Certains partisans libéraux du pays en auront plein les bras au cours des prochains mois. Ils devront en effet choisir trois nouveaux chefs pour leur formation politique. Une situation embarrassante qui aurait pu facilement être évitée.
La vie n’est pas facile pour les leaders des différents partis libéraux ces temps-ci. Après le départ de Jean Charest au Québec, voici que le chef libéral en Ontario, et premier ministre, Dalton McGuinty vient d’annoncer qu’il lance la serviette.
Et, comme on le sait, les temps sont durs pour la chef des libéraux de la Colombie-Britannique. C’est sans compter la scène fédérale où le Parti libéral cherche à revivre ses belles années depuis sa défaite de 2006.
Justement, la démission de McGuinty du Parti libéral de l’Ontario a mis le feu aux poudres de la machine à rumeurs. Ira ou n’ira-t-il pas au fédéral ? En fait, son nom circule depuis de longs mois comme candidat potentiel. Il n’y a aucun doute qu’il aurait l’organisation et les fonds nécessaires s’il décidait de faire le saut.
En fait, son arrivée dans la course la rendrait instantanément beaucoup plus intéressante. Avec seul Justin Trudeau ayant officiellement franchi la ligne de départ, le parti fédéral aurait tout à gagner d’une course qui puisse provoquer un brassage d’idées. Une candidature de McGuinty viendrait rendre beaucoup plus difficile la vie à Justin Trudeau, seul porte-étendard à ce jour.
Parfaitement bilingue, Dalton McGuinty a, du moins sur papier, le pédigrée presque parfait. Il pourrait aussi facilement miser sur une équipe chevronnée bâtie au fil des ans alors qu’il dirigeait les destinées de la province la plus populeuse. Il a aussi une bonne maîtrise des dossiers nationaux ayant joué un rôle important dans le Conseil de la Fédération, ce club des provinces mis sur pied par Jean Charest avec l’aide de McGuinty. Bref, il a tout du candidat idéal. Mais…
Les circonstances actuelles en Ontario militent fortement contre sa candidature. C’est sans compter que la transition de la scène provinciale à la scène fédérale n’a jamais été facile pour ceux qui ont tenté l’aventure. En fait le dernier qui a connu du succès est Sir Charles Tupper qui a été premier ministre en 1896. Depuis, quatre ont essayé mais n’ont pas réussi à répéter sur la scène fédérale leur succès au provincial.
Ensuite, il faut bien se rendre à l’évidence. Il quitte la direction de sa formation en Ontario parce qu’il a conclu qu’il n’est plus l’homme de la situation. Il serait difficile de voir comment les Ontariens le verraient différemment une fois passé dans le club fédéral.
Et, admettons-le, les militants du Parti libéral voudront d’un chef capable d’une percée importante en Ontario. Cette pro-vince est une poule aux œufs d’or en termes de sièges. Le pouvoir passe nécessairement par des gains importants là-bas. Il devra se demander si les Ontariens seraient capables de différencier son rôle dans les affaires provinciales versus une éventuelle arrivée au fédéral. Je doute que cela puisse être possible.
Mais son départ arrive à un bien mauvais moment pour le PLC. Voila qu’elle provoque une troisième course à la chefferie dans la grande famille libérale. C’est problématique à bien des égards. Les candidats dans les trois courses devront frapper aux portes des militants pour amasser les fonds nécessaires pour une campagne au leadership. Et le Québec et l’Ontario sont habituellement des terres fertiles pour ce faire. Avec des campagnes au lea-dership dans les deux provinces, les bonzes du parti fédéral doivent mal contenir leur insatisfaction. Les personnes qui sont habituellement tentées de contribuer financièrement aux campagnes au leadership chez les libéraux sont franchement tiraillées par trois campagnes simultanées.
Toutefois, les libéraux fédéraux n’ont qu’eux-mêmes à blâmer ayant attendu si longtemps pour finalement donner le signal de départ à leur course. Cette course aurait bien pu être chose du passé à l’heure actuelle si les dirigeants de la formation n’avaient tergiversé si longtemps.