Élevée dans une petite ville riche à majorité blanche dans le sud-est de la C.-B., je croisais rarement d’autres ethnicités ou cultures. J’allais souvent à Vancouver, mais sans jamais prêter attention à mon entourage multiculturel. Je n’en avais pas conscience.
Une fois le secondaire terminé, j’ai déménagé à Vancouver pour étudier à l’Université de la Colombie-Britannique. Ma décision et mon admission furent accueillies avec félicitations et questions sur mes ambitions. Ce qui m’a choquée furent les commentaires désobligeants de mes voisins et amis qui me demandaient comment je comptais faire ma place au milieu de ces « Asiatiques intelligents qui piquent la place des Canadiens ». Je n’ai pas répondu à ces remarques, mais je ne savais pas non plus trop quoi en penser.
En me baladant dans Vancouver, je pouvais voir et entendre toutes sortes de gens. Mais quand je suis entrée à UBC, je savais que j’interagissais avec le monde entier. J’ai rencontré un étudiant international chinois qui m’a raconté à quel point il aimait le Canada, tellement il y avait d’espace pour si peu de gens. J’étais stupéfaite. À mes yeux, Vancouver était une ville large et très peuplée, mais pour lui c’était une petite ville.
En plus d’une découverte culturelle, je me suis retrouvée minoritaire, étant une femme blanche dans le département de chimie, ce qui m’a poussée à réfléchir longuement sur le racisme et la discrimination subis par la communauté asiatique qui m’entourait. Je me suis d’abord demandée pourquoi les gens s’irritaient sur ces changements démographiques du campus. Et leur attitude a commencé à m’énerver. Alors que je prenais de plus en plus confiance en mes valeurs et croyances, j’ai réalisé que j’avais quelque chose à transmettre à ces personnes aux idées préconçues. L’Université consiste à éduquer les gens, pas seulement ceux qui y sont mais aussi les personnes de leurs entourages.
C’est donc ce que j’ai commencé à faire. De retour chez moi, si les gens me posaient des questions sur les Asiatiques lors du repas de Noël ou si je croisais des connaissances exprimant leurs préjugés, je leur disais trois choses clés. Le gouvernement paie pour subventionner l’éducation. Je souhaitais que les étudiants les plus impliqués et brillants obtiennent ces places. Deuxièmement, seuls les étudiants possédant la citoyenneté canadienne sont subventionnés. Les étudiants internationaux paient des sommes monstrueuses pour aller en cours. L’augmentation du nombre d’étudiants internationaux fait plus qu’accroître la diversité. Et dernièrement, je leurs expliquais que j’aimais rencontrer des gens aux parcours et aux cultures différents, que je m’en sentais enrichie, qu’ils m’apportaient plus que des notes sur un bout de papier.
Les variations de racisme et de discrimination existent au-delà des petites villes. De mon expérience personnelle, j’ai vu comment les interactions entre étudiants sont influencées par l’appartenance ethnique et les stéréotypes qui vont avec. J’ai une fois travaillé avec un collègue d’origine asiatique qui m’a dit : « Tu n’es pas vraiment blanche – tu travailles comme une Asiatique ». Un autre jour, un ami me dit : « Tu n’es pas comme une fille blanche – tu t’exprimes différemment ». J’en reste encore perplexe et ne sais comment réagir vis-à-vis de ces commentaires. Je sais qu’ils sont censés être des compliments sur ma personnalité, n’en reste qu’ils se basent sur ma couleur de peau. J’en conclus donc que mon éducation n’est pas terminée.
Notre communauté s’est trop focalisée sur l’origine ethnique qui remplit les bancs de nos universités, au lieu de se concentrer sur le genre de personnalités que nous souhaitons former à travers l’éducation. Vancouver a accepté de nombreuses cultures au sein de nos villes et écoles, mais elles ne sont pas encore totalement intégrées – une tache sur notre mosaïque culturelle. Vancouver et UBC m’ont enseignée la chimie, mais elles m’ont aussi démontré le besoin de s’exprimer et de débattre sur le racisme et la discrimination.
Traduction Anne-Sophie Loks