La Colombie-Britannique compte 85 bureaux consulaires en son sein, or 54 d’entre eux sont dirigés par des consuls honoraires. En effet, réglementées par la Convention de Vienne de 1963, les relations consulaires distinguent deux statuts bien différents : les consuls généraux d’un coté et les consuls honoraires de l’autre. Mais alors quelle différence entre ces deux statuts ? « Les uns sont des fonctionnaires nommés et dépendants du Ministère des Affaires Étrangères de leur pays respectifs, ils sont rémunérés. C’est leur métier. Les consuls honoraires sont quant à eux bénévoles, ils représentent le pays qui les a nommé» nuance Jacques Becker consul honoraire de Monaco à Vancouver depuis 2008.
Les consuls honoraires installés à Vancouver sont le lien avec les ambassades basées à Ottawa. Car si la plupart des pays ont des ambassadeurs salariés basés dans la capitale, ils souhaitent une meilleure représentation à l’ouest du pays. Si certains pays, comme la France, ont décidé d’ouvrir des consulats avec un représentant salarié, d’autres choisissent cette option plus économique. Les candidats au poste de consul honoraire ont une activité professionnelle loin de la diplomatie à l’image de David Varty, avocat et consul honoraire du Sénégal.
Civil et diplomate
Les journées sont donc découpées en deux car « comme pour tout agenda c’est un suivi au quotidien : courriels, contacts divers, rendez-vous, représentation, etc … »
Par ailleurs, la durée de mandat d’un consul général est variable, généralement 3 ans alors que leurs homologues honoraires peuvent conserver le poste aussi longtemps que le pays qu’ils représentent, ou eux-mêmes, le souhaitent.
Le consul honoraire n’est pas non plus tenu d’être originaire du pays qu’il représente. Jacques Becker est français de naissance et originaire de Champagne-Ardenne, assez loin de la cité-état des Grimaldi qu’il représente. « Mon prédécesseur avait décidé de démissionner, trop pris par ses activités professionnelles. Il a pensé que j’avais les qualités et le temps, pour faire un “meilleur” consul honoraire que lui, aussi dans sa lettre de démission il a proposé ma candidature. Après étude, ma candidature a été acceptée. Cette nomination par les Services de Monaco a été envoyée, pour agrément, au Ministère canadien des Affaires Etrangères à Ottawa. Il y a eu enquête sur ma personne puis j’ai reçu l’agrément des autorités canadiennes pour être le consul honoraire de Monaco à Vancouver. »
Son champ d’action est un peu plus limité qu’un consul de carrière. Pour des pays comme l’Allemagne, l’Italie, les Etats-Unis etc…, le titre de consul général confère la responsabilité et la supervision de toutes les questions, dont les affaires commerciales qui n’entrent pas dans le champ d’action de son homologue honoraire.
Le système est alors celui du « donnant-donnant », car nommer un consul honoraire bénévole est un excellent moyen de réduire les coûts de fonctionnement. D’autant, qu’il faut bien l’avouer, c’est aussi un moyen pour le consul choisi d’accéder à quelques privilèges et mondanités vancouvéroises. Par exemple, si l’immunité diplomatique ne fait pas partie des avantages, les différents cocktails et soirées sont assez répandus. De même, les plaques d’immatriculation consulaires permettent d’éviter les frais de stationnement, une véritable aubaine ici.
Une aventure peu ordinaire
Mais attention, le quotidien n’est pas toujours de tout repos comme l’explique Jacques Becker « Il s’agit d’aider les éventuels ressortissants monégasques étant en difficulté, répondre aux questions qu’ils se poseraient. Mon rôle est de promouvoir la Principauté dans ma circonscription mais aussi répondre aux demandes de Canadiens projetant de visiter Monaco, notamment sur la nécessite de visa, pour le loisir ou les affaires. Dans l’autre sens, je dois répondre aux demandes monégasques (officielles ou privées) sur l’économie, le tourisme, l’environnement, en Colombie-Britannique et Alberta. Je dois enfin être en mesure d’accueillir et assister les représentants officiels de Monaco lors de visites à Vancouver, et dans l’Ouest.»
Une aventure parfois pour ces personnes issues de la vie civile et qui ne connaissent pas toujours l’étiquette appropriée aux visites officielles « Le Prince Albert II est ainsi venu quelques jours au début 2009 pour une Conférence sur le Sport et l’Environnement, puis une nouvelle fois plus longuement en 2010 pour les J.O d’Hiver. Ce fut une découverte et une expérience pour moi sur toutes les questions de protocole, de sécurité et de déplacement lors de la visite d’un Chef d’État. »
Loin des paillettes, Wilma King-Bennett, la consule honoraire de Jamaïque marque aussi son attachement au poste « Ma famille et moi avons fait de Vancouver notre maison il y a 17 ans et c’est dans cette ville que je tiens à mettre en œuvre des initiatives pour favoriser la croissance et l’expansion de notre culture jamaïcaine. Mais c’est en rencontrant la communauté, en écoutant les idées et en travaillant ensemble que cela sera concrétisé. »
Quelque soit le titre du consul, partager une culture et venir en aide aux ressortissants, c’est finalement ce qui importe.