Vancouver. A l’origine, cette ville ne faisait pas partie de mes plans. Honnêtement je ne sais correctement la situer sur une carte que depuis trois ans, essentiellement grâce aux derniers Jeux Olympiques d’hiver qui s’y sont déroulés. Il faut l’admettre, la façade pacifique du Canada reste encore un mystère pour la majorité des Français et l’idée du Québec est rassurante, on y parle français, et nous sommes « liés ». Mon arrivée au Canada s’est donc faite dans la « province de nos cousins », précisément à Montréal.
Le premier réflexe, qu’on le veuille ou non, c’est de comparer. Tout envisager en fonction de ce qu’on connaît, et plus simplement pour moi à la France. A mon sens, rien de malsain, besoin de nouveaux repères dans un pays étranger afin de mieux apprivoiser l’inconnu.
Après plusieurs mois à Montréal, l’idée de découvrir le Canada a parcouru le chemin que j’avais déjà longtemps imaginé, et le départ était décidé. La réflexion sur l’issue du road trip dessinant quant à elle une installation sur Vancouver, cette ville entre océan et montagnes dont j’avais entendu tant de bien.
Après l’été, la transcanadienne m’accueillait donc pour de nouvelles aventures et de nombreuses découvertes. Entre petites villes, capitales provinciales, parcs nationaux, et grandes métropoles, le Canada, ce si grand pays, se dévoile sous de nombreuses facettes.
Chaque ville est différente, chaque province a sa propre identité, et Vancouver s’inscrit parmi elles comme toute particulière. Dans sa diversité culturelle si reconnue, mais pas seulement. Les frontières de la province franchies, on remarque déjà que plus aucune indication n’est faite en français, puis on découvre une ville aux airs plus américains. Bien évidemment, aucune autre grande ville du Canada ne jouit d’un tel panorama, mais sa distinction s’illustre au-delà.
Là encore, le naturel reprend ses droits, et immanquablement les comparaisons se font. Il ne s’agit pas de déterminer ce qui est mieux ou moins bien, simplement d’identifier les différences, cette phase d’observation que chacun met à profit afin de trouver sa place. Cependant, le postulat de départ n’est plus la France, mais Montréal, simplement parce que Montréal est au Canada. Après y avoir vécu plusieurs mois, je sais bien que le Québec est une entité à part, francophone, et une population se voulant québécoise avant d’être canadienne. En revanche, que ce soit en version anglophone ou francophone, les Canadiens ou Québécois sont tout aussi ouverts, avenants et disciplinés.
Mon « erreur » aura été de penser, en vertu d’une logique géographique et nationale, que les choses seraient comparables. A peine avais-je ouvert la bouche que je comprenais le contraire.
Mon premier contact avec les Canadiens m’a fait sourire : on me demande si je suis une Française de France ou du Québec ! Là est déjà toute la différence avec le Québec où mon accent français aurait fait mouche et permis l’identification de ma nationalité en deux mots. Ici aussi je suis surprise, mon accent amuse et les Canadiens s’essaient tous à leur petite phrase de bienvenue ou de remerciement dans la langue de Molière.
A Montréal, l’accent français n’a plus vraiment les attributs séducteurs qu’on lui reconnait parfois, les Québécois étant envahis par ces Français à l’esprit parfois conquérant et qui par simple similitude de langue transposent leurs habitudes et croyances. Ici, le français ne semble pas vraiment « compter », ce qui confère quelque part encore un caractère « exotique » à la France à l’image des autres pays que Vancouver accueille. Les Français deviennent des visiteurs comme les autres, si ce n’est plus inhabituels que ceux des pays asiatiques.
Et à l’inverse de Montréal, malgré le fait que le français demeure une langue officielle du pays, le bilinguisme sera différent : ici, l’anglais se double d’une langue asiatique.
La petite Française que je suis se fond dans la masse, la mixité de la population ayant raison de ma nationalité.
La diversité d’origines refaisait plus concrètement surface dès la province de l’Alberta, mais arrivé à Vancouver, on se rend compte de la terre d’accueil particulière qu’elle constitue.
Si Montréal attire beaucoup de Français, les capitales des provinces des Prairies sont majoritairement boudées par les non Canadiens. Ici, les rencontres dépassent les frontières, Vancouver invitant l’Asie, l’Afrique et l’Australie à notre table.
Un passage ne permettra jamais de définir les provinces, une vie elle-même ne suffirait probablement pas. Néanmoins une chose est certaine, Vancouver n’est pas le Canada, c’est un Canada que l’on ne retrouvera pas par delà les frontières de la province.
Si tu vas à Toronto tu trouveras encore plus de mixité qu’à Vancouver. Si tu te balades dans le pays tu verras qu’au contraire les immigrés choisissent de plus en plus les prairies (j’y vis) et l’ouest en général. Vancouver est extrêmement mais à l’exception des maritimes, c’est tout le pays qui se métisse de plus en plus. Reste la question à 500 $, c’est quoi le Canada ?