Dans quelques jours, 240 millions d’électeurs américains seront invités à se rendre dans les bureaux de scrutin de leur État respectif pour choisir leur Président.
Ces citoyens des États-Unis d’Amérique feront leur choix dans une atmosphère on ne peut plus confuse, grâcieuseté d’une cacophonie de messages publicitaires ayant atteint des niveaux records. Ceux qui ne sont pas encore sous l’emprise d’un cynisme de plus en plus présent dans le monde politique auront bien du mal à lui résister.
Bien que le nom États-Unis d’Amérique évoque un regroupement d’États tous unis dans un ensemble commun, qui aussi suggère une quelconque égalité, il n’en est rien. Quand vient le temps de choisir le prochain locataire de la Maison-Blanche, certains États pèsent plus lourd dans la balance. En fait, une poignée de ceux-ci sont déterminants dans la route vers la victoire.
On pense bien sûr à la Floride, New York, la Californie et le Texas qui à eux seuls valent pour plus du quart des grands électeurs. Ceux-ci sont déterminants. Car, faut-il le rappeler, il ne s’agit pas pour Barack Obama ou Mitt Romney d’obtenir le plus grand nombre de votes. Ce qu’ils doivent accomplir pour arracher la victoire c’est d’arriver au chiffre magique de 270, le nombre de grands électeurs requis pour obtenir la majorité. C’est le système mis en place dans la Constitution américaine par les fondateurs des États-Unis pour en arriver à un compromis entre un président choisi par le Congrès ou par l’appui populaire des électeurs. On a choisi un système mettant en vedette les deux.
Le résultat dans au moins deux de ces grands États sont déjà acquis à l’un ou l’autre. La Californie votera Obama et le Texas pour Romney. L’État de New York ira fort probablement pour Obama. Sa performance de gestion de crise suivant la tempête Sandy devrait lui être bénéfique. La Floride sera à surveiller.
Reste que bien des observateurs s’entendent une fois de plus pour dire que l’Ohio, avec ces 18 grands électeurs, pourrait bien décider du sort de ces élections présidentielles. Cet État l’a fait au cours des onze élections présidentielles précédentes. Ses électeurs sont donc particulièrement cajolés durant les campagnes électorales. Et, si l’on se fie à l’orgie de dépenses publicitaires dans cet État, la course est corsée. Il y a tout à parier que ses citoyens doivent en avoir royalement marre des messages publicitaires qui les bombardent continuellement.
Imaginez un instant une campagne électorale provinciale durant laquelle les ondes seraient prises d’assaut par les deux principaux protagonistes. Je sais que l’on est déjà soumis à des messages électoraux en campagne. Mais, nous sommes encore très loin de pouvoir un instant rivaliser avec les incessants messages publicitaires que nos voisins du sud doivent subir.
Revenons-en à l’Ohio, par exemple. On rapporte que dans le dernier mois seulement, plus de 58 000 messages ont été mis en ondes. À 30 secondes chacun, cela veut dire que s’ils étaient diffusés sur une seule station, elle n’aurait diffusé que des messages électoraux pendant 20 jours. La facture pour cette opération de charme : 128 millions de dollars, dit-on. Sur la scène nationale, l’obscénité de la chose est encore plus grandiose avec 915 000 messages publicitaires, rapporte le Wesleyan Media Project.
Certains y verront un signe de la santé démocratique. Pour ma part, j’y vois plus un inquiétant signe d’une santé financière des partis politiques américains qui frôle l’indécence.