La semaine dernière a marqué la cent-dixième journée de grève étudiante au Québec. On ne peut que constater que le mouvement de contestation des étudiants québécois ne montre aucun signe d’essoufflement. Bien au contraire, la récente loi spéciale adoptée par le gouvernement de Jean Charest a eu pour effet de raviver la flamme des contestataires. Et, alors que le conflit entre dans une nouvelle phase avec en toile de fond la nouvelle loi, un certain vent de sympathie vient souffler en Colombie-Britannique où une manifestation d’appui vient d’avoir lieu à Vancouver.
Un été chaud s’annonce donc pour la population de Montréal, car c’est surtout dans la métropole québécoise que le mouvement s’est matérialisé à ce jour. Il y a bien sûr eu certains soubresauts en province, mais rien de comparable à ce qui se passe à Montréal.
Malheureusement, les étudiants québécois qui poursuivent leur « grève » se tirent dans le pied. Leur intransigeance est telle qu’il est difficile de voir comment ils pourront éventuellement proclamer leur victoire. Il n’y a peut-être rien d’étonnant dans leur comportement puisqu’ils sont de la cohorte d’âge de ce que je considère les enfants-rois; ceux qui n’ont a à peu près jamais eu l’expérience de se faire dire non.
Il est clair que le gouvernement ne reculera pas, même s’il a fait preuve d’une certaine souplesse et s’est montré prêt à apporter des modifications à son approche. Elles ont toutes été rejetées par les leaders étudiants.
À ce jour, le premier ministre Charest a pu compter sur l’appui d’une majorité de Québécois. Il n’y a rien de bien étonnant dans ce fait. S’il faut qu’elle choisisse, la population tournera toujours le dos à la violence et à la désobéissance civile qui tourne rapidement au vinaigre comme cela a été trop souvent le cas depuis le début des manifestations étudiantes.
Malheureusement pour les étudiants plus pacifistes, un bon nombre de mécréants aux intentions malveillantes se greffent aux manifestations légitimes avec le seul but de faire de la casse et de s’en prendre à la société civile.
Toutefois, l’appui envers la position du gouvernement repose sur un pacte fragile entre lui et la population. Pour continuer d’appuyer le gouvernement, cette dernière doit voir la position gouvernementale comme une approche raisonnable, ce qui a clairement été le cas jusqu’à maintenant. C’est pourquoi, il est étonnant que le gouvernement ait lui-même soudainement changé la nature du débat avec sa Loi 78. Celle-ci change la donne pour le gouvernement et vient offrir à tout un pan de la société une raison de s’opposer au gouvernement.
Il était tout à fait approprié pour le gouvernement de légiférer pour protéger les droits de ces nombreux étudiants qui veulent poursuivre leurs cours en toute quiétude. Cependant, par son geste, il a fait en sorte que le débat dépasse maintenant les frontières pures des frais de scolarité pour toucher au droit fondamental de manifester et de se réunir sur la place publique.
Et, c’est sur ce point que le gouvernement a fait, selon moi, une erreur et a donné au mouvement de contestation la possibilité de se voir gagner à sa cause de nombreux alliés qui autrement n’auraient pas pris position dans le débat original.
Ceci dit, le véritable test aura lieu au moment de la rentrée à la fin de l’été. D’ici là, il y a fort à parier que le gouvernement de Jean Charest aura demandé à la population de se prononcer dans le seul plébiscite qui compte : une élection générale. Le résultat en dira long sur la suite des choses.
Le sens du message que les étudiants du Québec veulent projeter auront plus d’impact d’ici une décennie. D’ici-là, ils ne font que nuire à eux-mêmes car la santé économique de la province est encore à un niveau acceptable et la conscience collective n’a pas encore changée. Il faut beaucoup plus que de simples mauvaises nouvelles à la télé et du monde dans la rue pour ‘réveiller’ la bête qui sommeil dans chacun des honnêtes travailleurs qui verront le prix de leur nourriture tripler. Hélas, au rythme où la dette nationale américaine augmente, il ne suffit que de bien connaître l’histoire des derniers siècles pour comprendre qu’une telle issue ne peut qu’aboutir en une catastrophe économique, et comme les marchés sont plus reliés que jamais, le désastre va être mondial. C’est à ce moment là que leur message se faufilera parmi leur filet social afin de les unir dans un esprit collectif. LE TIMING N’EST PAS BON, votre message passera mieux dans l’avenir proche.