Le Parti libéral du Canada annonçait récemment que le nom de son prochain chef sera connu le 14 avril prochain. C’est près de deux ans après le départ du dernier chef en titre, Michael Ignatieff. On a finalement établi la destination de la longue route vers une permanence à la chefferie.
Depuis 2006, lorsqu’elle a perdu le pouvoir aux mains des troupes de Stephen Harper, la formation plus habituée au pouvoir qu’aux banquettes de l’opposition, a amorcé une longue traversée du désert. Et comme toute formation politique elle aspire bien sûr à former un gouvernement. Dans les circonstances actuelles, il est difficile de voir comment, à moyen terme, elle pourrait y arriver.
Outre ce détail qu’elle n’a pas de chef permanent depuis un bon moment, elle ne semble pas arriver à obtenir quelque traction que ce soit dans l’arène des politiques publiques. Pour un parti qui a quand même été longtemps aux premières loges de réformes importantes, c’est une situation pour le moins désolante.
Et c’est un peu le défaut des rumeurs qui courent au sujet du prochain chef potentiel. Il semble que ce qui anime les membres du parti en premier lieu est de trouver la personne qui les fera ga-gner plutôt que celle qui réussira à prendre le temps pour rebâtir la formation et lui donner un sens dans le paysage politique actuel au Canada.
Cette idée de trouver « le sauveur » capable de rapidement ramener le PLC sur les banquettes du pouvoir a son lot de risques pour l’heureux élu en avril prochain. Si vous suivez un tant soit peu l’actualité politique, vous aurez rapidement constaté que cette recherche du faiseur de miracles braque les projecteurs sur une personne en particulier : Justin Trudeau.
En fait, depuis son arrivée à la Chambre des communes en 2008, son nom est en haut de liste comme favori. Son nom, on le sait, résonne avec une période de succès électoraux que de nombreux partisans et nostalgiques du règne de son père souhaitent profondément revivre plus tôt que tard.
Sa décision en dira long sur l’avenir du parti. Si c’est non, le message sera clairement qu’il ne voit pas comment le PLC peut reprendre du galon avant plusieurs années. On peut parier au moins deux à trois élections. Dans ce scénario, il serait non seulement relégué aux banquettes de l’opposition pour un bon moment, mais en plus, il verrait son équipe sénatoriale considérablement amoindrie. C’est important puisque la Chambre haute du Parlement lui a toujours permis une base opérationnelle politique stratégique lorsqu’il ne forme pas le gouvernement.
Tout repose bien entendu sur la prémisse qu’il est le seul capable de remettre le navire libéral en état de faire face de façon sérieuse aux troupes conservatrices. Pour ce faire, le PLC doit absolument retrouver ses lettres de noblesses au Québec tout en consolidant sa base ontarienne. Dans le premier cas, il n’y a rien d’acquis d’avance pour Trudeau dont le nom ne laisse personne indifférent dans une province maintenant dirigée par un gouvernement souverainiste.
Son défi, advenant qu’il devien-ne chef, sera aussi de déloger le Nouveau Parti Démocratique qui a explosé sur la scène québécoise l’an dernier et qui est maintenant dirigé par un député du Québec.
Ultimement, cette bataille sera gagnée par le chef du parti qui pourra énoncer une vision qui puisse convaincre les électeurs qu’il s’agit bel et bien d’un premier ministre en attente.
Pour y arriver, il me semble que Justin Trudeau a tout un défi devant lui. A ce jour, ses déclarations au sujet des politiques publiques qui le motivent ont été, c’est le moins que l’on puisse dire, d’une inspiration limitée.
Ceci dit, ma prédiction c’est qu’il sera de la course avec une annonce dans quelques temps, en octobre.