Alors que Vancouver s’apprête à accueillir deux salons majeurs à destinations des étudiants et de tous ceux qui rêvent de partir étudier, travailler ou voyager à l’étranger, La Source s’est interrogée sur ce qui pousse les jeunes (et moins jeunes) Canadiens à quitter leur pays pour explorer le monde. Éléments de réponse.
Si le cliché du routard canadien arborant fièrement le drapeau frappé de la feuille d’érable cousu sur son sac à dos a encore la vie dure, les motivations qui poussent chaque années des milliers de Canadiens à quitter le pays pour découvrir le monde sont aussi variées que les possibilités qui leur sont proposées aujourd’hui. Et ce n’est pas un hasard si les salons organisés depuis plusieurs années à Montréal, Toronto et Vancouver sur le thème de l’expérience internationale rencontrent un succès croissant. Ce mois-ci, Vancouver accueille d’ailleurs deux évènements majeurs.
Le samedi 16 septembre, les candidats désireux de partir étudier, travailler, faire du volontariat ou simplement de partir à la découverte d’un pays ont rendez-vous au village olympique pour le salon Go Global Expo (“Salon Expérience Internationale” en français). Le samedi 22 septembre, ce sera au tour du Convention Center d’abriter l’exposition Go and Study Abroad, reservée aux étudiants qui souhaitent inclure un séjour à l’étranger dans leurs études.
Le succès de ces évènements qui déménageront ensuite à Toronto puis Montréal illustre bien la soif de découverte qui anime la jeunesse canadienne de plus en plus friande de nouvelles expériences et si possible internationales. « Les aspirations des jeunes Canadiens sont à l’image du monde dans lequel ils évoluent », analyse Jeff Minthorn, le rédacteur en chef de Verge Magazine, la revue nord américaine de référence, adressée principalement aux étudiants et spécialisée dans les voyages et les opportunités d’études, de travail et de volontariat à l’étranger. Le magazine est l’un des partenaires du salon Go Global Expo. « Les jeunes que nous rencontrons dans ces salons sont curieux de ce qui se passe à l’extérieur de leur pays et souhaitent être connectés avec le monde entier.
En fait, ils le sont déjà au quotidien via les médias sociaux. Leur cercle d’amis n’est plus restreint au bloc mais ils sont désormais capable de communiquer avec des gens de partout sur la planète ». Pour Jeff Minthorn, globetrotter lui-même, ce qui attire dans l’expérience à l’étranger c’est la possibilité de se découvrir sous un nouveau jour. « Les jeunes se rendent compte qu’ils développent des compétences qu’ils ne soupçonnaient pas et qui leur offrent des opportunités qu’ils n’auraient peut-être pas eues autrement », estime-t-il. Pour ces globe-trotters d’un genre nouveau, l’utilité du vo-yage est souvent un facteur déterminant. Voyager c’est bien, mais si en plus cela sert un but, c’est mieux.
Beaucoup de candidats au voyage se lancent ainsi dans l’aventure avec en tête l’idée que ce voyage pourra éventuellement influencer leur choix de carrière ou celui de l’université où ils poseront leur candidature à leur retour. Cependant si tout le monde s’accorde à dire qu’une expérience étrangère est aujourd’hui sensiblement un plus sur le CV lorsque l’on est un jeune professionnel, il n’en a pas toujours été de même. « J’ai eu l’occasion de rencontrer beaucoup de PDG dans ma vie et si aujourd’hui les compétences acquises lors d’un séjour à l’étranger sont reconnues et valorisées par la majorité des employeurs, ce n’était pas le cas il y a dix ans, tempère Jeff Minthorn. Cela prouve que les besoins des entreprises et du monde du travail en général aussi évoluent. Les temps ont changé et même les universités se sont adaptées en proposant de plus en plus de programmes qui incluent un séjour à l’étranger ».
Vers de nouvelles opportunités Beaucoup de Canadiens choisissent pourtant de tenter l’aventure à l’étranger pour d’autres raisons que de booster leur CV et préparer leur carrière. C’est le cas notamment de Daniel DeGagné, jeune Franco-Manitobain de 25 ans, originaire de Winnipeg au Manitoba. Sa première expérience à l’étranger, il l’a faite il y a 7 ans aux États-Unis dans une université du Dakota du Nord, afin d’assouvir sa passion du base-ball. Et comme il le dit lui-même, « une expérience en appellant une autre, » il s’est ensuite envolé pour l’Australie, toujours pour y jouer au base-ball.
« Là-bas j’ai fait des contacts et j’ai eu une opportunité pour entraîner une équipe en France, je suis donc parti en France pendant un an, » raconte le jeune homme rentré au Canada depuis mais qui se prépare à repartir en France, pour y entraîner une équipe de base ball et surtout pour y étudier. « Voyager comme je l’ai fait m’a permis de baigner dans d’autres cultures, de m’enrichir mais aussi d’apprécier davantage mon environnement, l’endroit d’où je viens, » confie Daniel. « Partir à l’étranger, c’est avant tout un état d’esprit. Je le fais parce que cela m’apporte quelque chose sur le plan personnel plus qu’un résumé.J’ai des amis qui voyagent comme des consommateurs, en essayant d’en voir le maximum mais en perdant l’essentiel, le rapport avec les gens, l’apport culturel, les valeurs. Ça dépend de ce que tu veux ramener de tes expériences, des photos ou des valeurs ? »
Reste que les jeunes Canadiens ne sont pas les seuls à mettre le cap sur l’étranger. « Nous constatons que de plus en plus de personnes approchant de la retraite se tournent vers ce genre d’expériences,» note Jeff Minthorn. « Ce sont souvent des gens qui ont passé leur jeunesse justement à sécuriser leur emploi, à construire leur vie et qui, parce que leurs enfants sont à l’université ou dans la vie active et que leur maison est payée, ont envie de s’investir autrement. » De quoi donner un sérieux coup de vieux à l’adage selon lequel les voyages forment la jeunesse…