L’année 2013. Nous y voilà. Après avoir évité de peu la fin du monde le 21 décembre dernier, nous sommes entrés, de peine et de misère, dans la treizième année de ce millénaire. Je m’étais, à ma manière, bien préparé, au cas où les Mayas savaient de quoi ils parlaient.
Si je devais plier bagage, me suis-je questionné avant l’arrivée possible du désastre, que devrais-je emporter avec moi dans mes valises ou, à défaut, dans mon balluchon ? Je me suis dit: « Si tu vas au paradis, tu n’as besoin de rien. Tout est fourni. Tout est, en principe, gratuit. L’hôtel, la nourriture, les transports ne te coûteront pas un sou. Peut-être qu’il faudra payer pour les cigarettes, car, si j’en crois Serge Gainsbourg, Dieu fume uniquement des havanes. De chez Castro sans doute. » De plus, me suis-je encore dit: « Ton linge sera plus blanc que blanc et tu pourras toujours te plaindre à Saint-Pierre si quelque chose ne va pas. Il est là pour arranger les choses et doit sans doute s’occuper de la blanchisserie en plus d’avoir la responsabilité de ton bien-être ». Donc côté paradis j’étais couvert.
Par contre, tout est devenu compliqué lorsque j’ai envisagé la possibilité d’aller en enfer. L’idée de passer par le purgatoire ne m’a même pas traversé l’esprit. Ce qui prouve que j’en ai peu diront les mal-pensants. Là, ai-je encore pensé: « Battons l’enfer pendant qu’il est chaud. Profite de l’occasion. Explore. Ce n’est pas tous les jours qu’il nous est permis de passer une saison en enfer. Toutefois tu ne peux pas arriver les mains vides, sinon tu vas te faire chauffer les oreilles. »
J’avais donc prévu d’emporter avec moi une poignée de dollars avec quelques dollars de plus, car j’imagine que le personnel dans ces parages doit être plutôt du genre corruptible, facile à soudoyer. J’avais de même envisagé de prendre quelques merguez et guimauves pour les faire griller sur un bon feu en compagnie de Lucifer et de ses cohortes. « Au diable l’avarice, » me suis-je répété avant le départ pour le chemin qui ne mène pas à Rome. Je pensais aussi prendre un extincteur. Mais, un pompier m’avait prévenu : l’appareil sera refusé aux portes de l’enfer. Pour faire plaisir à mes futurs hôtes (ou hôtesses, car j’imagine que l’enfer sans femmes ce serait vraiment l’enfer), j’ai cru bon de porter mon T-shirt favori sur lequel est inscrit ce message de Huis clos : l’enfer, c’est les autres. J’étais donc prêt à toute éventualité. Mais voilà, nous sommes tous là pour en témoigner, l’apocalypse n’a pas eu lieu. Tant mieux. J’avais encore quelques problèmes à régler avant de rejoindre l’au-delà qui, vu d’ici, n’est pas si haut de là.
Enfin 2013, nous y voilà. Déjà cette année me donne des frissons. Ce n’est pas une année comme les autres. 2013 me préoccupe. C’est le chiffre 13 qui m’incommode. Je ne suis pas superstitieux, mais on ne sait jamais. Ceux qui le sont ont peut-être raison de l’être. Pensez-y. Une année comprend 12 mois et non 13. Ça vous oblige à réfléchir. Vous ne trouverez pas de treizième étage dans un immeuble. En fait il est là, mais on l’omet. Personne n’habite au treizième étage. Vous ne verrez jamais le chiffre 13 dans un ascenseur. Alors pourquoi n’avons-nous pas sauté 2013 pour passer directement à 2014 ? À bien y penser, sans qu’on nous le dise, aucune autorité n’oserait l’admettre, la superstition existe parmi les plus hautes instances. Comment expliquer le peu d’évènements marquants susceptibles de dominer cette année 2013 ?
J’ai beau regarder dans ma boule de cristal, reçue en cadeau pour les fêtes, je ne vois rien de spécial à l’horizon. Comme tout bon chroniqueur qui se respecte, mais qui n’inspire pas nécessairement le respect, je crois qu’il est temps que je me risque à faire quelques prédictions pour l’année qui s’en vient. Les autres le font. Pourquoi pas moi ? Après tout, j’ai fait mes preuves. J’avais prédit que je ne gagnerai pas au Loto en 2012. J’ai donc gagné. Alors s.v.p. faites-moi confiance. Poussez-vous un peu que je puisse prédire en toute sérénité. J’ai besoin d’une bonne dose de concentration… Je prévois donc pour les élections provinciales qui doivent se tenir au mois de mai prochain une victoire sur le fil du chef de file des… Attendez… Ça y est… C’est pas possible! Ma boule de cristal s’est cristallisée. Je ne vois plus rien. Dommage, j’étais bien parti. Je dois avoir la scoumoune. 2013, vraiment, une année qui me fait peur. Une année treize à craindre.
Pour comble de malchance et couronner le tout, il va falloir dorénavant vivre sans nos « pennies ». Et l’on voudrait que je sois heureux. Bonne année quand même.