La Journée mondiale de la Femme que Vancouver s’apprête à vivre le 8 mars prochain est aussi une occasion de regarder ce qui se passe du côté des hommes. Pourquoi ne pas s’intéresser à la condition masculine dans un milieu souvent jugé féminin. Ce milieu, c’est la danse classique. Le ballet, comme elle est aussi appelée, n’est pas qu’une activité artistique. C’est aussi un loisir auquel on attribue de nombreux clichés.
Si la souplesse et la grâce sont considérées comme des qualités essentiellement féminines, les danseurs masculins peuvent eux aussi atteindre un haut niveau de perfection. D’un autre côté, la danse classique est une activité aujourd’hui perçue par le plus grand nombre comme très efféminée. Du coup, peu nombreux sont les hommes qui décident de s’y lancer. Pour preuve, un jeune danseur âgé de 17 ans croisé dans les couloirs du Harbour Dance Centre, confie timidement : « j’avais une mauvaise perception du ballet à cause des stéréotypes qu’ont les gens ».
Pourtant, l’histoire de la danse nous enseigne que les hommes ont toujours été des acteurs essentiels de la discipline. La souplesse masculine n’a d’ailleurs rien à envier à celle des femmes. Les ballets intègrent des hommes depuis leurs origines et ce n’est que récemment que ces dames y ont acquis une place aussi importante.
Les origines d’un cliché
Le manque de temps et la pression croissante de la société sur les hommes ont détourné ces derniers des activités très exigeantes comme les ballets. Les femmes sont restées seules à bord, et ont donc naturellement façonné la discipline à leur image.
Les mouvements techniques tels que le grand écart, la mise en exergue de la poitrine ou les pointes sont autant de facteurs ayant contribué à la féminisation radicale du ballet. Cependant, si l’on en croit Mirma Zagar, directrice du Dance Centre, un studio de danse classique de Vancouver, « le ballet a toujours été l’affaire des hommes. »
Courroucée par l’idée reçue selon laquelle les hommes pratiquant le ballet ne seraient pas de vrais hommes, elle martèle sans cesse : « c’est un manque de culture et d’ouverture. »
La perception du ballet varie d’une culture à une autre, et en particulier à Vancouver, la cité de la diversité.Ici, il n’est pas rare de constater que le ballet a la cote aussi bien chez les hommes que les femmes.
La danse traduit en effet l’atout de disposer de son corps et d’en avoir la maîtrise. A ce titre, les relais d’opinion à l’instar des médias, des structures familiales et des écoles, ont un grand rôle de sensibilisation à jouer dans la société afin de promouvoir cette vision.
Une discipline sportive
La ville de Vancouver est bien connue pour sa culture sportive notamment le hockey ou l’athlétisme.
La danse n’échappe pas à cet engouement pour le sport. Aujourd’hui, bon nombre de studios de danse accueillent en grand nombre des hommes qui portent un intérêt particulier au ballet.
Selon Pamela Rosa, directrice du Harbour Dance Centre, à Vancouver depuis 1984, les hommes viennent désormais en masse se renseigner sur le ballet. à la question « qu’est-ce qui explique un tel engouement masculin autour du ballet ? » Madame Rosa répond : « Les hommes sont de plus en plus en plus attirés par le ballet parce qu’ils veulent entretenir leur corps et se maintenir en bonne condition physique. » Ici, ce qui est visé c’est moins le côté ludique du ballet que la dimension utilitaire.
En outre, la diversification des types de danses dans les studios et leurs prix très bas incitent de nombreux hommes à s’y mettre. D’ailleurs, une responsable de Vancouver International Dance Festival, Barbara Bourget rappelle : « si le ballet a, en ce moment, autant de succès chez les hommes, c’est parce qu’en pratiquant d’autres danses comme le breakdance ou le hip-hop, ils découvrent le ballet par la même occasion. »
Ainsi, aussi surprenant que cela puisse paraître, le ballet a bonne presse à Vancouver en milieu masculin. Dans le même registre, d’autres types de danse comme le belly-dance, souffrent encore de beaucoup de clichés et de caricatures vis-à-vis des hommes qui s’y adonnent.