Devant les circonstances politiques au Québec, j’ai cru que ce serait une bonne idée de faire une chronique sur le sujet. Ce sera fort probablement ma dernière sur la politique québécoise pour quelque temps. À moins que…
J’allais dire à moins qu’il y ait un référendum sur la souveraineté du Québec. Mais ne vous en faites pas. Il y a autant de chance qu’il y ait un référendum dans le présent mandat du nouveau gouvernement péquiste qu’il y en a qu’un des véhicules Rover de la NASA découvre de la vie sur la planète Mars. Donc, ce n’est pas demain la veille que l’on verra le Québec, et par ricochet le reste du Canada, plongés dans une campagne référendaire. Il faut quand même bien se rendre à l’évidence. Si les électeurs québécois ont donné au Parti Québécois une si faible minorité alors que la formation faisait face à un gouvernement fortement impopulaire, il est difficile de croire qu’un référendum pourrait être gagné par les forces souverainistes.
Dans leur sagesse habituelle, les électeurs ont pour ainsi dire choisi le changement dans la continuité. On ne doit donc pas méprendre le désir de renouveau pour une permission de briser la relative paix constitutionnelle qui existe au Québec depuis la fin des années 90. Toutefois, il n’ y a aucun doute qu’un changement dans le ton des relations fédérales-provinciales est à prévoir. On serait surpris si un gouvernement du Parti Québécois n’y allait pas avec une certaine ardeur pour créer les fameuses conditions gagnantes qui paveraient la voie à une victoire plus décisive lors du prochain rendez-vous électoral. L’autre aspect de cette élection que je retiens c’est que la dégringolade annoncée pour le Parti libéral du Québec ne s’est pas matérialisée, bien au contraire.Avec un point de pourcentage de différence dans les votes obtenus, la formation de Jean Charest a, tout compte fait, très bien tiré son épingle du jeu. Elle formera une opposition officielle forte avec des membres d’une grande expérience parlementaire et des affaires de l’État.
Finalement, plusieurs se sont encore une fois empressés de pointer du doigt les sondeurs. C’est un peu comme cela est arrivé après les élections en Alberta plus tôt cette année. Mais attention! Avant de jeter la pierre aux sondeurs, il faut bien analyser ce qu’ils prévoyaient dans les jours précédents les élections. Au fil d’arrivée, les résultats n’étaient pas bien loin des derniers sondages. Les sondeurs avaient en fait pris soin de noter la volatilité de l’électorat et le haut niveau d’indécis. On disait même que cela reflétait le fait que plusieurs électeurs aux allégeances envers le PLQ hésitaient à se commettre devant les sondeurs.
Il semble que c’est ce qui s’est passé. Et le Parti Québécois et la CAQ ont obtenu le résultat prévu par deux sondeurs. La différence pour le Parti libéral, qui explique fort probablement son succès relatif, c’est qu’il a obtenu de quatre à cinq pour cent de plus que ce que prévoyaient les sondages. Un autre facteur qui a sans doute contribué au succès du PLQ est sa plus grande expérience dans la gestion du jour du vote.
En politique, le jour J, comme on l’appelle, est d’une très grande importance stratégique. La capacité d’identifier ses supporteurs et de s’assurer qu’ils votent le moment venu exige des ressources importantes et une équipe chevronnée. Nul doute que le PLQ avait les deux. Pour sa part, la Coalition Avenir Québec, une formation née il y a moins d’un an, a de toute évidence connu des défis à cet égard. Mais la grande gagnante des élections au Québec a été la démocratie avec près de 75 pour cent des électeurs se prévalant de leur droit de vote.