Nul ne sait encore si le 5000ème élève enregistré au Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSF) s’assiéra au premier rang ou près du chauffage. Une chose est sûre, il est espéré pour cette année. A quelques jours de la rentrée des classes, la structure créée il y a dix-huit ans s’attend en effet à une augmentation de la fréquentation de ses établissements de l’ordre de 6% grâce notamment à certaines nouveautés. De quoi lui permettre de peut-être atteindre cette barre symbolique et de conforter son rôle majeur au sein de la communauté comme en atteste Mario Cyr, le Directeur général.
La Source : Quelles sont les particularités de cette rentrée 2013 ?
Mario Cyr : Tout d’abord, je dois dire que nous accueillerons cette année un nombre record d’élèves avec près de 5000 élèves qui seront répartis dans les 37 écoles du Conseil scolaire francophone présentes en Colombie-Britannique. Nos élèves reflètent la diversité de la francophonie avec pas moins de 60 ethnies différentes représentées. L’ouverture de l’école maternelle Sophie-Morigeau à Fernie marque aussi un temps fort de cette rentrée. Cela bénéficiera à une quinzaine d’enfants francophones. Enfin, le vieil édifice de l’école des Pionniers de Maillardville sera remplacé par un bâtiment plus moderne capable d’accueillir les 560 élèves. Les travaux débuteront cet automne pour une durée de deux ans.
Y-a-t-il de nouvelles recrues au sein du corps enseignant ?
Vingt cinq nouveaux enseignants sont venus nous rejoindre. Comme c’est souvent le cas, la grande majorité d’entre eux sont originaires du Québec. Une session de 3 jours de formation leur a été dispensée à l’école Jules Verne de Vancouver. Il est important que nos professeurs soient sensibilisés au fait d’enseigner en milieu minoritaire, ce qui est rarement le cas de l’autre côté du Canada. Ils doivent pouvoir composer avec des enfants issus de familles multiples. L’approche pédagogique présente donc certaines différences. Une session sur les nouvelles technologies est également offerte dans la mesure où nos jeunes élèves se voient remettre une tablette numérique comme support pédagogique et que chaque élève de douzième année bénéficie d’un ordinateur portable fourni par l’établissement. Ces nouveaux supports changent la façon d’enseigner.
Qu’en est-il des préparatifs et du transport scolaire ?
Le personnel administratif œuvre présentement à l’inscription des élèves dans la base de données et à la création des classes et des horaires. Le transport scolaire est chaque année un défi puisque de nombreuses lignes changent régulièrement. Nous tentons d’offrir le meilleur service possible mais il faut savoir que nous sommes sous-financés par le ministère des Transports qui gèle les fonds depuis 8 ou 9 ans alors que dans le même temps le nombre de nos élèves a augmenté de 35% ! Nous dépensons donc chaque année 2 millions de dollars qui pourraient être utilisés ailleurs.
Quelles sont les services proposés pour la petite enfance ?
Six de nos écoles bénéficient du programme Franc Départ mis en place par le ministère de l’Éducation. Il a pour mission d’accueillir gratuitement les enfants francophones âgés entre 0 et 5 ans qui sont accompagnés d’un adulte et de favoriser leur socialisation en les invitant à participer à une variété d’activités en français. Enfin, notre projet Tiens moi la main vise à préparer les enfants en bas âge à l’entrée en maternelle grâce à des entrevues avec les parents.
Avec les changements apportés en avril1, est ce que le profil des élèves est amené à changer ?
Pas vraiment. Nous souhaitons garder notre identité et nous démarquer des écoles d’immersion. D’ailleurs, nous n’avons seulement reçu que 55 demandes de familles à cet effet pour 37 acceptations. A partir du moment où un des parents a acquis une bonne connaissance du français, que ce soit dans sa jeunesse ou dans son parcours, l’enfant peut être éligible. L’engagement à participer à la vie francophone est également un critère sur lequel nous nous appuyons beaucoup.
Quels sont les aspects sur lesquels le CSF met l’accent pour faire de l’école un centre de vie communautaire ?
La réussite identitaire fait partie de notre mandat. Nous nous attelons donc à créer un sentiment d’appartenance. Au niveau des écoles, cet aspect est abordé en conseil de classe. Les activités sportives provinciales organisées en partenariat avec le Conseil jeunesse francophone de la Colombie-Britannique vont aussi en ce sens, de même que les voyages pour les élèves en France ou au Sénégal. Nous faisons aussi appel à des experts en développement identitaire pour sensibiliser les parents.
Propos recueillis par Guillaume Debaene
1 Actuellement, en vertu de l’article 23 de la Charte des droits et libertés, un enfant ne peut recevoir une éducation francophone que s’il possède un parent citoyen canadien et dont la langue maternelle est le français. Par sa décision d’avril dernier, le CSF élargirait cet accès aux enfants dont l’un des parents est un citoyen ou immigrant et comprend et parle le français couramment ; ou si l’un de ses grands-parents citoyen ou résident canadien est de langue maternelle française ou qu’il ait été instruit en français.