Partie intégrante du visage de l’immigration sur la Côte ouest canadienne, la communauté chinoise est si intégrée à la culture locale qu’on en oublierait presque que ses nouveaux immigrants puissent être déboussolés en arrivant dans cette contrée. De la Chine continentale à Hong Kong en passant par Taïwan, les immigrants arrivent toujours aussi nombreux et avec autant de questions et de préoccupations auxquelles tentent de répondre les médias communautaires, à l’instar de Fair-child TV. Cette chaîne créée en 1986 enregistre une audience large de 370 000 foyers, 1,48 million de téléspectateurs dans le pays et touche plus de la moitié de la population chinoise au Canada, sur une base hebdomadaire. Basée à Richmond Hill en Ontario, à Richmond en Colombie-Britannique et à Calgary en Alberta, cette chaîne continue de faire parler d’elle. Même si l’aide aux immigrants demeure dans son mandat, son rôle a cependant beaucoup évolué au fil des années puisque la chaîne distille aussi bien actualités et analyses, que documentaires, fictions et sitcoms.
Car dans une communauté en mouvement et hétérogène comme celle de la diaspora chinoise à Vancouver, les médias communautaires se doivent d’être à son image. L’animatrice mythique de la station de Vancouver Ada Luk incarne ce mouvement et cette modernité. A la pointe de l’actualité et des problèmes de société, cette jeune femme, arrivée en 1991 de Hong Kong à Vancouver, a suscité en juin dernier un portrait dans le Vancouver Sun, « Le visage d’une communauté ». Elle anime la très regardée émission de documentaires « Magazine 26 », et vient d’interviewer de manière exclusive le Premier ministre Stephen Harper ou encore Christy Clark, exceptionnellement en anglais sous-titré en chinois. Fairchild TV diffuse des programmes majoritairement en cantonnais, tandis que sa chaîne de télévision sœur TalentVision appartenant au même groupe (Fairchild group), propose des programmes en mandarin.
Au-delà du soutien aux immigrants, Fairchild TV « aide à faire émerger la voix de [sa] communauté, dans la société dans son ensemble », expliquait Ada Luk, diplômée de l’Université de Colombie-Britannique.
Dans une ville comme Richmond, dans laquelle seul un noyau de 38,6% des résidents ont l’anglais comme première langue et dans laquelle le cantonnais est la langue maternelle pour beaucoup, il est hors de question de troquer le cantonnais pour l’anglais sur la chaîne, selon la présentatrice. « Nous devons toujours servir ces nouveaux immigrants, ainsi que ceux qui préfèrent regarder [la télévision] dans leur langue principale », affirme Luk pour qui la chaîne perdrait toute raison d’être. Mainstream oui, mais pas trop.