Photo courtesy La Maison de la Francophonie de Vancouver.

La rubrique Espace francophone s’intéresse aux acteurs de la francophonie en Colombie-Britannique. Cette semaine, nous participons au débat cherchant à situer le cœur géographique de la communauté, revendiqué par Maillardville mais contesté par certains qui lui préfèrent la Maison de la francophonie.

Dans un symposium organisé par SFU le 26 septembre dernier, les spécialistes de la francophonie revenaient sur l’un des principaux défis auxquels doit faire face la communauté de la province : la dispersion des francophones à travers la province. Pour eux, pas de Chinatown en français, pas de quartier dédié spécialement à l’épanouissement de la vie dans leur langue et dans lequel les écoles, les bibliothèques et les centres culturels ne connaitraient d’autre langue que la notre.

Photo courtesy Centre francophone de Maillardville

A ce symposium fut abordé la question de Maillardville, considérée comme un symbole par les francophones de la côte ouest. Maurice Guibord, spécialisé dans les recherches historiques et grand connaisseur de la francophonie provinciale, expliqua que si le quartier avait effectivement été le cœur géographique de la communauté pendant des décennies, cela n’était malheureusement plus le cas aujourd’hui : L’arrivée de nouveaux immigrants parlant d’autres langues, l’anglicisation du quartier et la hausse des prix du logement ont contribué à déplacer les francophones de Maillardville vers d’autres parties de la province et à faire éclater ce qui était la plus grande communauté francophone de C.-B.

A la question de la Source
« Si Maillardville ne peut plus se revendiquer le cœur de la francophonie en C.-B., où se situe-t-il désormais ? » M Guibord nous répondit « Aujourd’hui, là où les institutions se sont regroupées en plus grand nombre, je dirais donc à la Maison de la francophonie »

Fondée en 1988, la Maison de la Francophonie regroupe quatorze organismes aussi divers et variés que la Chambre de commerce francophone de C.-B. et le Théâtre de la Seizième, la Fédération des francophones de C.-B. ou encore Réseau Femmes C.-B. Véritable centre communautaire, la Maison est unique dans la province par le nombre et la variété des opportunités qu’elle offre aux francophones. Mais de là à la considérer comme le cœur géographique de la francophonie… La question méritait d’être posée à la Société Francophone de Maillardville (SFM).

Pour cette communauté qui à célébré ses 100 ans d’histoire en 2009, la remise en question du rôle de Maillardville dans la francophonie sonne douloureusement à l’heure ou des efforts gigantesques sont déployés pour faire vivre et fleurir le français sur les bords du Fraser. Car Maillardville, il ne faut pas l’oublier, c’est aussi le Festival du Bois, reconnu comme le plus grand événement culturel francophone de la province, ou encore le titre de « Capitale culturelle » décerné à Coquitlam par Patrimoine canadien. La SFM en elle-même fut créée en 1983 et regroupe neuf organisations francophones, locales comme les scouts francophones de Maillardville et le Club Bel-Age.

Pour Gretta Bissa, membre de la SFM, hors de question de retirer à Maillardville son statut de cœur de la francophonie :

« Au contraire, la communauté est très vivante ici, il reste encore de nombreuses maisons historiques, et la vitalité démographique nous permet même d’espérer obtenir l’ouverture d’une nouvelle école francophone en partenariat avec le Conseil scolaire francophone pour fin 2013 » et d’ajouter que dans le cadre de revitalisation de Maillardville-Coquitlam, des gros efforts sont fait pour restaurer le quartier et y attirer les entrepreneurs de langue française, le tout sous la houlette énergique de Johanne Dumas, présidente de la société.

Si la Maison de la francophonie ne manque pas d’atouts en tant que capitale administrative de la francophonie de C.-B., il faut bien reconnaitre que le cœur et l’âme de la communauté res-tent encore bien implanté sur les bords du Fraser. Vainqueur de cœur, Maillardville.