C’est beau la mer ! Heureux que nous sommes à Vancouver, d’avoir accès à autant de plages qui bordent la ville. Quelle chance et quels choix ! Sunset Beach, English Bay, Second Beach, Third Beach, Kits Beach…Oh ! Mais attendez ! Au début du mois, Vancouver Coastal Health nous recommandait de ne pas jouer dans l’eau à Sunset Beach et Second Beach, deux des plus populaires et des plus achalandées de la ville, et Eagle Harbour à West Vancouver… parce que les analyses de routine, révélaient que la proportion de colibacille dépassait la limite de 200 par 100 mL, en d’autres mots trop de matières fécales présentes… Pourtant, Vancouver, contrairement à Victoria, ne déverse pas ses égouts directement dans la mer. Alors d’où vient cette matière?
Il semble y avoir plus d’une cause à cet effet : l’eau chaude de l’été, qui est plus propice à la prolifération de bactéries, plus d’humains et de chiens sur les plages, les oiseaux, entendre oies sauvages qui sont prolifiques en la matière, comme le savent tous ceux qui se promènent à pied le long des parcs, et dont personne ne ramasse ce qu’elles laissent tomber en abondance. Mais surtout et tout d’abord, selon le site du Vancouver Coastal Health, ceux parmi les plaisanciers qui sont assez irresponsables ou ignorants…ou les deux, pour vider leur réservoir d’eaux usées dans English Bay, ou ailleurs près des côtes au lieu de les faire vider à quai, comme la loi les y oblige.
Selon Transport Canada, il y a plus de 375000 bateaux de plaisance enregistrés en Colombie-Britannique, et comme la grande région de Vancouver compte à elle seule une trentaine de marinas et la moitié de la population de la province, vous comprenez tout de suite l’ampleur potentielle de la source.
Il y a bien une loi qui interdit la décharge de matière fécale dans la baie. En fait, la loi qui interdit le déversement en eau ouverte, est entrée en vigueur en juillet 2012. Elle oblige tous les propriétaires de bateaux équipés de toilettes, d’avoir aussi un réservoir d’entreposage pour contenir les eaux usées, qui ne doivent être vidées que dans une marina ou dans un établissement maritime doté d’un système de fosses à vidanger. C’est le même principe que l’on trouve à bord des véhicules récréatifs, dont il faut vider le réservoir dans une fosse que l’on trouve habituellement dans les terrains de camping ainsi équipés. Les amateurs de plein air n’ont pas le choix…n’est-ce pas ? Pas question de vider ça le long de la route ! Mais quand vous êtes dans English Bay, ou Howe Sound, ou Deep Cove, et que bon… qui vous surveille ? Et bien voilà. Personne!
Personne, pour le moment, parce que Transport Canada est en période d’éducation des marins de plaisance, après quoi elle délèguera la responsabilité de faire respecter cette loi, soit à la police de Vancouver, la GRC ou la Garde côtière canadienne, par exemple.Les Américains aussi ont une loi qui interdit le déversement près des côtes, mais ils ont aussi une loi qui interdit l’ouverture de la valve de déversement, ailleurs que dans une fosse à vidanger et comme ces valves ne peuvent être ouvertes que dans les dites stations, si la valve est ouverte en mer, c’est que vous êtes en infraction. Rien de semblable au Canada. Donc, impossible de savoir ! À moins d’être pris en flagrant délit, ou sans réservoir d’entreposage!
En fait il ne s’agit là que d’une partie des multiples sources de pollution causées par les bateaux de plaisance autour de Vancouver. La prochaine fois que vous passerez près d’une marina, regardez un peu dans l’eau, le long des quais. Vous verrez flotter à la surface les traces de solvant, de pétrole, de diesel, d’huile, de liquide de refroidissement et autres produits liquides d’entretien, tous indispensables au maintien d’une fière allure à tous ces bateaux.
Et quand vous aurez constaté de vos propres yeux, tout ce qui flotte à la surface, vous soupçonnerez comme moi, que les bateaux de plaisance, qu’ils soient à voile ou à moteur, (tous les voiliers ont un moteur de toute façon) constituent une des plus grandes sources incontrôlées de pollution des eaux au Canada…à la ville, comme au chalet!
Par souci d’aveux complets, j’avoue ici avoir été le propriétaire d’un bateau de plaisance pendant quelques années. Il était amarré à Horseshoe Bay. Il avait une allure normale pour un bateau de plus de 30 ans, et les marinas n’avaient pas de fosses à vidanger. Je l’ai vendu il y a près de 10 ans.
Il était un petit navire…