Alors qu’en compagnie de ma compagne, je profitais, avant l’arrivée prochaine de l’hiver, de mes derniers jours à la campagne, mon attention s’est tournée vers d’autres campagnes, moins plaisantes mais plus prenantes : les campagnes politiques. Principalement, celles qui s’en viennent. Aux Etats-Unis, nous le savons, en cette journée même où votre bimensuel favori sort son édition, l’affaire est maintenant dans le sac. Les résultats, toutefois, à l’heure où j’écris, ne sont pas encore connus. Donc, pas question pour moi de les commenter. Dommage, car cette élection présidentielle ne m’a pas laissé indifférent. Je ne pense pas être le seul dans ce cas. Normal. Ses répercussions et ses implications ne sont pas sans conséquences à l’échelle internationale. Bonne raison pour la prendre au sérieux. Ce à quoi je m’attelle immédiatement.
En effet, cette campagne électorale américaine qui vient de prendre fin, ainsi que les diverses courses au leadership dont nous serons les témoins au Canada (pensons au parti libéral fédéral, parti libéral de l’Ontario et les élections provinciales en Colombie-Britannique), m’ont permis de réfléchir sur un sujet qui m’importe : la question du leadership. De quoi est fait un vrai leader, un grand leader ?
En somme : y a-t-il une recette, non pas de chef, mais pour être chef ? La réponse est oui. Je me suis donc donné la peine de faire une recherche, pas trop profonde (pour éviter de me noyer) sur la question. J’ai consulté des experts habitués aux grands débats afin d’arriver à des compromis satisfaisants. J’ai finalement dégagé quelques éléments qui m’ont aidé à établir plusieurs recettes, quelques unes simples, d’autres simplistes. Je vous les livre gratuitement et grâcieusement pour aider ceux et celles qui brigueraient le suffrage universel.
Je vous propose tout d’abord une recette pour chef local intitulée Canapé aux échevins municipaux. Vous pourriez à la limite remplacer les échevins par des anchois. Personne ne vous en tiendra rigueur et surtout personne ne s’en apercevra.
Il suffit d’installer l’élu municipal sur un canapé. De le laisser s’allonger, puis dormir deux ou trois ans sans changer de position et de le réveiller au moment des élections. Le jour du scrutin il sera fin prêt. Lentement, laissez-le sortir de sa coquille. Il devrait passer d’une personne amère à maire sans trop de difficulté. Petite note : vérifier, dans la mesure du possible, ses débordements, le succès pouvant lui monter à la tête.
Autre recette suggérée : La coqueluche provinciale. C’est une sorte de ragoût sans goût. Pour la réussir vous avez besoin d’un cœur d’artichaut et de quelques larmes de crocodile car il est nécessaire, lorsqu’on accède au poste de Premier ministre provincial, de jouer très fort sur les sentiments. Ce n’est pas donné à n’importe qui. Il ne faut surtout pas croire que cette recette est facile. Loin de là. Souvent ignorées, les femmes ont attendu longtemps avant que la mayonnaise ne prenne. Ce n’est, dernièrement, qu’en Alberta et au Québec que les femmes ont réussi leur sauce. Les hommes, par contre, tombent continuellement comme un cheveu sur la soupe et ils finissent toujours par mettre les pieds dans le plat. Étant plus complexe et plus riche, cette recette ne s’adresse pas à ceux et à celles qui ont un taux de cholestérol élevé ou de l’hypertension. Pour obtenir le meilleur résultat, vous aurez aussi besoin d’une bonne dose de patience et du culot à profusion. Une grande bouteille d’oxygène (car il faut être gonflé) devrait accompagner le tout. « Bonne à petit » m’aurait dit, pour conclure, ma mère qui était femme de ménage.
Et enfin le plat de résistance : Tarte à la crème de la crème du chef suprême. Pour cette recette, vous n’aurez pas besoin de sauver les apparences. Il vous faut avant tout un égo aussi large que la bouche d’un égout. Assurez-vous ensuite d’y ajouter une bonne tasse d’arbitraire accompagnée d’une arrogance sans égale. Parlez ensuite de démocratie par pure démagogie. Démocratie que vous aurez pris soin d’écraser le moment venu si cela n’a pas été fait auparavant. Ramassez au passage quelques feuilles de laurier dans l’espoir qu’un jour elles vous servent de couronne. Et, oui, le pire c’est l’empire, disait César qui venait de finir sa salade. Mais là, Oh ! Grand chef suprême (vous allez me prendre pour une tarte), à ce stade-ci vous connaissez la formule. Vous possédez la recette. Vous n’avez plus besoin de moi. Je m’évapore à feu doux.
Quant au peuple, il attend que la moutarde lui monte au nez avant d’y rajouter son grain de sel. Raison de plus pour le prendre avec des pincettes ou des baguettes.