Les rumeurs entourant les remaniements ministériels me font toujours sourire. C’est qu’outre le premier ministre et un groupe très restreint de conseillers, personne ne sait qui aura l’honneur d’être invité à siéger au cabinet. Mais qu’à cela ne tienne, les pronostics en la matière servent à occuper nombre de scribes en ces jours d’été où les nouvelles politiques ont tendance à être plutôt rares.
Le résultat est que plusieurs s’activent à deviner qui fera partie du conseil des ministres. Autant au sujet de ceux qui devront laisser leur place que ceux qui feront leur entrée. Vous n’êtes pas les seuls à penser que d’être dans le second groupe est toujours beaucoup plus agréable. La réalité est que même ceux qui sont touchés par les remaniements ne l’apprennent habituellement qu’un jour ou deux avant l’annonce des changements. Donc, jusqu’au moment fatidique, les rumeurs ne sont que cela, des rumeurs.
Ceci dit, la plupart des observateurs s’entendent pour dire qu’un remaniement est dans les cartes. Rien d’étonnant. En fait, il se peut fort bien qu’au moment de lire cette chronique il ait eu lieu. Le gouvernement conservateur en est à la mi-chemin de son mandat et la période estivale est toute indiquée pour faire un état des choses et planifier les prochains mois. Même si les prochaines élections fédérales ne sont prévues qu’en 2015, le douze prochains mois seront cruciaux pour le gouvernement Harper. Une fois 2015 arrivée, son attention sera avant tout sur le rendez-vous électoral.
C’est pourquoi le remaniement qui se prépare sera important. Avec un printemps lui ayant causé plus de maux de tête qu’à aucun autre moment depuis son accession à la tête du gouvernement, du sang neuf à la table du cabinet est un bon antidote. De plus, outre quelques retouches, le cabinet actuel est sensiblement le même que celui assermenté en mai 2011 après que le premier ministre eût obtenu sa première majorité. Il est donc temps de brasser les cartes.
La préparation de ce remaniement est donc très importante pour le premier ministre. Elle demande sûrement une réflexion sur ceux et celles qu’il veut avoir sur les banquettes avant de la Chambre des communes pour reprendre le contrôle de l’agenda gouvernemental et battre en retrait la remontée des troupes libérales sous la férule de Justin Trudeau.
En fait, le tout aurait dû s’amorcer avec le Congrès national du Parti conservateur à Calgary, mais celui-ci a dû être annulé en raison des inondations qui ont frappé Calgary. Cela aurait été l’occasion pour le premier ministre de faire le point avec ses partisans et de tenter de tourner la page sur les derniers mois, et plus particulièrement sur l’affaire des dépenses au Sénat. Ce dossier a particulièrement irrité les membres de la formation.
Mais il y a quand même des montagnes que même un remaniement ne peut aider à surmonter. Le Québec me vient à l’esprit. Cette province continue de tourner le dos à Stephen Harper et son équipe. En fait, deux récents sondages donnent une idée de l’ampleur du défi.
Selon Nanos et CROP, le Parti conservateur n’arrive toujours pas à conquérir le cœur des Québécois. Ces deux maisons de sondage indiquent que l’opinion publique est en dessous de ce que le parti a obtenu lors des élections de 2011. Il faut quand même avouer que ce n’est pas cette province qui lui a permis de d’obtenir sa majorité. Il n’y a fait qu’élire que cinq députés.
On peut parier que le remaniement aura sans doute peu d’effet dans cette province. En effet, sur les cinq députés conservateurs du Québec, quatre sont déjà ministres. Peut-être verra-ton Maxime Bernier obtenir une promotion avec un poste de ministre en titre plutôt que son actuel rôle de ministre d’État. Ce ne serait pas une mauvaise idée puisque ce dernier reste populaire dans cette province.
Entretemps, plusieurs députés restent probablement près de leur téléphone en attente de l’appel du premier ministre. Comme à l’habitude dans ce genre de situation, plusieurs seront déçus.