Qui veut voyager loin ménage sa monture ! Racine semblait voir loin, très loin, en avançant ces propos, puisqu’au 3ème millénaire ce vieil adage semble porter encore plus à réflexion et incite à y ajouter … « Et qui veut manger longtemps ménage la nature ».
C’est ce que la Coho Society crie haut et fort depuis trente-quatre ans. Cette société fondée par quelques hommes d’affaires à la retraite, affiliée à la Chambre de Commerce de l’Ouest de Vancouver, s’est fixée pour but de défendre l’écosystème de nos rivières, habitat précieux du salmonidé de la Colombie-Britannique. Confrontée à une dégradation écologique alarmante, elle met sur pied une action de levée de fonds, afin de ramener le saumon sauvage dans leur environnement naturel.
C’est ainsi qu’aurait débuté timidement ce mouvement qui a pris de l’envergure au fil du temps. Si la motivation était née, il fallait la croître. Heather Dunsford, ancienne membre du comité avance : « on a commencé par un petit barbecue qui, d’année en année, a pris de l’ampleur ». Aujourd’hui cet événement est le plus populaire en réunissant six à huit mille personnes au parc de Ambleside sur une journée ».
En effet, la Coho Society organise chaque deuxième dimanche suivant la Fête du Travail une journée de prise de conscience, d’activités et de réjouissances autour d’un barbecue annuel. Le 8 septembre prochain, fidèle à la tradition, la 35ème édition ouvrira par une épreuve de natation, le départ et la ligne d’arrivée simulant une boucle à proximité du totem du bassin de Capilano, l’endroit même où le Coho nordique et autres espèces indigènes des salmonidés ont dessiné le tracé migratoire pour élire leur habitat dans la baie du Ambleside. Activités de marche ou de course seront proposées à la suite de cette épreuve. Pour couronner cette matinée d’efforts, un énorme barbecue de saumon, incontournable attraction de la journée, sera proposé autour d’activités de divertissements et de spectacles.
Journée éthique et écologique
Cependant, pour dissiper toute controverse, Heather Dunsford insiste : le saumon est importé de l’Alaska, là où les bancs du poisson gisent en abondance.
« Nous nous assurons qu’il ne provient pas de nos ruisseaux, afin d’éduquer la population sur le cycle de vie du salmonidé. L’argent recueilli lors de la vente des repas sert à financer les projets de développement et de maintien d’un environnement sain dans nos rivières. La pollution et la dégradation de l’eau par les produits chimiques viennent décimer davantage la population du saumon sauvage, qui en a beaucoup souffert depuis le siècle dernier. » En effet, les salmonidés de Colombie-Britannique, en proie aux diverses maladies – poux de mer, pluies acides, pesticides et résidus chimiques tels que le cuivre et le zinc – sont étroitement menacés.
La Coho Society, qui a investi plus d’un demi-million de dollars dans les projets de réfections du système écologique, subventionne les projets d’abord validés par le comité. Les bénévoles doivent fournir des justificatifs de leurs programmes au niveau des équipements requis et soumettre un bilan quand les saumons commencent à revenir dans les ruisseaux.
La vérité sort de la bouche des enfants
Les projets éducatifs, notamment celui de la conscientisation sur la salmoniculture, jouissent d’une grande popularité. Des bassins à poissons sont disposés dans l’enceinte de plus de 50 écoles et les écoliers sont amenés à suivre l’évolution du cycle du salmonidé, du stade d’alevin jusqu’à celui du tacon. C’est au mois d’avril et de mai que sont relâchés les tacons dans les ruisseaux. Si ces moments d’émerveillement restent ancrés dans la mémoire des enfants toutes leurs vies, il s’agit aussi de ramener des messages aux parents en relatant les expériences vécues.
« L’adoption » d’un poisson est également devenu un programme populaire. Chaque printemps, la Coho Society s’associe aux gardiens des cours d’eau de Vancouver et met en place un stand d’adoption devant la grande bibliothèque de l’Ouest de Vancouver. Enfants, parents et souvent grands-parents reçoivent leurs certificats d’adoption et sont ensuite guidés par les étudiants bénévoles vers le Memorial Park où, munis d’un seau, ils choisissent un saumoneau du réservoir. Ces bébés saumon sont nommés par les enfants et relâchés dans le ruisseau Mcdonald. Tout au long du processus, les enfants sont dispensés d’un enseignement sur l’espèce des salmonidés.
Consciente du danger qui guette la salmoniculture dulcicole, la Coho Society invite la participation active de bénévoles afin de relever le défi de ramener le saumon sauvage en nombre croissant dans les rivières et les ruisseaux de la rive-nord. Heather Dunsford conclut : « ensemble, nous pouvons y arriver ».
Le poisson demeure la source protéinique pour 1.2 milliards de personnes par jour, sur les 7 milliards d’habitants qui occupent les 30 pour cent de la superficie de la planète. La gestion des ressources de la mer doit rester une préoccupation importante, alors que l’on sait que les pêcheurs rentrent de plus en plus souvent avec leurs filets vides et que les scientifiques avancent que durant les 60 dernières années, le stock de poisson a chuté de 90 %, avec pour raison principale la surpêche.
Coho Festival
8 septembre de 11h à 18h
Ambleside Park, West Vancouver