Voilà c’est fini… Si l’on suit le calendrier Maya, ces paroles du chanteur Jean-Louis Aubert n’auront jamais été aussi vraies. A moins qu’on ne lise entre les lignes pour comprendre que tout n’est finalement qu’un perpétuel recommencement. En attendant retour sur les hauts et les bas de l’activité culturelle 2012. Le monde avance sous nos yeux de témoins. Cette année encore nous avons ouvert une fenêtre comme un objectif braqué sur la planète vancouvéroise sans cesse animée par le tourbillon de la diversité. En quelques 900 mots, voici ce que nous avons retenu de l’actualité à travers nos rencontres.
Arrêt sur image
Au début de l’année, Christine Sotteau, directrice générale sortante de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique, retenait une petite phrase pleine de sens lors du discours du Trône 2011 « les vraies solutions se trouvent dans les communautés. Nous sommes en voie de former une nouvelle francophonie, avec une identité en création. Car il n’y a pas une culture francophone, mais des cultures francophones. ». Témoin de cette francophonie en mouvement, nous sommes revenus sur les trente ans du drapeau franco-colombien célébrés cette année. Nous avons annoncé la possible fermeture de la Chambre de commerce francophone, par manque de bénévoles pour prendre la relève. D’un autre côté recevoir des services juridiques en français pour l’une des deux langues officielle du pays, n’est pas chose aisée. L’anglais est ainsi la seule langue dans laquelle peut se dérouler un procès et moins de 10% des professionnels du droit sont capables d’offrir un service francophone. Le secteur de la santé s’en sort mieux avec « quatre fois plus de médecins per capita parlant français ici, qu’au Québec » selon Louis Giguère, directeur de Réso-Santé.
Loin des clichés nos pages ont rappelé que la violence n’est pas une question d’origine ethnique mais de proportion comme l’a rappelé le professeur Rob Gordon « La Colombie-Britannique est grande comme la France avec la population de l’Irlande. Nous sommes une province très pacifique. »
Un autre regard
Une nouvelle fois classée première en terme de qualité de vie en Amérique du Nord, Vancouver est perçue comme un eldorado pour son ouverture d’esprit.
Difficile de passer à côté du 420 par exemple. L’air frais de l’océan mélangé à celui de la marijuana est une normalité vancouvéroise pour les habitants de la ville « à Vancouver tout est moralement plus acceptable. » L’Amsterdam café, y est d’ailleurs une institution et fumer de la marijuana n’est plus considéré comme de la délinquance juvénile mais plutôt comme une philosophie de vie.
A l’instar des cinquante nuances de Grey qui émoustillent en ce moment le monde littéraire, ce sont celle du bronzage que nous avons abordé durant l’été. Alors que les Africains sont adeptes de la dépigmentation, que les Asiatiques se cachent sous leurs immenses parasols pour éviter les rayons du soleil, et les Occidentaux quant à eux courent les salons de bronzage. Preuve que les canons de beauté sont loin d’être universels.
Nous avons aussi écouté Jihane, Ali et de Sohil nous raconter comment ils voient dans Vancouver une « ville de la tolérance ». Ici, ils vivent leur couple issus d’origine différentes au grand jour : « On n’a pas besoin de se cacher, on vit naturellement et franchement, les différences culturelles, on les a jetées à la poubelle ».
Enfin nous nous sommes étonnés de l’héritage des canadiens asiatiques et de la surprenante méconnaissance de la nouvelle génération chinoise. Intégrés dans la culture canadienne il ont souvent oublié les grands noms de leur origines. Du coté indo-canadien, un héritage fait l’unanimité dans les esprits : celui de Gandhi. Plus qu’un symbole, il reste une icône.
Avec un registre plus léger, nous avons retracé les petits et grands festivals de danse de théâtre mais aussi de cinéma avec un petit nouveau cette année, le festival canadien du film d’Asie du Sud qui nous a fait voyager au Sri Lanka, au Bhoutan, au Népal, en Afghanistan ou encore aux Maldives.
Apprendre du passé pour bâtir l’avenir
Nous avons donné la parole à des témoins de l’histoire qui, riches de leurs expériences, ont décidé d’élever la voix. C’est le cas d’Elie Wiesel, Prix Nobel de la Paix, rescapé d’Auschwitz et de passage à Vancouver et qui avait répondu à nos questions.Il nous avait d’ailleurs interpelé sur l’importance de la transmission aux jeunes générations « L’histoire que nous racontons appelle un passé terrible qu’il est nécessaire de rappeler pour faire naître l’espoir. On peut vivre sans amour, difficilement certes, mais pas sans espérances ». Car quiconque écoute un témoin le devient à son tour.
Dans un autre domaine, à Hogan’s Alley, le conteur James Johnstone est également un passeur d’histoires. Il écoute le bruit des maisons et puise dans leurs archives, pour raconter l’histoire des vies qu’elles ont abritées aux habitants ou même aux touristes de passage à Vancouver
La romancière et militante des Droits de l’Homme Maya Angelou venue elle aussi en octobre au Centre in Vancouver for Performing Arts partage cette idée de transmission. Même si elle regrette de n’avoir pas assez fait reculer la haine et la violence, elle reste persuadée c’est le dialogue et le lien entre les hommes qui fera avancer les communautés « nous sommes là pour écouter et comprendre les origines et le passé des gens. Car c’est l’histoire et les combats qui font l’être humain». En quelques sortes, mêler rire et rage pour faire passer ses constats à la fois amers et remplis d’espoir pour l’avenir.