climatique, le changement de cap, le changement de fuseau horaire, le changement de conjoint (à ne pas confondre avec le libre-échange très cher à Harper), le changement d’horizon et j’en passe… La vie est un éternel changement, me rappelait sans cesse mon oncle qui, de sa vie, n’a jamais changé ni d’emploi ni d’adresse. Changeons donc. Histoire de donner l’exemple, je vais moi-même changer d’attitude. Je reviendrai dans quinze jours pour une autre rubrique. Promis, j’aurai changé. Je serai beaucoup plus « normal ».