Inside Out : Stories of Identity Project : Des sourires sur les murs d’école

Les écoles du Vancouver School Board (VSB) se préparent pour une nouvelle rentrée, avec dans leurs cartables, plein de nouveaux projets. A l’automne, on devrait voir des portraits d’écoliers en noir et blanc affichés sur les murs de plusieurs écoles du Grand-Vancouver.

Piloté par Angela Brown, mentor de l’antiracisme et de la diversité du VSB, le projet d’art collaboratif Inside Out : Stories of Identity Project vise à lutter contre les préjugés dans un esprit d’école et de communauté. Il offre l’opportunité aux élèves vancouvérois et à leurs familles de se sentir représentés en partageant leurs expériences, identités et histoires familiales, en mots et en images.

Art collaboratif

Le quotidien d’Angela est rythmé par la lutte contre les discriminations en milieu scolaire.

Elle travaille en collaboration étroite avec les enseignants pour les sensibiliser aux préjudices rencontrés par les élèves, les encourageant à se mettre eux-mêmes en situation d’exclusion ou de discrimination.

« Nombreux sont les enfants qui se sentent exclus, marginalisés » explique Angela Brown qui accuse la société et les médias d’en être en partie responsables. « Lorsque j’ai pour la première fois entendu parler du projet Inside Out, cela m’a tout de suite parlé ; j’y ai vu une incroyable opportunité de donner une voix et un pouvoir aux élèves et à leurs familles ».

Le projet Inside Out a déjà fait le tour du monde, récupéré par différents mouvements jouant d’imagination pour se l’approprier.Il repose toutefois sur une idée commune : afficher librement des posters géants de visages d’hommes et de femmes du monde sur la place publique, livrer des morceaux d’histoires personnelles pour donner un sens artistique à des messages forts. De l’espoir à la diversité, de la violence conjugale au changement climatique.

Comme d’autres, Angela s’est inspirée du projet initial mais l’a repensé pour l’adapter au milieu scolaire et à son objectif de souligner les différences. Culturellement riche, fort d’un réseau de 120 écoles éparpillées dans le Grand-Vancouver, le VSB s’est imposé comme un terrain d’expression idéal.

Honorer la diversité, cultiver les différences

Depuis quelques mois, élèves, enseignants et parents de l’école élémentaire de Strathcona expérimentent le projet. En plus du classique portrait en noir et blanc imprimé sur un poster géant, les élèves doivent y associer une histoire écrite sur un passage de leur vie, comme pour tenter d’expliquer l’origine de l’expression sur leur visage. « On devine leurs émotions sur les portraits, par un sourire, ou la lueur d’une peine dans leurs yeux », assure Angela Brown, qui avait d’abord dévoilé sa propre expérience de racisme afin d’encourager les élèves à témoigner.

« Nos ateliers confrontent les enfants à la diversité afin qu’ils l’honorent dans la vie de tous les jours, et sous tous ses aspects : l’ethnicité, l’âge, le genre, la sexualité, la classe. »

Grâce au succès du projet dans ces « classes pilotes », une dizaine d’autres écoles ont manifesté leur intérêt pour se lancer dans l’aventure Inside Out dès la rentrée.

Pour Angela, la grande force du projet repose aussi sur son ouverture et sa flexibilité : « Il incite à l’interprétation. Tout le monde peut choisir de participer, de partir du modèle existant pour y apporter des nuances ou des utilisations variées des portraits », explique-t-elle.

« J’aimerais créer une carte pour partager les initiatives de toutes les écoles participantes et construire des ponts naturels : les élèves de Vancouver Est pourraient comparer leurs histoires et portraits à ceux de Vancouver Ouest et y trouver des points communs, malgré les différentes vies qu’ils mènent, leur richesse ou leur pauvreté » anticipe Angela Brown.

Un projet à l’influence planétaire

Des éleves de l'école élémentaire Strathcona se sont facilement prêtés au jeu des portraits.

Des éleves de l’école élémentaire Strathcona se sont facilement prêtés au jeu des portraits.

Le champ d’action d’Inside Out ne se limite d’ailleurs pas aux écoles. Il a inspiré des groupes d’actions partout dans le monde, se relayant à l’échelle internationale pour crier leurs messages en images.

C’est l’artiste JR qui avait initié le projet en 2011, après avoir obtenu le convoité TED TalkPrize. Un million de dollars en poche, il avait alors une grande ambition, celle de changer le monde…Un pari en partie réussi, si l’on considère que son idée a rassemblé quelques 120 000 participants venus de 108 pays du globe, transformant ainsi Inside Out en phénomène planétaire.

Cet été encore, le projet sillonne les routes américaines de 20 villes, de Washington à San Francisco, pour créer un portrait du continent nord-américain autour de sa population immigrante. Partant du constat qu’il y a actuellement 11 millions de sans-papiers vivant aux Etats-Unis, le mouvement rappelle que derrière les chiffres existent de vrais visages, et des histoires uniques.

Enfin, pour ceux qui n’ont pas l’habitude de fréquenter les musées, Inside Out Project est aussi l’occasion d’assister à une exposition vivante qui s’installe dans les rues du monde et se dévoile, sans pudeur, aux yeux de tous.

http://www.vsb.bc.ca/district-news/vsb-schools-invited-participate-global-inside-out-project
http://www.insideoutproject.net