Cet été, la 10ème édition du Forum national des jeunes ambassadeurs (FNJA) du Français pour l’avenir prendra place à Vancouver du 22 au 27 août. À cette occasion, 30 élèves en école secondaire, originaires de 9 provinces et 2 territoires, se rencontreront pour parler de leur vision du bilinguisme.
Initialement appelé le Projet Horizon, le FNJA a été lancé en 2003 avec l’idée de réunir des élèves de français langue seconde et de français langue maternelle pendant plusieurs jours afin d’élargir leurs horizons sur le bilinguisme officiel. Au fur et à mesure des années, il a grandi mais également évolué pour devenir aujourd’hui un programme phare du Français pour l’avenir.
Un taux de bilinguisme en diminution
L’idée de cette rencontre est simple : permettre à la jeune génération de partager ses expériences et discuter des défis et des avantages de parler les deux langues officielles du Canada.
L’enjeu est loin d’être anodin puisqu’en mai dernier, une étude sur l’évolution du bilinguisme français-anglais au Canada a été publiée par l’analyste Jean-François Lepage et Jean-Pierre Corbeil.
Elle révèle qu’au cours de la dernière décennie, le taux de bilinguisme de la population canadienne a légèrement diminué pour la première fois depuis 1961. Il concernait ainsi 17,5 % de la population en 2011 et, moins de 7% de la population de Colombie-Britannique.
Bien que le nombre de personnes bilingues au pays n’ait jamais cessé d’augmenter au cours des 50 dernières années, le taux de bilinguisme a légèrement diminué au cours des dix années précédant le dernier recensement. Ces deux résultats, en apparence contradictoires, s’expliquent par la baisse de l’exposition au français chez les élèves anglophones à l’extérieur du Québec, par une perte de rétention du français et par une hausse du nombre d’immigrants qui ne peuvent pas converser dans les deux langues. En effet, la part de l’immigration internationale de la population influe sur le bilinguisme.
Parallèlement, les jeunes anglophones de l’extérieur du Québec sont de moins en moins bilingues. Lors du Recensement de 1996, 15 % des jeunes âgés de 15 à 19 ans dont l’anglais est la première langue officielle parlée pouvaient soutenir une conversation dans les deux langues officielles du pays. Cette proportion a diminué à 14 % en 2001, puis à 12 % en 2006, pour se situer finalement à 11 % en 2011.
Pas de panique pourtant comme le rappelle Suzanne Aranda : « les demandes d’inscription aux programmes d’immersion en français et français langue seconde sont en hausse à travers le pays, et plus particulièrement en Colombie-Britannique. Au cours de la dernière décennie, le pourcentage des élèves inscrits aux programmes d’immersion en français a augmenté de près de 50%, passant de 4,9 à 8,1%. »
Leur passion pour la langue française est la preuve que le français est toujours très parlé au Canada, et que le bilinguisme officiel fait encore partie des vies de beaucoup de jeunes de cette génération.
Une deuxième langue aux avantages inattendus
Nombre des jeunes ambassadeurs présents à ce forum n’ont d’ailleurs pas le français comme langue maternelle mais ils ont été sélectionnés pour leur implication dans les activités parascolaires en français auxquelles ils participent ou qu’ils organisent dans leurs écoles ou leur communauté.
« Après avoir soumis eux-mêmes leur candidature (lettre de motivation, informations sur leurs études, lettre de recommandations), ils ont été choisis en fonction de leur passion pour la langue et de leur désir de partager, d’avoir un impact sur le bilinguisme. »
Au terme du FNJA, ils deviendront officiellement des ambassadeurs du Français pour l’avenir et aideront à la promotion de la langue française et du bilinguisme à travers le pays. Une fois de retour dans leurs provinces respectives, ils s’engageront à mettre en place des ateliers, des conférences et autres projets au sein de leur communauté pour faire évoluer le rayonnement de la francophonie au Canada.
Un rôle qu’Isaac Fox, étudiant à New Westminster semble prendre à cœur. À 16 ans, il fera partie des 30 jeunes ambassadeurs présents au Forum : « Dans un monde multilingue et interconnecté comme le nôtre, le bilinguisme nous permet de s’exprimer d’une manière plus puissante. »
Le jeune homme, qui pratique le français au quotidien, a trouvé une utilité inattendue à cette deuxième langue : « je parle le français à l’école mais aussi avec mes frères et sœurs quand nous discutons de plans en secret autour de nos parents anglophones. Je trouve aussi que le français peut-être utile quand je dois discrètement exprimer le mécontentement dans l’Ouest du Canada, » remarque-t-il malicieusement. Qu’on se le dise.
Forum national des jeunes ambassadeurs du Français
Du 22 au 27 août