À Ottawa, le gouvernement vit ses moments les plus difficiles depuis son élection. Quant à Justin Trudeau les choses semblent aller assez bien depuis son élection à la tête du Parti libéral. En tout cas c’est ce que nous rapportent les sondages. Bon enfin, à la lumière des récentes expériences entre résultats prédits par les sondages et la réalité le jour des élections, on peut dire que la partie est quand même loin d’être perdue pour le Parti conservateur.
C’est vrai que son premier test électoral, le terme est généreux, a été couronné de succès. Plusieurs ont ainsi interprété le résultat de l’élection partielle dans la circonscription de Labrador, ravie par le Parti libéral auxdépens des conservateurs, comme le signe que le nouveau chef a déjà l’impact souhaité. Mais attention, autant une hirondelle ne fait pas le printemps qu’une élection partielle ne fait pas un gouvernement. Cette victoire dans le comté de Labrador est à prendre avec un grain de sel lorsque l’on considère que cette circonscription a historiquement eu une solide tradition libérale et que le député conservateur démissionnaire ne l’avait remporté que par 80 votes en 2011. ..
Ceci dit, le bateau conservateur fait face à une mer houleuse en ce moment. C’est probablement la plus longue période où le gouvernement conservateur semble avoir de la difficulté à être en plein contrôle de l’agenda politique. Voilà maintenant que, comble du désespoir, c’est le Sénat qui lui cause des ennuis.
Je suis convaincu que le Premier ministre ne peut s’empêcher de voir l’ironie dans le fait que c’est une institution qu’il a longtemps critiquée et ses nominations les plus remarquées qui viennent maintenant le hanter. Mais une fois la tempête passée, se pourrait-il qu’il ait maintenant une porte entre-ouverte pour convaincre la population canadienne que le temps est venu pour de sérieuses réformes de l’institution?
Je ne veux pas leur assigner des intentions machiavéliques, mais on sait comment le Sénat a toujours été dans la mire de la formation du Premier ministre. C’est depuis l’époque du Reform Party qu’il fait de la réforme du Sénat un cheval de bataille. Il a longtemps demandé son abolition. Et, à en croire les commentaires qui fusent de partout depuis quelque temps, il semble que le public se fait à l’idée, pas encore d’une abolition, mais à tout le moins de changements importants.
Autre ironie du sort, toutes ces histoires peu flatteuses sur le Sénat et ses occupants font la manchette au moment où le gouvernement annonce des mesures pour resserrer le contrôle de la performance des employés de l’État. On pourrait peut-être aussi appliquer cette approche au travail des sénateurs. Pour ce qui est des députés, leur performance est l’affaire de l’électorat qui a la responsabilité de l’ultime jugement.
Devant toute cette tourmente, Stephen Harper ne semble pas inquiet outre mesure. On peut le comprendre. Comme viennent de le démontrer les élections en Colombie-Britannique, deux ans est une très longue période en politique. Le prochain rendez-vous électoral n’étant pas prévu avant 2015 beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts d’ici là. Toutefois, il faut pour tout gouvernement faire attention que les embûches ne s’accumulent pas au point où l’électorat ne cesse de vous associer à la controverse.
Pour les conservateurs, on ne peut qu’imaginer que la période estivale loin des projecteurs de la Chambre des communes ne peut arriver trop tôt.