Imaginons un instant que vous organisiez un grand évènement, salon ou festival. Les invités ont répondu favorablement, les premières places ont été vendues, la salle réservée, le traiteur commandé. Mais voilà, votre évènement se déroulera principalement en français, et vous vous trouvez présentement dans une province où la langue de Molière est minoritaire. Autour de vous, il y a des ads, des newspapers, des TV shows, mais bien peu de médias francophones, ou en tout cas, pas suffisamment pour vous donner la couverture dont vous avez besoin.
C’est le défi auquel font face les structures francophones de l’Ouest canadien. Défi qui s’inscrit d’ailleurs dans un paradoxe. Pour toucher le maximum de monde sur les évènements francophones, il faut communiquer en anglais. C’est ce que nous explique Souad Yassin, coordinatrice de projets à la Société francophone de Maillardville (SFM) qui organise un des évènements majeurs de la francophonie de l’Ouest, le Festival du Bois. « Sur les 15 000 personnes que nous attendons en moyenne au festival, 63% des participants sont anglophones. Pour les atteindre, la seule solution est de passer par les médias de langue anglaise. C’est comme cela que l’on attire la plupart des francophiles qui ne nous connaissent pas. Il ne faut pas croire que nous organisons nos évènements seulement pour les francophones, au contraire, il faut attirer les gens. A nous pour leur faire découvrir notre culture. »
Pour cela, la SFM s’est tournée vers la chaine de télévision Global BC qui couvre le festival. Sa responsable des relations publiques, Amney Amery, résume ainsi la politique de sa chaîne « Notre travail, c’est avant tout d’informer, et de distraire les gens. Pour cela, nous couvrons toutes sortes d’évènements communautaires. Nous sommes très heureux de travailler avec le Festival du Bois, parce que comme souvent, c’est aussi l’occasion d’attirer et d’intéresser de nouveaux annonceurs. Cela fait quatre ans que nous travaillons avec le festival, et comme ça marche bien, nous sommes impatients de recommencer. » Une synergie qui semble donc plutôt bien fonctionner. D’un coté de la diversité, de l’autre une large couverture audiovisuelle sur la province.
Pour d’autres médias, comme le journal Tri-City News, la collaboration est tout simplement naturelle, « En tant que journal communautaire, nous nous intéressons à tous les évènements qui ont lieu dans les villes que nous couvrons (Port Moody, Port Coquitlam et Coquitlam, ainsi qu’Anmore et Belcarra ndlr) quelle que soit la langue. C’est notre politique depuis les années 80, et nous allons continuer. D’ailleurs, les organisateurs du Festival du Bois nous ont contacté pour être un de leurs commanditaires. »
D’autres organismes francophones utilisent aussi les médias anglophones pour communiquer. L’Antenne du Québec à Vancouver par exemple, est en rapport avec CBC et le Vancouver Sun lorsqu’il s’agit de parler d’économie ou de politique. Il en va de même pour le Conseil scolaire francophone dont les communiqués sont systématiquement traduits en anglais.
Parfois, il n’y a tout simplement pas le choix. L’Association des francophones des Kootenays ouest par exemple, n’a pas eu le choix pour communiquer sur les évènements qu’elle organisait. Elle a été obligée de nouer un partenariat en anglais avec les journaux locaux.
Pour survivre en français, il faut communiquer en anglais. N’est-ce pas là le signe d’un manque ou d’un vide à combler ?
Francophone du mois
Louis-Paul Salley, Avocat
Originaire du nord ouest de l’Alberta, d’une famille de fermiers français arrivée au Canada il y un siècle exactement, ce diplômé de l’Université de l’Alberta vient travailler à Vancouver pour un gros dossier en 1968. Il tombe amoureux de la ville et s’y installe immédiatement. Il passe plusieurs années dans différents cabinets vancouvérois, puis se tourne vers une carrière dans le monde des affaires. En 1985, il revient vers le droit et réintègre une grande firme. En 1995, il fonde avec trois associés son cabinet actuel Salley Bowes Hardwardt Law Corp, et se spécialise dans le droit minier et énergétique. Il est l’un des très rares spécialistes francophones de ce type de droit.
Etrange quand même que CBC soit incapable de couvrir ce qui se passe en français par ici. Un autre signe d’un manque ou d’un vide à combler ? Excellent article incitement. Combien commenteront le manque ou vide à combler?