Voici, en offrande, le deuxième Épître de ma brève série consacrée à la papauté. Petit rappel des faits sans effets. Depuis le 28 février dernier, l’Église catholique vit sans pape. Plus de 1,2 milliards de fidèles se retrouvent donc, du jour au lendemain, orphelins. Leur père spirituel les ayant brutalement abandonnés. Pas de « sous-pape » de sécurité, sorte de vice-président (et j’insiste sur vice) pour le remplacer.
Le monarque temporel de l’État du Vatican, le successeur de Saint-Pierre, père de l’Église catholique romaine, le chargé d’affaires de Dieu sur terre, en a eu assez de faire de la représentation pour ce fonds de commerce. Les fidèles, ces bons croyants, n’en n’ont pas cru leurs oreilles. Leur foi, cette fois, j’imagine, a été ébranlée. Leur calvaire toutefois ne devrait pas être long. Si l’on en croit les potins en provenance du Vatican, tout sera mis en œuvre afin d’élire un nouveau pape avant le début de la Semaine sainte. Il faut un pape avant Pâques, nous dit-on. Les cloches qui doivent se rendre à Rome pour les fêtes ont besoin d’être accueillies en grande pompe.
Stephen Harper, le Premier ministre du Canada, devrait en profiter pour les accompagner. Anxieux, désespéré, son programme énergétique battant de l’aile, il pourrait apporter avec lui un échantillon de pétrole brut, et non d’eau bénite, provenant des sables bitumineux de l’Alberta, dans une bouteille, en guise de cadeau qu’il remettra au nouveau pape si ce dernier veut bien lui accorder une audience à titre d’apôtre du capitalisme sauvage.
Mais, nonobstant cette dérive, je me demande comment se déroule la sélection du pape alors que le collège des cardinaux se réunit en conclave ? Comment se passe leur réclusion en attendant de choisir l’heureux ou le malheureux élu ? Quel genre de campagne électorale a lieu au sein de ces lieux saints ? Est-ce que le lobbying est admis ? Quel type de tractation se permet-on pour obtenir les faveurs d’un cardinal ?
Si je devais briguer les suffrages de toutes ces éminences, je me verrais bien soudoyer quelques prélats en leur disant : « Si tu votes pour moi, je te prêterai ma papamobile » ou encore « vote pour moi et je te file mes pompes rouges pour dire la messe ou aller au bal ».
D’autres questions me viennent à l’esprit. Je ne suis d’ailleurs pas le seul à me les poser. Par exemple, quel genre de pape veut-on ? Un Européen ou bien, pour changer, un Latino-américain? Certes un Africain conviendrait très bien mais, pourquoi pas un Québécois après tout?
Devant cet embarras du choix et face à toutes ces éventualités, au cas où l’on me demanderait mon opinion, ce qui ne risque pas d’arriver, je réponds sans hésitation: Messieurs des quatre points cardinaux réunis en conclave, surprenez tout le monde. Choisissez un pape de la Papouasie. Un pape papou peut bien « paper », non ? Allez un peu de courage. Déconstipez l’Église. Et cessez de chercher des poux dans la tête d’un pape papou.
Autre préoccupation: aurons-nous un pape conservateur ou libéral ? Nous le saurons prochainement, une fois que la fumée blanche sortira de la cheminée de la chapelle Sixtine. Si elle dégage de surcroît une odeur de « pot », nous saurons que l’Église s’en va dans la bonne direction.
Dernière réflexion, qui touche à la fonction du pape
Que peut le pape ? Quand on y pense, le pape a tout, d’où son surnom, attribué à un impie, le Papatou. Le pape a tous les pouvoirs. Le pape a tous les droits. Le pape a tous les privilèges. Le pape a tous les soucis. Le pape a tout pour lui. Le pape a tout, mais, génuflexion faite, quand on y repense à deux fois, le paparien ou plutôt le pape n’a rien. Le pape, à ce que je sache, n’a pas de salaire. Il n’a pas de compte en banque. Il n’a pas d’enfants. Ni de femme, en principe. Ni de patron, sauf Dieu. Ni d’amis non plus, sans doute. Ainsi un Papatou n’a rien du tout.
Maintenant, si vous me le permettez, j’aimerais passer à confesse. Je manque, je l’avoue, de courage. Je me suis permis, gentiment je crois, de m’adonner à une caricature éhontée de la papauté. Je l’ai fait sachant très bien que je ne mettais pas ma vie en danger, comme cela aurait pu être le cas si je m’en étais pris à une autre religion. J’espère n’avoir insulté personne et ainsi obtenir, non pas une fatwa, mais le pardon et la bénédiction du futur nouveau pape. Amen.