Dans l’actualité du petit écran, une nouvelle polémique a éclaté avec la série télévisée américaine Girls, qui relate l’histoire de quatre filles de race blanche vivant à Brooklyn (New-York). Ce qu’on lui reproche : son manque de diversité dans une narration évoluant dans un quartier où la population blanche est justement en minorité (41%). La scénariste Lena Dunham qui prend ces remarques très « au sérieux » s’est justifiée à la radio (NPR), en expliquant : « Mais je suis mi- juive, mi-WASP1, et j’ai créé deux personnages juifs et deux WASPs ». La série produite par la chaîne HBO s’ajoute à la longue liste des séries TV qui concentrent des critiques du même ordre, telles que Friends, ou encore Sex and the City. Des attaques qui j’espère pourraient s’adresser aussi bien à des séries telles que le Cosby Show ou le Prince de Bel-Air dont les protagonistes sont des familles entièrement afro-américaines.
Cette critique qui ne date pas d’hier a le mérite de rappeler combien dans leur grande majorité les séries américaines ont la tradition de refléter les divisions raciales existantes dans le pays. Autrement dit le modèle du multiculturalisme américain qui consiste à faire coexister des communautés sans grande perméabilité n’est en revanche pas sortie de l’imagination d’un scénariste. Alors que le dernier recensement de la population américaine montrait que 50,4% des naissances sont issues des minorités asiatiques, hispaniques et noires, la question de la diversité culturelle dans ce pays se pose plus que jamais.
Quel modèle de société veulent les Etats-Unis ? En élisant pour la première fois de son histoire un président de descendance afro-américaine, le peuple américain a envoyé un message fort au reste du monde. Un message de progressisme avancé. Pourtant les observateurs n’ont pas manqué de souligner que les électeurs américains s’étaient habitués à l’idée en regardant depuis 2001 la très populaire série « 24 heures chrono », qui innovait en installant un président noir dans la Maison Blanche quelques années avant l’élection d’Obama.
Alors si la fiction précède la réa-lité, il ne reste qu’à souhaiter que les scénaristes et producteurs insufflent davantage de diversité culturelle à l’écran. Car si ce lien a l’air anodin, il ne l’est pas. La télévision a un rôle et une influence sur la perception de la société, elle est l’un des miroirs de la société. Elle prend le pouls et absorbe les évolutions. En France notamment, le groupe de chaînes du service public (France Télévisions) a décidé de s’engager en créant un Comité permanent de la diversité qui a pour rôle de veiller au reflet de cette dernière sur ses antennes. Par exemple, la série Plus belle la vie (France 3), qui se déroule dans la ville méditerranéenne et métissée de Marseille, a été saluée pour son reflet juste de la diversité, et a atteint des records d’audience dans le pays.