Si le charme de Vancouver ne repose pas sur ses rues pavées, ses façades vieillies par le temps ou ses immeubles d’époque, la ville a elle aussi une âme et son histoire à raconter. Tout au long du mois d’août, les associations engagées dans la préservation du patrimoine vancouvérois invitent les citoyens à la balade, dans les quartiers historiques de la ville. L’opportunité de leur faire apprécier des trésors insoupçonnés tout en les sensibilisant à l’avenir.
Engagement patrimonial
« Il est important de donner un sens à notre histoire, si récente soit-elle. L’histoire rassemble ce qui s’est passé hier, comme ce qui s’est passé il y a 200 ans », insiste Diane Switzer, directrice exécutive de la Vancouver Heritage Foundation.
Comme d’autres, elle suit les traces des mouvements locaux de conservation du patrimoine, à l’origine impulsés par les citoyens eux-mêmes : durant les années 50, un soulèvement citoyen avait ainsi permis de sauver de la démolition le spectaculaire manoir du XIXe siècle Craigdarroch Castle à Victoria.
Aujourd’hui, la Vancouver Heritage Foundation mène de front divers projets reliés aux représentations historiques de la ville et à son héritage, maillon de son identité. Consciente de l’importance de faire toucher du doigt la valeur des espaces à ses habitants, l’association mise sur des activités ludiques : tours à pied dans les vieux quartiers ou les maisons historiques de la ville, café au Marine Building ou dégustation de bière à Yaletown permettent de sensibiliser le public à la richesse du patrimoine qui les entoure, et aux enjeux d’avenir.
De son côté, la Heritage Vancouver Society travaille de concert avec des experts, des architectes et la ville de Vancouver pour influencer les décisions : « nous voulons encourager les développeurs à voir les choses différemment, à utiliser et valoriser ce qui existe déjà plutôt que détruire notre patrimoine », explique Janet Leduc, directrice exécutive de l’association. « Si la ville n’est plus que moderne, alors plus rien ne nous rattache à nos racines, à là d’où nous venons, à ce que nous sommes » souligne-t-elle.
Chaque année, l’organisme dresse une liste de dix bâtiments historiques menacés de destruction à Vancouver. Le bureau de poste central de la rue Georgia, modèle intact du patrimoine architectural moderne et point d’ancrage essentiel pour le développement urbain et culturel de la ville selon l’association, est aujourd’hui au cœur des débats.
Ancrage moderne
Andrew, Australien et charpentier de métier, n’en revient toujours pas. Arrivé il y a quelques mois seulement, il voit tous les jours de nouvelles offres qui correspondent à ses compétences sur les sites d’emploi : « les demandes de constructions sont très fortes, surtout pendant la période estivale : les gens profitent du beau temps pour bâtir ».
La ville semble en effet faire de la construction l’une de ses priorités. Diane Switzer confirme cette tendance. « Située entre montagnes et océans, la ville subit la pression du développement. Elle embrasse le changement, sans assez penser à son histoire. Il est aussi plus facile d’obtenir un permis de destruction qu’un permis de rénovation », soulève-t-elle, reconnaissant qu’un équilibre est à trouver entre évolution vers l’avenir et respect du passé.
Toutefois consciente de ces défis de conservation, la ville de Vancouver privilégie la pratique de la déconstruction à celle de la démolition : « c’est plus facile de réutiliser, recycler et récupérer les matériaux avec cette méthode » explique-t-elle sur son site internet. Parallèlement, elle poursuit son objectif de devenir la ville la plus verte au monde en 2020, encourageant les constructions nouvelles aux matériaux et designs plus « verts » qui participeront à réduire les émissions de gaz à effet de serre des maisons de 33%.
Quand restauration rime avec revitalisation
Au-delà de son implication historique, préserver le patrimoine de la ville influence la création de liens communautaires et ravive la vie de quartier. « La restauration d’un édifice peut être un élément catalyseur pour la revitalisation d’un quartier »,
commente Diane Switzer. La rénovation du Vancouver Hamilton Building a ainsi permis de recréer une atmosphère vibrante à cet endroit de la ville, un temps délaissé, tout comme le récent projet de dynamisation de Chinatown vise à attirer de nouvelles populations.
Janet Leduc cite également l’exemple du quartier de Strathcona qui, longtemps mis à l’écart, est aujourd’hui très préservé et l’un des plus cosmopolites de la ville.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit : restaurer les vieilles bâtisses pour leur donner une nouvelle jeunesse, sans pour autant rester bloqués dans le passé. « Les immeubles reflètent l’histoire sociale de notre ville. Il ne faut pas les conserver comme des musées, figés, mais leur trouver des usages nouveaux et modernes pour les intégrer à la mouvance de la ville », souligne Diane Switzer. La directrice de la Vancouver Heritage Foundation raconte d’ailleurs que de nombreuses entreprises modernes de hautes technologies en vogue, Pixar en tête, n’hésitent pas à établir leurs bureaux dans les vieux édifices du quartier de Gastown pour se donner une image positive.
Entre ancrage moderne et héritage d’un temps révolu, témoins de la nostalgie d’un passé récent mais bien présent ou moteur du vivre-ensemble, ses immeubles, comme ses habitants, révèlent à chaque coin de rue le caractère de Vancouver.
Plus d’infos sur les activités au mois d’août :
vancouverheritagefoundation.org
heritagevancouver.org