Ça y est. C’est fait. Nous nous en doutions et maintenant nous en avons la preuve. C’est confirmé. Lance Armstrong est un tricheur et un menteur. Il fallait des preuves. Elles sont arrivées comme un pavé dans la mare, avec de grosses éclaboussures.
De la plus haute marche du podium où, à grands coups de pédales il s’était hissé, voilà maintenant notre champion tombé dans le sous-sol de la honte au fin fond de nos désillusions. Quel cave. Un héros déchu. Des fans déçus. Lance Armstrong : le lent déclin. De héros à zéro.
Les médias, quels qu’ils soient, ne l’épargnent pas depuis la sortie du rapport de l’agence américaine antidopage (Usada) qui l’implique dans le « programme de dopage le plus sophistiqué de l’histoire du sport ». Ses anciens coéquipiers lui ont joué un mauvais tour. Ils ont avoué et l’ont dénoncé. Ses sponsors, les uns après les autres, lui faussent compagnie. L’ancien roi du vélo doit se sentir bien seul ces jours-ci. Et que dire du cyclisme professionnel? Il ne se passe pas une année sans histoire de dopage. La liste des coureurs testés positifs à L’EPO, entre autres, est interminable. Et pendant toutes ses années de gloire, Lance Armstrong a réussi, avec la complicité de quelques responsables du cyclisme et l’appui de certains commanditaires, à déjouer les dépistages. Ce n’est pas de courage, mais d’endurance dont il a fait preuve. Il se croyait, lui le grand champion, intouchable, invincible. Il avait toujours une longueur d’avance dans cette épreuve de vitesse contre les agences antidopage. Une course contre la montre était engagée et lui, le grand spécialiste, ne pouvait perdre. Il était certain de terminer premier au fil d’arrivée. Mais voilà, l’Usada l’a rattrapé. Essoufflé, découragé, le feu « sept fois vainqueur du tour de France » est contraint, semble-t-il, à l’abandon. Épuisé par les soupçons qui depuis des années pèsent sur lui, ainsi que par les accusations de dopage à chaque fois démenties, auxquelles il doit continuellement faire face, Armstrong, finalement se résigne. Il a compris que la partie était perdue. Il ne fera pas appel. Le tour est joué. Les carottes sont cuites. Le peloton l’a lâché en pleine descente vers son enfer. Sa cote a baissé et il est difficile de prédire quel tournant va prendre sa vie.
Il est désormais isolé. Va-t-il se relever de cette terrible chute? Pourquoi pas ? Cet homme a du ressort. Au milieu de tout ce grabuge, il ne faut pas oublier qu’il a fait rêver bien du monde. On ne peut ignorer, non plus, le rôle énorme qu’il a joué avec son œuvre de charité Livestrong dédiée à la lutte contre le cancer. Des sommes importantes ont été amassées grâce à son dévouement pour cette cause. Sa contribution ne peut être négligée. Et puis, que celui qui n’a jamais triché, qui n’a jamais menti, qui n’a jamais volé, lui lance (sans jeu de mot) la première pierre.
Doit-on le plaindre ? Certainement pas. Doit-on le clouer au pilori ? Je ne pense pas. Certainement, sous peu, destitué de ses 7 titres de vainqueur du Tour de France (1999–2005) et peut-être même de sa médaille de bronze gagnée aux Jeux olympiques de Sydney, Lance Armstrong n’est pas au bout de ses peines. Est-ce que le jeu en valait la chandelle ? Pour le moment, le champion dopé garde le silence. À ce jour (19 octobre), il n’est pas encore passé aux aveux. Ça viendra. Les charges sont trop lourdes. Les preuves sont accablantes.
À un moment ou à un autre il devra baisser les bras. Les fleurs de ses nombreux bouquets sont fanées et piétinées. Maman, maman, Lance passe par un mauvais moment. À la lumière de ce dérapage mal contrôlé, nous sommes en droit de nous demander, pourquoi le test antidopage ne s’arrête qu’à la gente sportive. Pourquoi ne pas l’appliquer au monde de la politique ou à d’autres professions dont les décisions ont de sérieu-ses répercussions? Par exemple, pourquoi ne pas procéder à une analyse d’urine des candidats qui se présentent aux élections ou encore, aux médecins avant une opération? Pourquoi ne pas faire des tests de dépistage antidoping après un débat des chefs politiques ou avant qu’un juge de la Cour ne prononce sa sentence ? Et, finalement, histoire de faire le tour et de boucler la boucle, une dernière question que j’aimerais poser à Lance Armstrong : le flacon d’EPO était-il à moitié vide ou à moitié plein ? Répondre par positif ou négatif.