Avec un saumon royal pour emblème, on pourrait croire que thetyee.ca n’est pas un site d’information réputé pour son sérieux. Et pourtant. Cette espèce de poisson, comme logo, (« tyee salmon ») n’est là que pour rappeler que ce site est enraciné dans la province de Colombie-Britannique, connue dans le monde entier, comme chacun sait, pour son saumon sauvage, rouge écarlate, symbole de sa vitalité et preuve de sa combativité pour remonter les courants, à la différence de ses congénères d’élevage.
« En novembre 2003, The Tyee débuta sa nage à contre-courant de la tendance des médias de nos jours », explique dans un éditorial le rédacteur en chef et fondateur David Beers. « Nous sommes indépendants et la propriété d’aucun grand groupe » et comme le « tyee salmon », « nous sommes libres de vagabonder et d’aller où nous voulons », peut-on lire dans cette déclaration solennelle qui cadre assez justement avec la métaphore de la liberté et de l’indépendance de la presse. Car c’est grâce à son indépendance que le site s’est illustré, notamment en publiant des points de vue qui n’avaient pas droit au chapitre dans les médias généralistes et en « faisant la lumière sur des enjeux de la province que les grands médias ignorent ».
Depuis, les autres médias n’ont guère eu d’autres choix que de lui faire de la place. Le quotidien national, The Globe And Mail de reconnaître que The Tyee a produit parmi les meilleurs reportages d’investigation de Colombie-Britannique. Et en 9 ans, le site s’est distingué pour ses reportages de haut calibre, avec douze prix à son actif. Parmi les sujets traités, rien n’est laissé de côté : de la politique à la culture et aux arts, à la littérature, en passant par l’économie.
Et l’une de ses forces est sa rubrique Mediacheck, qui passe au tamis les pratiques dans les médias et soulève des contradictions. À l’instar de son article récent sur le projet d’Open Data de la province, qui, prévient l’auteur, n’est peut-être que de la poudre aux yeux pour ceux qui attendent de la transparence et des données sur la gouvernance publique (« Open Government ? The Dangerous Distraction of Faux Transparency »). Son impertinence se mesure également à sa capacité à donner la parole à Vancouver à des sonneurs d’alarme, sur d’éventuelles fissures de pipeline à Calgary et à enclencher des enquêtes solides sur la question.
Et pour les nouvelles toutes fraîches, le site a créé parallèlement un fil de breaking news, appelé The Hook, sur lequel les journalistes réagissent à chaud à l’actualité. Malgré tout, pour continuer de se développer, le site cherche toujours investisseurs et annonceurs pour sa longue liste d’enquêtes toujours en attente de financement. Longue vie au Tyee !