C’est vrai que Vancouver est une belle ville, unique même, selon ses fans les plus ardents. Ce sont les vues spectaculaires des montagnes et de la mer qui impressionnent tant.
Toutefois dès que vous baissez les yeux, à hauteur de trottoir, vous ferez sans doute la même constatation qui se fait ailleurs dans le monde. Il y a des mégots de cigarettes partout. C’est une forme de pollution unique aux fumeurs, et qui se remarque de plus en plus aux endroits où ils se rassemblent pour en griller une…ou deux. La règlementation municipale interdit de fumer sur les terrasses, les parcs ou à la plage et impose une distance minimale de 6 mètres de toute entrée ou fenêtre par laquelle la fumée pourrait s’infiltrer dans l’immeuble.
Les fumeurs qui sortent en griller une quand ils sont au restaurant ou en boîte écrasent donc leurs mégots sur le trottoir, où ils s’accumulent. Vérifiez par vous-même la prochaine fois que vous passerez devant un restaurant, rues Robson, Davie, Denman, ou ailleurs. Regardez dans le caniveau, vous y verrez des mégots qui attendent la prochaine pluie pour flotter vers la bouche d’égout la plus proche et ensuite se retrouver dans la nappe d’eau, gorgés de toxine.
En fait c’est un problème double, puisqu’en outre des toxines qu’il contient, le filtre n’est pas bio dégradable. C’est une matière synthétique, qui comme les pochettes en plastique des supermarchés, prend un siècle pour se décomposer… D’où la motion d’Adriane Carr, conseillère municipale du parti Vert à Vancouver, incitant la ville à faire pression sur le gouvernement provincial pour qu’il mette sur pied un programme de recyclage de mégots, comme celui des bouteilles consignées. Le problème des mégots de cigarettes est aussi une préoccupation de la DVBIA, l’association des commerçants du centre-ville de Vancouver.
D’ailleurs, vous vous souviendrez peut-être de l’initiative d’un citoyen du West End, John Merzetti, qui le 16 juin dernier (journée sans auto) a organisé une cueillette de mégots. L’objectif était d’illustrer concrètement combien il y en a dans les rues. Résultat de son initiative : 60 000 mégots ramassés et recyclés en une seule journée.
Au delà d’un programme de consignation des mégots…on pourrait encourager les restaurateurs, tenanciers de bars ou autres cafés, à prendre l’habitude de faire le ménage sur leurs devants de trottoir, un peu comme chaque propriétaire à Vancouver est tenu de déblayer la neige devant son immeuble, sous peine d’amende. Comprenez-moi bien. Je n’encourage pas les amendes. Mais si un tel mouvement voyait spontanément le jour, il me semble que tout le monde y trouverait son compte. Il ne resterait qu’à recycler les mégots dans des contenants que les services de cueillette des ordures municipales ou privées, selon le cas, enlèveraient en même temps que les autres contenants à ordures.
Mais il y a encore plus simple, la cigarette électronique, qui est toujours interdite au Canada. Elle ne fait pas de fumée, elle ne fait que de la vapeur, n’a pas d’effets secondaires et ne fait pas de mégots.
D’autres fumeurs (et j’en connais…) ont déjà leur système de récupération personnelle. Il s’agit d’une petite boîte de métal qu’ils ont avec eux, dans laquelle ils déposent leurs mégots, puis en disposent une fois rentrés à la maison.
On a bien eu le mouvement contre les pochettes en plastique et les bouteilles d’eau, la consignation et le recyclage des bouteilles vides, et depuis peu, la collecte des ordures organiques dans les quartiers résidentiels. Pourquoi pas le recyclage des mégots de cigarettes?
Une fois les mégots recyclés, il ne restera qu’à trouver une façon de faire disparaître les boules de gomme à mâcher qui jonchent tous les trottoirs… Voici quelques statistiques : chaque année, il se vendrait plus de 15 600 tonnes de gomme à mâcher au Canada, dont à peu près 1000 tonnes pour la grande région de Vancouver… 250 tonnes pour la ville de Vancouver à elle seule!
Attention, ça colle!
En terminant et juste pour le plaisir de comparer, saviez-vous qu’à Singapour il est INTERDIT de mâcher de la gomme dans un lieu public, sous peine de se voir imposer une amende allant jusqu’à 825$…?
Et si vous visitez Paris, que vous êtes fumeur et que vous êtes pris en flagrant délit en train d’écraser votre cigarette sur la voie publique, vous êtes passible d’une amende de 50$. Les services publics parisiens estiment qu’en 2012, il s’est jeté 315 tonnes de mégots sur les voies publiques de la ville lumière.
Vancouver, ville verte?