Juillet est là. Difficile à croire. Juillet mois des fêtes. Que fait-on ? Voyons ! On fait la fête. Fêtons donc. Fêtons le 1er juillet. C’est fait. La fête nationale du Canada s’est déroulée comme prévu. Pas de surprise. Discours, défilés, concerts et feux d’artifice faisaient partie de la panoplie obligatoire qui nous est présentée chaque année sous l’œil bienveillant et vigilant d’Ottawa, ravi de ce vent de patriotisme bien orchestré à coups de millions de dollars. Ce même gouvernement prône l’austérité et nous invite à faire des sacrifices.
Enfin, tout s’est bien passé paraît-il. Je dis « paraît-il », parce que je n’ai pas suivi de près les festivités. Trop occupé par la finale de l’Euro de foot. L’équipe d’Espagne, pour mon plus grand plaisir et comme je l’avais prévu, a prévalu. Elle a été sacrée championne, le jour de la fête du Canada. Évidemment, dans les rues de Madrid et de Navarre, le peuple, désireux d’oublier ses difficultés économiques, a fait la fête. Je ne peux pas en dire autant de l’équipe de France, qui encore une fois m’a paru désunie aussi bien sur le terrain qu’en dehors. Mais qu’importe, ils pourront fêter leur 14 juillet comme si de rien n’était.
Mais qu’ont-ils à fêter ? La séparation de DSK et d’Anne Sinclair sans doute. La question ne s’est pas posée aux Etats-Unis. L’Obamacare, le régime d’assurance maladie, au grand désarroi du Tea Party, a été légalement confirmé. Beau cadeau pour leur fête du 4 juillet. Ça leur prend du temps mais, petit à petit, les Américains se civilisent. La loi n’est pas parfaite, selon nos standards canadiens, mais c’est un début. Ne pas oublier, au milieu de toutes ces réjouissances, le 5 juillet. Journée marquant l’indépendance de l’Algérie et, en fait, la fin du colonialisme à la française. Juillet a vraiment eu ses heures de gloire. Retour chez nous où l’été, malheureusement, ne s’est pas joint à la fête. L’été nous boude. L’été joue les trouble-fêtes. En fait, si cette année l’été m’était conté, il compterait pour pas grand chose.
Pour commencer, le 21 juin est arrivé et je ne m’en suis même pas rendu compte. Le jour le plus long a fini par être le jour le plus lent. Vous voyez, les jours de pluie, je trouve le temps long. Je me languis des étés languissants. Des étés où il fait bon vivre. Des étés que l’on attend avec impatience. Des étés qui font suite à des automnes monotones, à des hivers rigoureux et à des printemps cléments. Des étés synonymes de soleil, synonymes de vacances, de farniente, de laisser-faire, de détente. Pas de ces étés pourris où l’on ne peut quitter la maison sans son parapluie.
Où sont passés les étés d’antan ? Les étés passés sous la tente avec ma tante et mon tonton. Les étés de ma jeunesse. Les étés où il fait tellement chaud que l’on attend les jours de pluie. Des étés où l’on peut jouer au foot sans avoir à porter des bottes. Des étés où les politiciens fuient la colline parlementaire pour aller se faire dorer la pilule en famille et s’octroyer un répit tant mérité. Mais non, notre été 2012 se présente mal. Il est bien mal parti. Des températures à nous faire regretter le mois de décembre alors que dans l’Est du pays, on suffoque. À croire, si l’on se fie aux nombres de crimes commis en ce début d’été, que les gens ont le sang chaud lorsqu’il fait froid.
Et pendant ce temps – navré de passer du coq à la mule – la Reine continue de jubiler. Je pensais pouvoir en faire autant après l’achat de mon nouveau barbecue. Depuis le solstice d’été, je rêve de faire cuire mes saucisses d’été. La pluie me l’interdit. Peut-être que d’ici la fin du mois le temps va changer. C’est à souhaiter, car un été sans soleil c’est comme un tour de France sans doping ni analyse d’urine. Vous allez voir, il suffit que j’écrive ces quelques lignes pour que l’été, histoire de m’embarrasser, fasse son apparition pour de bon. Si c’est le cas, tant mieux. Personne ne m’en voudra, n’est-ce pas ?