Quatre ans après sa création en 2009, la Société historique francophone de Colombie-Britannique (SHFCB) s’apprête à poser les jalons de son action sur les cinq prochaines années. Pour cela, elle s’en remet à ses adhérents à qui elle a soumis un questionnaire de satisfaction.
Né sur les cendres de l’ancienne Société historique franco-colombienne disparue il y a une vingtaine d’années, la Société historique francophone de Colombie-Britannique (SHFCB) est aujourd’hui en première ligne pour faire perdurer le souvenir du fait français en Colombie-Britannique. La société créée en 2009 a d’ailleurs obtenu un mandat provincial pour l’aider à mener à bien sa mission éducatrice. Dans le cadre de sa planification stratégique, la SHFCB a choisi de sonder ses adhérents à travers un questionnaire qui leur a été adressé par courriel. «Après quatre ans d’existence, nous sommes en train de concrétiser notre présence au sein de la communauté francophone, explique Maurice Guibord, le président de l’association. Nous avons envie de savoir si nos membres sont en accord avec la direction que prend l’association car les décisions que nous allons prendre vont décider de nos cinq prochaines années d’existence».
Les soixante adhérents sont ainsi invités à se demander si l’association constitue toujours un organisme important dans la communauté, à lister ses forces et ses faiblesses ou encore à définir ses priorités pour l’avenir. Les réponses devront être communiquées avant le 30 avril au Conseil d’administration de l’association qui décidera ensuite de la planification stratégique à mener.
Une année critique
Cette décision de consulter les membres à travers un questionnaire envoyé par courriel, a fait naître malgré elle une polémique lorsqu’un de ses membres s’est publiquement déclaré en faveur d’une consultation en ligne.
Réjean Beaulieu, estime en effet qu’une «consultation en ligne via les médias sociaux» appor-terait au débat «la crédibilité d’un organisme essayant de son mieux à se mettre à jour pour communiquer avec sa base, l’engager et agir de façon plus redevable devant les bailleurs de fonds».
Maurice Guibord, le président de la SHFCB rétorque qu’il n’est pas opposé à l’avenir au principe d’une consultation en ligne si le nombre d’adhérents augmente. Pour l’heure, il estime que le traditionnel courriel est le meilleur moyen de communiquer avec les membres de la société.
«Cette année est une année critique pour l’association qui va devoir à la fois rétablir son bureau dans la Maison de la francophonie de Vancouver mais aussi faire des demandes de subventions,» annonce Maurice Guibord. Il se félicite du chemin parcouru par l’association depuis qu’elle a repris le flambeau laissé par la Société historique franco-colombienne. Bien que disparue elle laisse un héritage précieux aux nouveaux gardiens de la mémoire du fait français dans la province. «Nous avons hérité de deux cents caisses de documents sans compter la bibliothèque, précise le président, historien de formation. Notre mission désormais est de rendre accessible au public tout ces documents qui ne l’étaient pas jusqu’ici. Nous voulons que les Canadiens-francais de Colombie-Britannique se réapproprient leur histoire».
Reserrer les liens avec les universités
Pour Maurice Guibord, le problème vient avant tout d’une méconnaissance du sujet. «La présence francaise en Colombie-Britannique remonte à 1790 or elle est toujours très mal connue voire ignorée tant par la communauté francophone que par les anglophones,» souligne le président. Et pourtant il y a bien eu un fait francophone dans la province qui a trouvé son apogée lors de la ruée vers l’or en 1860. À l’époque, 65% des colons originaires d’Europe étaient francophones. Aujourd’hui, on retrouve encore la trace de près de 500 noms francophones à travers la province. Des lieux comme Victoria ou Kelowna étaient des villages francophones à l’origine…».
Afin de mener à bien sa mission, la SHFCB a multiplié en parallèle les liens étroits avec les diffé-rentes universités de la province et fait rentrer des professeurs d’histoire reconnus dans son conseil d’administration. Une manière de s’assurer une crédibilité supplémentaire.
Parmi ses membres émérites figure Nicolas Kenny, professeur d’histoire à SFU. «Beaucoup de francophones se sentent déracinés ici car leur histoire est mal connue et en même temps on assiste à un regain d’intérêt pour le fait français, les gens sont très curieux», remarque Nicolas Kenny, membre du Conseil d’administration de l’association. «Or un de nos objectifs forts est de faire le lien entre le monde de la recherche universitaire et le grand public afin de se donner les moyens de raconter cette histoire des francophones de Colombie-Britannique sur davantage de tribunes.»
Difficile de parler de “polémique” lorsque personne n’est vraiment au courant de cette consultation, que le diffuseur public n’a pas couvert, que le courrier du lecteur n’a pas été publié et que le post sur Facebook a suscité un gros 5 cliques de lecteurs (sans rétroaction). Pas facile de raconter les histoires sur davantage de tribune ou de “Faire vivre le fait français en C.-B.”…