Alors que notre nouvelle première ministre continue de sourire sans réserve et que le maire de Vancouver poursuit ses travaux à bicyclette, les Vancouvérois ont, de leur côté, sorti leurs sandales pour l’été. Bien qu’il ait beaucoup plu ces derniers temps sur la Côte Ouest, la véritable tempête se situe dans l’Est. Là-bas, fort loin de nous, c’est le temps des scandales et non des sandales. La commission Charbonneau n’étant qu’un faible exemple du malaise qui règne à l’autre bout du pays. Il faut se rendre en Ontario pour observer l’ampleur du désastre.
À Ottawa pour commencer, où le Sénat est sur la sellette. Un Sénat souillé où l’on assiste à des scènes malsaines. Les sénateurs voyous Mike Duffy, Patrick Brazeau, Marc Harb et la sénatriste Pamela Wallin, une collection d’oiseaux rares qui se sont faits un plaisir de nous plumer, ont créé une situation embarrassante pour Stephen Harper et sa bande de conservateurs.
Dans l’actualité de la politique fédérale, il n’est question que d’eux et de leurs abus. Des allocations de logement outrancières. Des remboursements douteux. Des cadeaux monétaires mirobolants, soi-disant de la part d’amis qui vous veulent du bien. Des transactions, des enquêtes, des rapports teintés de trafic d’influence et j’en passe. En fait, toute cette activité dans la capitale nationale ne contribue pas à nous donner une bonne impression de cette archaïque et désormais pas si noble institution. Le comportement déshonorable de ceux qui occupent un poste somme toute honorifique ne fait pas honneur au Sénat. Les répercussions de la mauvaise conduite de ces peu recommandables membres du Sénat nous obligent à remettre en question la valeur de cette chambre et surtout sa raison d’être.
Justin Trudeau, le chef du Parti libéral, pour des raisons purement d’intérêt personnel, pense qu’il ne faut pas toucher au Sénat. Le statut quo lui convient. On le comprend. Il fait son beurre au Québec. Pour ma part, sur la scène politique où ce théâtre sénatorial se joue, je ne vois que deux possibilités.
Scène A (1) : élection au suffrage universel des sénateurs au même titre que les députés du Parlement. Solution considérée par les conservateurs. J’y ajouterais un bémol : seules les personnes au chômage ou recevant le salaire minimum seraient éligibles et pourraient poser leur candidature pour siéger au Sénat. Ainsi tout excès ou fraude pourrait être compréhensible et donc automatiquement pardonné.
Scène A (2) à la sauce Mulcair: l’abolition totale et sans discussion. Cette solution a l’avantage de libérer de l’espace. La chambre pourrait alors servir de dortoir. Les visiteurs, de passage à Ottawa, viendraient dormir, tout comme le font actuellement les sénateurs, dans ce local devenu vacant. Petite différence : ils ne seraient pas grassement rémunérés.
Maintenant, si vous le voulez bien, quittons ce lieu peu recommandable. Restons en Ontario, nez en moins, afin de renifler ce qui se passe à la mairie de Toronto où le maire Rob Ford n’est pas sorti de l’auberge. À ce jour, je n’arrive pas à décider laquelle des deux affaires, celle des allocations de logement des sénateurs ou celle du leader suprême torontois, est la plus scandaleuse. Rob Ford, malgré les accusations qui pèsent sur lui, suite à l’existence d’une vidéo le montrant en train de fumer du crack, n’a, au moment où j’écris ces mots, pas encore craqué. Harcelé de toute part par les journalistes, il continue de nier. Avec l’aide de son frère Doug, il garde le fort. Ils sont forts les Ford. À eux deux, les frères Ford, vont de pair, en attendant de se faire la paire si jamais la situation devait se gâter. Mais pour le moment, sans preuve à l’appui, Rob Ford tient la route. Il est innocent avant d’être reconnu coupable.
Il faut dire que dans l’Est, le métier de maire n’est pas de tout repos. Pensez à Gilles Vaillancourt, maire déchu de Laval au Québec, accusé de gangstérisme. De toute évidence pas un saint. Et Gérald Tremblay, l’ancien maire de Montréal qui a dû démissionner suite à des allégations de corruption. Certainement pas un enfant de chœur. Et nos maires à nous dans l’Ouest, qu’en penser ? Pas grand chose à vrai dire. Le mien, à Vancouver, porte des sandales et circule à bicyclette. Il pédale dans le vide. Un vrai crack.