Vers une réorganisation de la francophonie ?

Christian Francey. Photo par Jean-Baptiste Lasaygues

C’est un « projet ambitieux » pour Christine Sotteau, Directrice générale sortante (DG) de la Fédération des francophones de Colombie-Britannique (FFCB), « une idée qui pourrait faire évoluer la Francophonie » pour Réal Roy, président du C.A. Le 18 novembre dernier, lors des rendez-vous des présidents et présidentes de la FFCB, M Christian Francey, Directeur général de la Société des Francophones de Victoria présentait un projet ayant pour but de restructurer profondément la francophonie provinciale.

Le point central de cette réorganisation serait la création d’une structure qui regrouperait l’ensemble des acteurs francophones existants, et qui remplacerait les organismes communautaires actuels pour une meilleure efficacité. Son siège serait situé à Vancouver, et des succursales indépendantes mais supervisées par la nouvelle structure seraient implantées partout dans la province, là ou les besoins francophones sont spécifiques.

La Source: Que vous inspire l’état de la francophonie aujourd’hui, en Colombie-Britannique ?

Christian Francey: Je crois beaucoup en « l’union fait la force », mais tout ce qu’on fait (Ndlr : nous les francophones), on le fait chacun dans notre coin. Quelque part, nous sommes les employés de Patrimoine canadien, et on fait le travail sur le terrain. Nous n’avons pas la force d’impact que l’on pourrait avoir si on travaillait ensemble, au lieu de se disputer les financements les uns les autres.

L.S.: Dans la présentation de votre projet, vous demandez de penser « business » et force d’impact, la communauté doit-elle plus se montrer ?

C.F.: Si les francophones travaillaient tous ensemble, si on était plus solidaires, automatiquement on aurait une meilleure visibilité au niveau de la province. Les anglophones sont ouverts à la culture francophone, les écoles d’immersion débordent. Je suis fier du travail du Conseil scolaire francophone qui arrive à ouvrir de nouvelles écoles. Il y a un engouement à ce niveau là, mais si on travaillait plus ensemble, on aurait un meilleur impact.

L.S.: Comment vous est venue l’idée de réorganiser la francophonie ?

C.F.: L’idée m’est venue en novembre 2011, elle me vient du fait que j’ai beaucoup travaillé à organiser des entreprises, à aider des petits entrepreneurs à se développer et à adopter ce qui se faisait dans des grosses chaînes.

L.S.: Quel à été l’accueil de la part de la communauté ?

C.F.: J’ai reçu beaucoup de critiques, du positif mais aussi du négatif, et j’aime avoir des critiques négatives, car elles permettent de soulever les problèmes qui se posent et d’avancer. On doit être capable d’y répondre pour progresser.

L.S.: Quel nom donneriez vous à la nouvelle structure que vous proposez pour chapeauter la francophonie ?

C.F.: Je n’en ai aucune idée, parce qu’au niveau légal, ça pourrait être la FFCB comme ça pourrait être tout à fait autre chose. Comme je ne sais pas encore quelle structure juridique pourrait être adoptée, il y a beaucoup de recherches à faire de ce coté là.

L.S.: Donc cette transition qui va avoir lieu à la tête de la FFCB avec le départ du DG Christine Sotteau arrive à point nommé ?

C.F.: Pas du tout, car je pense que Christine aurait été une très bonne alliée là dedans, mais la réorganisation de la francophonie n’est pas le travail d’un DG. Le DG de la fédération a beaucoup d’autres dossiers et beaucoup d’autres priorités à traiter. C’est plutôt le travail de quelqu’un à coté de la fédération, avec un autre point de vue.

L.S.: Comment voyez-vous le membership de cette structure ?

C.F.: Vous savez, l’un des points déterminants lorsque l’on fait une demande de subvention, c’est le nombre de membres que compte votre association. Si on mettait au point un système de membership au niveau de la province, notre nombre nous garantirait de meilleurs résultats. En plus de ça, nos membres auraient plein d’avantages, comme par exemple un membre de Victoria qui part en vacances à Kelowna. Avec sa carte de membre, il pourrait assister aux spectacles et aux acti-vités là bas comme s’il faisait partie de l’association de Kelowna.

L.S.: Et sur le plan politique ?

C.F.: Aujourd’hui, les pouvoirs politiques font face à de gros dilemmes financiers. Si on peut démontrer aux gouvernements que les francophones sont capables de se prendre en main et de leur faire économiser des sous, je ne pense pas que ce serait vu d’un mauvais œil.

L.S.: Y-a-t-il un message particulier que tu aimerais faire passer à la communauté ?

C.F.: J’insiste particulièrement sur le fait qu’il s’agit d’une idée. Il y a énormément de travail à fournir et de choses à faire pour qu’elle se concrétise, et ça ne peut pas être fait pas un homme seul. En ce moment, de nombreuses associations francophones possèdent des conseils d’administration incomplets, recherchent désespérément des bénévoles pour les aider. En créant une telle structure, ce genre de problème serait de l’histoire ancienne.

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Lien vers la présentation ici.