La rubrique Espace francophone s’intéresse aux acteurs de la francophonie en Colombie-Britannique. Cette semaine, trente-six ans après que le gouvernement de la province ait reconnu aux francophones le droit d’éduquer leurs enfants en français, nous nous intéressons à la Fédération des parents francophones de C.-B. (FPFCB)
Fondée en 1979, la fédération a commencé par défendre les droits de 232 élèves avant de prendre son essor dans les années 80. En 1983, c’est la naissance de la première école strictement francophone à Vancouver, l’école Anne-Hébert. Forte de ce succès, la fédération entame, en 1988, les démarches auprès de la province qui aboutiront en 1997 à la création d’un acteur majeur de la francophonie dans la province, le Conseil scolaire francophone (CSF). Aujourd’hui, le CSF c’est 37 écoles accueillant plus de 4700 élèves dans toute la province.
En 2013, la fédération rassemble 44 associations de parents d’élèves dont 15 associations préscolaires. Elle est particulièrement active dans la gestion des centres pour la petite enfance, en particulier avec les pré-maternelles et les garde-ries. « Lorsque les enfants sont très jeunes, l’apprentissage de la langue est optimal durant cette période de leur vie. Nous gérons une vingtaine de structures d’accueil pour la petite enfance. Il faut un contact avec le français avant même d’arriver à l’école, sinon l’enfant prendra le français en langue seconde. » explique Marie-Andrée Asselin, la directrice de la fédération. Elle insiste particulièrement sur l’importance qu’il y a à se définir très tôt comme francophone, tant pour les enfants qui viendront renforcer la communauté, que pour toute la famille. « Les recherches le montrent, c’est vers l’âge de 2 ou 3 ans, pendant l’acquisition du langage, que l’enfant doit entendre parler français, d’où l’importance de ces services. »
Sur un autre registre, la fédération s’occupe aussi des parents d’élèves face aux multiples difficultés qu’il y a à vivre en français dans un milieu minoritaire. Marie-Andrée Asselin nous donne l’exemple suivant : « Souvent, nous organisons des ateliers et des évènements pour les aider à élever leurs enfants en français. Par exemple, dans de nombreux couples, les parents ne parlent pas la même langue. L’un est anglophone, et l’autre francophone, ce qui mène souvent à des situations délicates. En particulier quand le conjoint anglophone ne parle pas français. » La fédération essaye ainsi d’impliquer les parents, y compris les non francophones, dans l’éducation en français de leurs enfants.
Un autre programme, nommé Personne n’est parfait, invite les parents à s’interroger sur des termes qui les concerne, comme la discipline avec les enfants, le développement langagier ou encore les relations de couple. Mais ce programme ne s’arrête pas là. Tout le processus de découverte de la société et des relations avec autrui fait ainsi l’objet d’une grande attention. Quels seront les avantages à éduquer mon enfant en français ?
Que faire à l’arrivée des frères et sœurs ? Et si l’un des conjoints a déjà d’autres enfants, mais anglophones, comment gérer la situation ?
La FPFCB est aussi connue pour son soutien aux actions en justice initiées par les parents d’élèves, comme dans le cas de l’école Rose-des-vents de Vancouver à la fin d’octobre 2012. « Vivre et étudier en français est un droit garanti par la chartre des droits et libertés de 1982 » rappelle Marie-Andrée Asselin. Pour cela, la fédération se bat becs et ongles, et collabore avec le CSF sur la plupart des dossiers qui finiront devant les juges. Cet aspect est bien intégré dans la culture de la fédération, car « c’est grâce à ce militantisme des parents qu’on a obtenu le droit d’avoir et de gérer nos propres écoles ».
Aujourd’hui, son combat penche vers les services de transports pour les élèves. « Le système actuel ne prend pas en compte nos réalités, c’est là-dessus que nous concentrons maintenant nos efforts ».