La rubrique Espace francophone s‘intéresse aux acteurs de la francophonie en Colombie-Britannique. Cette semaine nous nous intéressons à Éric Lenger.
Depuis sept ans, ce DJ québécois fait danser la communauté francophone de Vancouver à l’occasion des nuits « C’est Extra Vancouver » qu’il a lancées. Organisées tous les deux mois au Backstage Lounge sur Granville Island, ces soirées dansantes attirent des centaines de personnes qui viennent se déchaîner au rythme des chansons francophones savamment choisies par le maître de cérémonie. Fidèle au poste derrière ses platines, Éric Lenger se prépare à entamer une nouvelle saison d’un concept qui fêtera sa 66ème édition le 7 septembre prochain.
À l’origine de ces soirées désormais bien établies, il y a un pari un peu fou. « À force de voir des gens sur la plage de Kitsilano qui se réunissaient pour parler en français, j’ai réalisé qu’il y avait un besoin de la communauté de se retrouver », raconte Éric Lenger. L’idée d’organiser une petite soirée dansante germe alors dans l’esprit de celui qui a déjà officié comme DJ dans les plus grandes boîtes de nuit à Montréal dans les années 90. Il organise l’évènement avec son associé d’alors, Martin Talbot. « On tablait sur une petite quarantaine de personnes et surtout on ne pensait pas le refaire, » explique le DJ. Le succès est pourtant immédiat. Le concept plaît et avant qu’il n’ait le temps de le réaliser, le duo travaille déjà sur la deuxième édition. « Le bébé a bien grandi depuis et nous avons dû rapidement déménager pour accueillir le public », se félicite Éric Lenger.
Depuis les soirées « C’est Extra Vancouver » sont devenues l’un des rendez-vous incontournables de la communauté francophone qui s’y rend en nombre pour danser sur des chansons francophones d’hier et d’aujourd’hui. « La grande majorité des francophones de Vancouver sont de passage et ils ont besoin de se réunir, de réseauter, de se rappeler des souvenirs… Ces soirées répondent à un besoin des gens », analyse Éric Lenger.
Au fil du temps la programmation a évolué et immigration oblige, au milieu des succès de la musique française ou québécoise se glisse de plus en plus de tubes venus tout droit des pays de l’Afrique francophones, dont les ressortissants sont de plus en plus nombreux à Vancouver. Parmi les valeurs sûres qui enflamment les pistes de danse on peut citer Stromae, Mika, les Cowboys Fringants, Patrick Hernandez, Michel Sardou ou Daft Punk. « J’apporte toujours ma touche musicale mais le public a aussi des demandes particulières et certains arrivent même avec des chorégraphies, s’amuse Éric. C’est vraiment un moment où les gens s’éclatent et il faut aller à une soirée C’est extra pour comprendre ce que c’est. »
Mais lorsqu’il n’est pas derrière les platines, Éric évolue dans un tout autre univers. Loin des stroboscopes et de l’ambiance festive des boîtes de nuits, c’est dans les rues de Kelowna que l’on a le plus de chance de le croiser sous l’uniforme de la Gendarmerie royale du Canada. Car Éric est avant tout policier. Une deuxième vie qui l’a amené à traquer de dangereux criminels au sein de l’escouade des crimes majeurs puis au sein de l’unité anti-terroriste. Il a également passé un an en Haïti en tant qu’instructeur de la police haïtienne puis au sein d’une unité anti-kidnapping à Port-au-Prince. « Ça change un homme », explique-t-il sobrement pour décrire l’expérience qui lui a beaucoup plu. Il espère d’ailleurs y repartir cette année. Et comme le DJ n’est jamais très loin du policier, la musique haïtienne est depuis en bonne place dans la programmation des nuits « C’est Extra Vancouver ».