La Grande Bibliothèque au cœur de la cité

Bibliothèque de Vancouver | Photo par squeaky marmot, Flickr

Bibliothèque de Vancouver | Photo par squeaky marmot, Flickr

Il est 19 heures et malgré la pluie, une multitude de petits groupes d’étudiants sont assis en terrasses de cafés. L’ambiance se veut studieuse dans l’atrium vitré de la bibliothèque de Vancouver (VPL). Au milieu de livres d’apprentissage d’anglais, d’ordinateurs portables et de cahiers d’exercices, Chinois, Japonais, Grecs et autres étudiants se côtoient et échangent autour d’un café.

D’autres visiteurs se hâtent – un documentaire est sur le point de commencer dans la salle au sous-sol.

Avant la projection, quelques mots sont échangés même si le silence règne. « De par la nature de l’évènement, la projection de films est probablement l’un des programmes où il y a le moins d’interactions entre les gens, » affirme Sheila Maier, qui travaille pour la VPL depuis plus de 22 ans. « Mais si vous allez à un groupe de lecture, tout le monde se parle, et certains groupes se voient même après pour boire des verres! » ajoute-t-elle.

À compter du 3 juin 2013, la VPL prend les devants en intégrant la communauté au cœur de son service, qu’elle voit comme réponse à la menace d’hyper-accessibilité de l’information.

Et d’après le bilan favorable de la bibliothèque de l’année 2012, il n’y a pas de doutes que les Vancouvérois accordent une place de choix à l’institution, qu’ils voient comme un espace non seulement culturel, mais aussi social. En effet, malgré le déclin de l’industrie du livre, la VPL est loin de passer aux oubliettes. En 2012, 6,6 millions de personnes s’y sont rendues et 5,2 millions ont visité le site internet, représentant un total de 74% des Vancouvérois.

Malgré tout, dans ce siècle de l’information extrêmement mobile, les bibliothèques doivent se battre pour rester utiles en tant que service public, et s’adapter à une demande toujours plus pertinente du public.

La communauté, au cœur de la bibliothèque


Après une consultation du public de près de deux ans, la VPL lance un plan stratégique 2013–2015, un nouveau système de centralisation des données, des renseignements, de la programmation, et des ressources numériques.

« La bibliothèque passe par de grands changements, […] et il y a désormais une très grande écoute des communautés, » annonce Daniela Esparo, la responsable du service de programmation et d’apprentissage de la VPL, qui ouvre officiellement cette semaine. « La bibliothèque devient ambulante. Ce n’est plus l’usager qui se rend à la bibliothèque mais elle qui vient à la rencontre de l’usager. »

Et c’est à travers une programmation plus large, avec des cours et ateliers de tous niveaux que la VPL espère remplir son rôle.

En 2011, le nombre de programmes offerts à la succursale centrale a bondi de 11% et en 2012, environ 250 000 Vancouvérois ont pris part à près de 8000 programmes au total.

Et ce n’est pas seulement la soif de savoir qui regroupe les participants : « la bibliothèque, c’est aussi un lieu pour rencontrer des gens, » ajoute Esparo, qui se rappelle avoir vu des jeunes mamans avec leurs nourrissons parfois âgés de quelques semaines se rendre aux groupes de lectures pour enfants. « C’est un moyen pour elles de sortir de la maison […] et de commencer l’éducation. » Elle précise que les groupes de lecture sont extrêmement populaires.

La VPL étend ses services aux nouveaux arrivants également, puisqu’elle est désormais partenaire avec des organismes externes tels que Mosaic ou The Skilled Immigrant InfoCentre (SIIC). « Aider les immigrants dans leurs démarches de trouver un emploi est un moyen de les fidéliser sur le long terme, » explique Esparo, elle-même née au Venezuela de parents français.

Une diversité encouragée


En 2012, parmi les 10 millions d’articles empruntés, 1,2 million étaient en langues étrangères. La deuxième langue des ressources est le chinois mais 17 langues sont également disponibles. Et pour rester à jour, la bibliothèque réévalue son offre en se basant sur le recensement de la population tous les cinq ans.

« La VPL fait face à une audience multiculturelle, » affirme la professeure Caroline Haythornthwaite, directrice de School of Library, Archival and Information Studies à l’Université de Colombie-Britannique (UBC). « Ce n’est pas toujours le cas [pour les bibliothèques] donc dans ce contexte, elle est probablement différente des autres, » soutient-elle.

Même le personnel est formé en plusieurs langues. D’ailleurs, le service de programmation et d’apprentissage mise sur cette aptitude lors des recrutements puisque dorénavant, sont proposés au public des programmes en espagnol, français, mandarin et cantonais. « Si on peut l’offrir, pourquoi ne pas le faire ? » lance Esparo, qui parle couramment le français et l’espagnol, sa langue maternelle.

Des programmes pour un public plus éduqué


La responsable du service de programmation et d’apprentissage admet que si l’avènement d’internet a eu un impact sur les services proposés par l’institution, il en a aussi eu sur ses lecteurs.

Le niveau de culture générale de la population est en constante augmentation, parallèlement au niveau d’éducation, en particulier chez les aînés, plus qualifiés que jamais. « Quand j’ai commencé, il n’y avait même pas Internet. Aujourd’hui, ils viennent avec leurs ordinateurs portables. Vous savez, j’ai tout vu en 30 ans ! » souligne Esparo.

Les programmes sociaux auprès de cette génération sont extrêmement populaires et il faut parfois réserver une place des semaines à l’avance. Ainsi la bibliothèque se doit de régulièrement revoir le niveau de ses formations à la hausse.

Et les visiteurs qui en veulent encore plus pourront bouquiner en plein air à la bibliothèque puisqu’elle prévoit d’ouvrir son jardin sur le toit au public – en 2015.