Je souhaiterais par ces quelques mots réagir à la chronique « verbatim » du 8 au 22 janvier 2013. Je veux croire que ce texte maladroitement écrit se voulait juste être une réflexion entre deux façons de percevoir et vivre la politique. Si tel n’était pas le cas, ce grand déballage de généralités stéréotypées, révélant une ignorance crasse et une incompréhension totale des Canadiens, renforcerait alors une autre série de stéréotypes : celui du français arrogant, imbu de lui-même, prenant son pays comme point de référence pour porter des jugements, souvent à l’emporte-pièce, sur tout ce qui diffère.
Je me permets de prendre le contre-pied de certaines affirmations dans l’ordre du texte. Tout d’abord il existe de très bons quotidiens au Canada, dont le Globe & Mail pour ne citer que celui-ci, qui couvrent amplement et de façon informative l’actualité internationale. Idem pour l’internet. Il est cependant vrai que les quotidiens canadiens, fidèle au respect des autres, ne forceront pas le lecteur « à se forger un avis » et par suite logique à porter un jugement forcément partial et incomplet.
Si vous connaissiez mieux les Canadiens, vous sauriez que ce sont des gens discrets et respectueux des opinions différentes. À ne vraiment pas confondre avec un manque de convictions ou un excès de politesse. Contrairement à l’approche française très semblable à un éléphant dans un magasin de porcelaine, ils attendront de mieux connaitre leur interlocuteur avant de les accabler de certitudes non discutables. J’utilise ces termes car les fameux dîners qui se transforment en débat politique sont plutôt vus, de l’extérieur, comme des échanges d’invectives suite à une incapacité d’accepter des divergences d’opinions. Quant à la supposée mobilisation constante des Français, cette contestation permanente, jamais suivie d’initiatives; presque toute la planète la considère plutôt comme du « chialage ». Le résultat semble confirmer cette vision puisqu’aucune réforme profonde n’a aboutie ces 25 dernières années et que ce droit de grève, si souvent érigé en dogme, a été utilisé à répétition pour préserver des privilèges. On est très loin de l’esprit révolutionnaire vanté dans les derniers paragraphes de cette chronique! Et puisque l’on parle d’histoire, je souhaiterais rappeler que Louis XVI a été exécuté (le terme est encore assidûment débattu par les historiens) le 21 janvier 1793 et pas en 1789…
À tous cela, les Canadiens anglophones comme francophones, préfèreront une approche plus discrète et surtout moins conflictuelle en privilégiant une série d’initiatives locales « grassroot », dont le mouvement environnemental provient. Cette approche reflète une vision très différente du rôle du gouvernement où l’on n’attend pas les directives d’en haut mais où la base saisit l’initiative à une échelle qu’elle peut maîtriser. Le mouvement autochtone actuel idle no more en est un bon exemple.
Rendant à César, ce qui appartient à César, je concède à l’auteure que la lassitude des citoyens face aux élus qui oublient très vite leurs promesses électorales, est plus forte au Canada qu’en France.
Cependant, abstenons nous de juger les autres parce qu’ils ne font pas les choses comme nous! Il n’y a pas de culture et de système politique qui s’y rattache qui soit meilleure ou pire qu’une autre. C’est juste une façon différente de percevoir et de faire les choses. Ce sont ces différences qui rendent le monde plus intéressant!
Merci
Ryan de Bellefeuille