La trudeaumanie, vous y croyez ? C’est ce qu’on essaie de nous vendre et de nous faire avaler ces temps-ci. En fait, selon moi, il n’y a pas de trudeaumanie. Il y a une trudeaumanipulation. Le parti libéral fédéral, à la recherche d’un nouveau leader, tente de nous faire croire que le prochain messie canadien ne serait nul autre que Justin Trudeau. Ce fils à papa bénéficie du soutien, pour le moment, dans sa course au leadership, de presque un tiers du caucus libéral.
Né le 25 décembre 1971, Justin doit croire au Père Noël et penser qu’un jour il deviendra, tout comme son père avant lui, Premier ministre du Canada. Et le jeune député en question, qui ne vaut pas un P.E.T. (Pierre Elliott Trudeau) estime, tout comme son entourage, qu’il a de bonnes chances de l’emporter. Un récent sondage, celui d’Angus Reid, tenu début janvier, lui donnerait raison. Non seulement, il aurait de grandes chances de remplacer Bob Rae, l’actuel leader par intérim, mais, toujours selon ce sondage, il serait favori devant les conservateurs et le Nouveau Parti Démocratique (NPD). Je n’en reviens pas. Je n’arrive pas à comprendre d’où vient ce taux de popularité. Qu’a-t-il accompli pour se mériter un tel statut ? À part avoir enseigné à l’école de West Point Grey Academy et à l’école Winston Churchill à Vancouver, qu’a-t-il à afficher à son palmarès ? Son curriculum vitae n’est pas très impressionnant. Il ne plaide pas beaucoup en sa faveur.
Comparé par exemple à l’astronaute et ingénieur naval Marc Garneau, son adversaire le plus susceptible de le battre pour la course au leadership, Justin Trudeau, bien qu’il ait souvent l’air d’être dans la lune, n’a été dans l’espace que lors de son parachutage dans la circonscription de Papineau à Montréal. La manœuvre a eu lieu sans danger. Le parachute s’est ouvert sans encombre. Justin a atterri confortablement sur un siège de député à Ottawa où, à l’exception de quelques maladresses et bévues, il ne fait pas trop parler de lui. « Ne fais rien, ne dis rien, ne risque rien » semble être son mot d’ordre. On entendrait presque parler les trois singes de la sagesse.
Mais, et je reviens là-dessus, qu’est-ce qui pousse les gros légumes du parti libéral à parier sur Justin Trudeau pour détrôner Stephen Harper ? Le nom, sans doute, pour commencer. Il ne faut pas oublier que feu papa Trudeau a été désigné, lors d’une enquête menée par la CBC, troisième personnage le plus populaire de l’histoire du Canada. Il a terminé derrière Tommy Douglas et Terry Fox. Tel père, tel fils, doivent penser les supporteurs de Justin Trudeau. Pour eux la pomme ne tombe jamais trop loin de l’arbre. Son grand-père maternel lui aussi a fait de la politique. Voilà la couleuvre que les pontes du parti essaient de nous faire avaler. C’est donc, selon moi, aller un peu trop vite en besogne.
La politique, heureusement comme chacun le sait, n’a rien à voir avec la génétique. Le droit divin ne s’applique pas dans son cas. Et puis, P.E.T. avait fait ses preuves avant de se lancer en politique. Il avait bourlingué, exploré le monde. Il avait aussi fait ses classes. Il avait été, entre autres, ministre de la Justice dans le gouvernement de Lester B. Pearson. À comparer, Justin a du chemin à faire avant d’arriver à la cheville ou au nombril de son père.
À ma connaissance, son grand exploit, jusqu’à ce jour, demeure son combat de boxe contre un sénateur, Patrick Brazeau, qu’il a battu sans difficulté dans une lutte puérile. À l’exception de ce haut fait d’arme médiatisé, je ne vois pas ce que ce prétendant à la couronne du parti libéral peut bien nous apporter. Il est, selon ces dames, assez séduisant. Si l’on veut. Il possède un certain charme. Je n’en doute pas. Sa ti-gnasse impressionne. Et pourquoi pas, pendant qu’on y est. Mais alors, si ce sont là ses principaux atouts, qu’il devienne mannequin ou encore qu’il auditionne pour remplacer Brad Pitt dans son prochain film.
Sa célèbre eulogie, délivrée en l’honneur de son père, dans la grande cathédrale de Montréal, a mis en évidence son talent. Il a le sens du tragique. Ses trémolos dans la voix, digne des grandes tragédies grecques, auront toutefois peu de chance de passer à la Chambre des communes sans friser le ridicule. Mais sur les planches ou au cinéma, cela conviendrait mieux.
Bien sûr, vous me direz, il ne faut jamais se fier aux apparences. Ce jeune homme de 41 ans a peut-être quelque chose qu’à première vue, on ne perçoit pas. Peut-être qu’il cache encore sa substantifique moelle. Si c’est le cas, il ferait bien de la dévoiler le plus rapidement possible. Les Canadiens ont besoin de savoir à qui ils ont à faire. Sinon le 14 avril, date du vote pour la chefferie, le parti libéral, en l’élisant, risque de nous livrer un beau poisson d’avril.
En effect. Le manque de substance est effarant. Et la division du vote qui va en résulter: effrayante…
M. Zajtmann, écrire “Il a le sens du tragique.” en parlant de l’allocutoin de JT aux funérailles de son père ne vous vaudra aucune indulgence au ciel, même pour une chronique supposément et généralement humoristique c’est un coup bas.
Tant qu’au combat, puéril, j’en conviens, que JT a gagné, pas aussi facilement
que vous le laissé croire, nous devons lui accorder, que partant perdant, il
s’est sérieusement entraîné en espérant que la bouffonnerie ne soit pas
couronner de ridicule.
Vous vous demandez pourquoi un joli visage, une lignée célèbre, un discours
mièvre plairaient au peuple et bien pensez à la fascination aussi incompréhensible pour nous, éclairés de ce monde, pour le prince Andrews et sa Kate.